Conséquence de l'inflation ? La France connaît une augmentation des vols alimentaires...
Mes yaourts au lait de chèvre ont pris 10 % de hausse. Les fines tranches de poitrine fumée ne sont plus 12 dans le paquet, comme voilà un an, ni 10 comme à l’automne dernier, mais 8 ; pour le même prix, c’est-à-dire en « promotion » dans la tête de gondole, là où l’enseigne propose les bonnes affaires. La tablette de chocolat a perdu 50 grammes et le pot de crème fraîche a désormais le fond à mi-hauteur… moyennant quoi, on nous assure que l’inflation n’est que de 13,3 % sur les produits alimentaires.
Un chiffre, assure le ministère de l’Intérieur, en corrélation avec la hausse des vols à l’étalage : +14 % en 2022. En conséquence de quoi, « On antivole la viande, on antivole le poisson frais emballé », et bien d’autres choses. Et « ça, c’est nouveau, on ne le faisait pas il y a deux, trois ans », confiait le patron des « Mousquetaires » à Apolline de Malherbe le 9 mars dernier.
La viande et le poisson, mais pas que, comme on dit aujourd’hui, et voilà le dentifrice, les pâtes, la moutarde et le déodorant dotés d’une étiquette GPS. Car les nouveaux « voleurs » sont Monsieur et Madame Tout-le-monde – étudiants, retraités, jeunes parents… – qui courent après le nécessaire. Ainsi « les plaintes des magasins ont augmenté de 40 % pour les pâtes premiers prix, 34 % pour les légumes frais et encore de 15 % pour les produits laitiers ». On est loin du caviar et de la truffe. Et pour cause : si l’inflation alimentaire en France se situe dans la moyenne, à 14,5 %, les prix flambent sur les produits de base : riz (+27 % sur un an dans la zone euro), lait entier (+27 %), œufs (+26 %), pâtes (+20 %), pain (+17 %)...
Pour reprendre l’anaphore de Darmanin, « qu’est-il arrivé à l’Europe » pour qu’on doive y mettre la nourriture sous clef ? Un dossier du Monde nous explique en effet que le phénomène est général. Partout « les enseignes réagissent par une course à l’armement technologique antivol » et le chocolat ou l’huile sont parfois mis sous clef à côté des bouteilles d’alcool et des lames de rasoir.
À bien y regarder, il semblerait toutefois que le phénomène soit également lié à l’évolution de la société. En cause, notamment, la quasi-disparition des personnels de caisse au profit des caisses automatiques : facile, alors, « d’oublier » un produit au fond du sac. « Le vol est aussi l’affaire de petits gangs de rue, plus ou moins organisés, à la jonction entre trafics et pauvreté », nous dit-on. Exemple en Grèce où « il existe un réseau organisé sur le lait infantile. Coûtant une vingtaine d’euros dans les supermarchés, ces produits sont remis en vente sur des sites Internet ou dans de petites épiceries ».
Surtout, on s’aperçoit d’une proportion écrasante de toxicomanes parmi les voleurs. « Cela reste la première raison des vols. Quand quelqu’un est accro, il consacre tout son temps à récupérer de l’argent. Il vient tôt le matin dans les rayons, avant que la surveillance soit trop forte, s’organise pour revendre... »
Reste que les chiffres ne reflètent pas la réalité, car bien peu des vols font l’objet d’un comptage, encore moins d’un signalement ou d’une procédure. Généralement, c’est passé sous silence ou réglé à l’amiable. En France, « il faut qu’il y en ait pour plus de 80 euros de marchandise volée pour que la police se déplace », nous dit Le Monde. Au Royaume-Uni, c’est 200 livres (230 euros). Et devant la misère, le personnel ferme souvent les yeux.
Pour rappel, en 2022, les banques alimentaires ont accueilli en France 2,4 millions de personnes, soit trois fois plus qu’en 2011.
https://www.bvoltaire.fr/hausse-des-vols-alimentaires-leurope-met-la-nourriture-sous-cle/?f
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