L’échec du coup d’État en Bolivie et la leçon pour Washington
Les méthodes de déstabilisation et de renversement des leaderships d’États réellement indépendants et pro-multipolaires ne fonctionnent plus pour les instigateurs des dites méthodes, en premier le régime étasunien. L’échec de la toute récente tentative de coup d’État en Bolivie confirme cette thèse et conforte l’idée que la minorité planétaire occidentale aura de plus en plus de mal à atteindre ses objectifs sur la scène internationale.
Il aura fallu que quelques heures pour que le gouvernement bolivien prenne entièrement les choses en main et mette fin à la tentative de coup d’État à son encontre. Le scénario du coup d’État de 2019 ayant conduit à l’éviction et à l’exil temporaire de l’ex-président du pays Evo Morales, l’un des principaux leaders progressistes et pro-multipolaires d’Amérique latine, n’a pas eu lieu cette fois-ci.
De manière générale, le président bolivien Luis Arce et l’ancien président Evo Morales, avaient rapidement appelé hier les citoyens du pays à se mobiliser pour s’opposer à la nouvelle tentative de coup d’État qui était en cours. Par ailleurs, le chef d’État bolivien a nommé très rapidement un nouveau leadership des forces armées nationales, qui après avoir prêté serment, a appelé les militaires engagés dans l’aventure putschiste à regagner les casernes, chose qui sera faite. Quant au principal exécutant de ladite tentative de coup d’État, le général Juan José Zuniga, il sera suite à cela rapidement arrêté. D’autres arrestations s’en suivront, notamment celle de Juan Arnez Salvador, chef de la Marine.
Maintenant et en termes de perspectives, il serait certainement nécessaire à noter plusieurs points importants. Tout d’abord sur le fait qu’il ne fait pratiquement pas de doute quant au donneur d’ordres de cette nouvelle tentative de coup d’État, qui ressemble d’ailleurs à tellement d’autres dans l’espace latino-américain. À cet effet, un bref rappel des événements de cette semaine en Bolivie.
Lundi 24 juin le ministère bolivien des Affaires étrangères convoque la chargée d’affaires de l’ambassade US afin de lui faire part du caractère inacceptable et du rejet par la Bolivie de l’interférence de Washington dans les affaires internes boliviennes. Deux jours plus tard, le 26 juin, la tentative de coup d’État a lieu. Ne laissant pratiquement pas de doute quant au commanditaire de ladite tentative. Avec comme résultat un fiasco pour le principal intéressé.
Deuxièmement, pourquoi la Bolivie ? Plusieurs raisons à cela. Faisant partie des pays de l’axe souverainiste et progressiste latino-américain, résolument engagé en faveur de l’ordre multipolaire international contemporain, candidat à l’adhésion aux BRICS, l’État plurinational de Bolivie a également une grande importance sur le plan géoéconomique, au moment où les géologues estiment que le pays a le potentiel de posséder pas moins de 23 millions de tonnes de lithium, faisant de la Bolivie la nation possédant les plus grandes réserves mondiales de cette ressource stratégique, nécessaire notamment à la fabrication des batteries, y compris pour les véhicules électriques.
Et comme déjà soulevé plusieurs fois par la propagande occidentale, le leadership bolivien privilégie le partenariat, y compris économique, avec la Chine et la Russie, et plus globalement avec les BRICS, dont il souhaite, comme déjà indiqué ci-haut à devenir membre. Choses qui déplaisent évidemment et si fortement à l’Occident. Il suffit de rajouter à cela l’opposition du pays à la politique néocoloniale de Washington sur la scène régionale et internationale, et toutes les raisons sont réunies pour que l’establishment US et ses valets aient cherché à faire tomber une nouvelle fois les autorités démocratiquement élues de Bolivie.
Dans tous les cas, la rage washingtonienne et de ses vassaux, représentant ensemble l’axe de la minorité planétaire et des nostalgiques de l’unipolarité, est plus que palpable, surtout dans le cadre des processus globaux du monde contemporain. En passant, l’ambassadeur US à Beijing n’a pas manqué tout dernièrement à accuser ouvertement la Chine de «s’être effectivement rangée du côté de la Russie dans la guerre en Ukraine», représentant selon ledit personnage une «erreur majeure».
Mais pendant que les représentants enragés de l’Occident expriment chacun à leur façon cette rage face aux événements propres à l’ère multipolaire contemporaine, il serait nécessaire de mentionner un dernier point important, en rapport avec le fiasco subi par le régime washingtonien en Bolivie, comme à d’autres endroits du monde. Car fort vraisemblablement, la CIA, comme le département d’État étasunien ou encore les structures Soros, n’arrivent toujours pas à apprendre la leçon du monde contemporain et des aspirations de la majorité mondiale.
Car pour pouvoir réussir un changement de pouvoir, il faut désormais disposer du soutien de la grande majorité des citoyens des pays concernés. L’Afrique et plus particulièrement la région du Sahel, l’a pleinement démontré, à savoir lorsque les forces armées marchent aux côtés des aspirations des peuples, et vice-versa lorsque les citoyens des pays en question apportent tout leur soutien aux militaires patriotes et panafricanistes. La pleine complémentarité de l’armée et du peuple. L’Alliance des États du Sahel, composée du Mali, du Burkina Faso et du Niger, en représente probablement aujourd’hui l’un des meilleurs exemples.
Quant aux méthodes washingtoniennes et occidentales d’un autre temps, dans la pure tradition des «révolutions de couleur» – le fait de miser sur une minorité vendue aux intérêts du petit monde occidental et entrainée à faire tomber à travers quelques actions coordonnées les autorités d’États souverains adhérant pleinement aux valeurs du monde multipolaire, n’apporte plus le résultat escompté aux forces obscures qui ne peuvent toujours pas accepter la réalité contemporaine. En l’occurrence qu’il n’y aura aucun retour vers le diktat d’une extrême minorité planétaire sur la majorité mondiale de l’humanité.
Mikhail Gamandiy-Egorov
Source : Observateur Continental
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