samedi 22 juillet 2023

REMANIEMENT

 LES GAGNANTS ET LES PERDANTS

  • Emmanuel Macron a enfin officialisé le remaniement gouvernemental.
  • Peu de changement, mais les entrées marquent l’arrivée ou la promotion de profils très politiques.
  • Plusieurs ministres donnés partants ont aussi sauvé leur place.

Ce n’est pas un nouveau gouvernement, nous sommes toujours avec « Borne I », le 43e gouvernement de la Ve République. Mais il y a donc quelques ajustements dans la composition de celui-ci. La Première ministre aurait, d’après certains journaux, préféré un remaniement plus large. La ligne présidentielle l’a finalement emportée. Revue de détail des entrées et des sorties.

Les gagnants et gagnantes

La plus grosse promotion est pour Gabriel Attal, qui devient ministre de l’Education nationale. L’actuel ministre du Budget, 34 ans, est l’enfant prodige du macronisme, avec une progression très rapide au sein du gouvernement depuis son entrée, comme secrétaire d’Etat, en 2018. Il faisait déjà partie des piliers du gouvernement, mais à une place assez lointaine dans l’ordre protocolaire. Son arrivée rue de Grenelle concorde un peu plus avec son statut politique. Autre gagnante : l’actuelle présidente du groupe Renaissance (RE) à l’Assemblée nationale : Aurore BergéElle a longtemps réclamé un portefeuille, elle l’a enfin.

Elle quitte néanmoins un poste très exposé pour un poste qui pourrait l’être beaucoup moins. Un choix qu’ont fait peu d’autres députés ou députées en vue et parfois annoncés au gouvernement. Néanmoins, avec Attal et Bergé, ce sont des profils très politique qui rentrent, ce qui tranche avec l’habitude macroniste jusque-là. Dans une moindre mesure, les entrées de Sabrina Agresti-Roubache, députée RE de Marseille, à la Ville, de Philippe Vigier, député MoDem d’Eure-et-Loir, aux Outre-mer, Prisca Thévenot, députée RE des Hauts-de-Seine, à la Jeunesse, Fadila Khattabi, députée RE de Dijon, aux Personnes handicapées, et de Patrice Vergriete, maire divers gauche de Dunkerque, au Logement, sont aussi dans cette veine.

Thomas Cazenave, député RE de Gironde, qui arrive au Budget, et Aurélien Rousseau, ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne à Matignon, à la Santé, ont des profils plus techniques mais avec une longue expérience des cabinets politiques.

Clap de fin pour Marlène Schiappa

Elle était là depuis le début, à l’exception de six petites semaines entre les gouvernements Castex et Borne : c’est la fin de l’histoire pour Marlène Schiappa. La désormais ex-secrétaire d’Etat chargée de l’Economie solidaire quitte l’exécutif complètement décrédibilisée, plombée par l’affaire du Fonds Marianne. Ce fonds, lancé pour « promouvoir les valeurs républicaines et combattre les discours séparatistes sur Internet face à la radicalisation en ligne » suite à l’assassinat de Samuel Paty, est pointé du doigt pour la légèreté avec laquelle ont été distribués ses 2,5 millions d’euros.

La société civile perdue

Un urgentiste, un éminent professeur, un directeur de la Croix-Rouge : trois de chute. Respectivement, François Braun à la Santé, Pap Ndiaye à l’Education nationale et Jean-Christophe Combe aux Solidarités sont remplacés par des profils très politiques. Ce changement marque la fin de la prime aux profils venus de la société civile, dont l’exécutif, et pas seulement, considère qu’ils n’ont pas été à la hauteur. Au final, ces trois départs sont tout sauf une surprise : ils étaient presque sur toutes les listes de départs. Isabelle Rome, chargée de l’Egalité femmes-hommes, c’est une petite surprise, perd sa place, alors qu’elle était soutenue par son secteur.

Le départ des invisibles

Les ministres issus de la société civile ne sont néanmoins pas les seuls à ne jamais avoir réussi à faire leur place. C’est le cas de Jean-François Carenco, préfet, ministre chargé des Outre-mer, dont vous apprenez peut-être le nom. C’est le cas aussi d’Olivier Klein, élu local de Seine-Saint-Denis issu du Parti socialiste. A la Ville et au Logement, il n’avait eu l’occasion d’émerger que pendant les révoltes en banlieue de la fin du mois de juin. Il avait été l’un des rares à avoir un discours d’apaisement concret, il était donc assez esseulé dans le gouvernement. Geneviève Darrieussecq, au gouvernement presque constamment depuis 2017, va aussi pouvoir redevenir députée MoDem des Landes.

Match nul

Elles étaient déjà au gouvernement mais changent de poste sans qu’on puisse vraiment dire s’il s’agit d’une promotion ou d’une rétrogradation. Bérangère Couillard, ex-députée RE de Gironde, jusque-là chargée de la Biodiversité, devient ministre déléguée chargée de l’Egalité femmes-hommes. Elle est remplacée à son précédent poste par Sarah El Haïry, ex-députée MoDem de Loire-Atlantique, jusque-là chargée de la Jeunesse.

Ceux qui se sont sauvés

Le maintien du ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester, critiqué pour ses bourdes pendant la réforme des retraites, est une vraie surprise. Un temps menacé, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, dont la performance est diversement appréciée, garde finalement son poste. Idem pour Éric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, qui fut un temps affaibli par sa mise en examen, et par son bras d’honneur à l’Assemblée en mars. L’épisode des émeutes liées à la mort de Nahel semble l’avoir remis en selle. Enfin, à un poste considéré comme prioritaire pour le gouvernement, Christophe Béchu reste ministre de la Transition écologique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire