L’homme qui fabrique du pétrole
« Je n’ai rien inventé. J’ai simplement mis bout à bout trois procédés qui figurent dans tous les bons livres de chimie depuis plus d’un siècle », assure modestement Grégoire Kaplan. Dans sa résidence de Sandaucourt, ce docteur en géochimie vit une paisible retraite en observant avec un certain amusement, les gesticulations des révolutionnaires de l’énergie.
Leur chemin, ce Vosgien l’a déjà emprunté il y a 38 ans, au moment du premier choc pétrolier, en mettant au point un carburant produit avec n’importe quel déchet végétal : le carburant K. Son idée a été de récréer le mécanisme de genèses des pétroles. Ce que la nature a fait en transformant des matières organiques, l’homme doit pouvoir le reproduire, pense-t-il. Après quelque temps de recherches et d’essais, il parvient à transformer la cellulose des végétaux, en sucre par hydrolyse, puis en acides gras par fermentation bactérienne.
« Ensuite, j’ai appliqué le procédé mis au point par l’Allemand Kolb en… 1849 qui avait montré que sous électrolyse, les acides gras se transformaient en hydrocarbures saturés », explique Grégoire Kaplan.
Avec ce procédé, 4 kg d’herbes sèches donnent 1 kilo d’or noir, en moins d’une semaine ! Et surtout, le produit est parfaitement adaptable sur n’importe quel moteur à explosion. « Des études menées par un consortium de laboratoires co-financées par l’union européenne à hauteur de 9 millions de francs ont également montré que le process pouvait être industrialisé et que le produit était même plus stable que l’essence, issu de l’énergie fossile » raconte Grégoire Kaplan.
Un brevet déposé
Depuis 1973, l’homme a déposé un brevet pour cette invention, mais personne ne s’y est jamais intéressé.
Seule la ville de Concarneau a monté un projet pour traiter ses algues vertes. « Les banques étaient prêtes à suivre. Un groupe allemand s’était engagé à acheter le carburant produit, mais nous n’avons jamais trouvé un investisseur pour industrialiser le procédé » regrette Grégoire Kaplan.
Pourtant en 2002, une nouvelle étude avait montré que le coût de production de cette essence végétale était identique à celui de l’essence fossile.
A l’heure où le prix du carburant bat tous les records à la pompe, le carburant K devient donc à nouveau économiquement très intéressant. « Je suis toujours prêt à discuter avec des industriels » souligne l’inventeur qui se dit convaincu que le lobby pétrolier n’est pas totalement étranger au désintérêt manifesté pour sa trouvaille.
Jean-Marc TOUSSAINT
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