mardi 25 juin 2024

ET SI ?

 Important. « Macron vient de créer un moment « Brexit » pour la France qui pourrait sortir de l’UE » selon Michel Barnier.

Source Insolentiae

Emmanuel Macron a conduit son pays au bord d’un « Frexit », a déclaré le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit.

Dans une interview accordée au Telegraph, Michel Barnier a déclaré : « Je regrette que dans mon pays, cet avertissement n’ait pas été écouté… à propos de l’immigration, de la sécurité, de l’autorité de l’Etat, et du respect et du développement des régions les plus pauvres du pays ».

Le premier chapitre des mémoires de M. Barnier a été écrit pour avertir que d’autres pays pourraient quitter l’Union européenne si les leçons du Brexit n’étaient pas tirées.

Peu après avoir quitté son poste de négociateur en chef du Brexit, il en a remis une copie à M. Macron. Mais trois ans plus tard, M. Barnier estime que le président français n’a pas tenu compte de son avertissement.

« Le premier chapitre a été écrit précisément dans l’esprit de ce qui pourrait se passer en France », a-t-il ajouté.

« Je suis convaincu que nous devons accorder une grande attention et un grand respect à ce que pensent les gens sur le terrain dans certaines régions très pauvres. C’est ce qui s’est passé au Royaume-Uni, expliquant une grande partie du vote sur le Brexit, et je pense qu’il pourrait en être de même en France. »

M. Macron a choisi de dissoudre le parlement et d’organiser des élections anticipées après que son alliance centriste a été battue par la droite dure lors d’un vote au Parlement européen au début du mois.

Il s’agit d’un pari extraordinaire de la part du président français dans l’espoir de battre le Rassemblement national de la droite dure de Marine Le Pen.

Si sa coalition libérale subit une nouvelle défaite embarrassante, il sera contraint de nommer un premier ministre issu d’un autre parti dans le cadre d’un accord connu sous le nom de « cohabitation », ce qui lui laissera peu de pouvoir sur les affaires intérieures alors qu’il lui reste trois ans de présidence.

M. Barnier, éminent conservateur pro-européen en France, a qualifié ce pari de « très risqué ».

« Il est toujours risqué de prendre une décision que personne ne comprend… en réalité, il est très risqué en France de prendre une décision que personne ne comprend », a-t-il déclaré.

« Nous devons être très prudents quant à ce qui pourrait se produire en France, comme l’élection de Mme Le Pen ou une nouvelle majorité absolue pour la droite dure.

Un récent sondage d’opinion réalisé par l’Ifop donne à Mme Le Pen une nette avance avec 34 % des voix avant le premier tour du scrutin le 30 juin, suivie par 29 % pour l’alliance de gauche hâtivement recomposée, le Nouveau Front populaire et les centristes de M. Macron avec 22 %.

Mais si le Rassemblement national termine victorieux comme prévu, Mme Le Pen cédera probablement le siège de premier ministre à son protégé de 28 ans, Jordan Bardella.

M. Bardella a déclaré cette semaine aux chefs d’entreprise qu’il réduirait les paiements du budget européen de la France de 3 milliards d’euros (2,5 milliards de livres sterling) si le Rassemblement national remporte les élections anticipées le mois prochain.

Un second sondage publié la semaine dernière par Toluna Harris Interactive a également prédit que le parti de la droite dure serait le grand vainqueur avec 34 % des voix.

Un troisième sondage réalisé par Opinion Way a placé le Rassemblement national à 35 % et l’alliance libérale de M. Macron à 20 %.

De nombreux contemporains pro-européens de M. Barnier ont rejeté la menace de l’euroscepticisme depuis le Brexit.

Mme Le Pen a cherché à atténuer sa rhétorique anti-UE « Frexit » ces dernières années dans le cadre d’un plan visant à rendre son mouvement plus acceptable pour l’électorat français.

La servitude européenne

M. Barnier a prévenu que la France ne devait pas se contenter de ses intentions eurosceptiques, même si elle a renoncé à ses promesses antérieures de sortir le pays de l’UE et de sa monnaie unique, l’euro.

« Je ne pense pas que Mme Le Pen et M. Bardella aient changé d’avis. Ils sont toujours anti-européens », a-t-il déclaré.

« Je me souviens de la première phrase de Mme Le Pen le soir du référendum au Royaume-Uni.

Elle a félicité les électeurs britanniques de s’être libérés de la « servitude européenne » et a ensuite qualifié le résultat du référendum de « moment le plus important depuis la chute du mur de Berlin ».

« Je n’ai jamais entendu Mme Le Pen dire qu’elle regrettait cette phrase ou qu’elle avait tort », a ajouté M. Barnier.

« Je pense qu’elle garde toujours le même état d’esprit… ma réponse est de dire – sans aucune forme d’agressivité, de revanche ou de satisfaction – regardez ce qui s’est passé au Royaume-Uni depuis le Brexit ».

Mais tout espoir n’est pas perdu pour M. Macron, les projections actuelles de Harris ne donnant pas au Rassemblement national une majorité globale à l’Assemblée nationale française, qui compte 577 sièges.

Lors des élections françaises, les candidats doivent obtenir 12,5 % des électeurs inscrits afin de se qualifier pour le second tour qui aura lieu le 7 juillet.

Alors que les conseillers de M. Macron craignaient d’être écartés de la majorité des seconds tours, les analystes politiques d’OpinionWay ont déclaré que les candidats de son parti avaient plus de chances que les socialistes de battre les candidats de la droite dure à ce stade.

Charles SANNAT

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