La mise en garde à vue d’Alexandre Benalla, quelques jours après la conférence de presse d’Emmanuel Macron sur la Présidence Française de l’Union Européenne, et dans la foulée des premières opérations électorales, sonne forcément avec des accents très particuliers. On ne peut ici s’empêcher de rapprocher le timing de ces opérations avec l’affaire Fillon, où les accusations avaient plu au bon moment pour discréditer le candidat républicain et ouvrir la voie à Emmanuel Macron.
Garde à vue de Benalla : une odeur de barbouze
Resituons d’abord l’affaire dans son contexte. Du temps où Alexandre Benalla était chargé de mission (mais personne n’a jamais exactement su de quelle mission il s’agissait) à l’Élysée, un autre chargé de mission, Vincent Crase, dont nous avons détaillé le CV en son temps, avait créé une société de “conseil”, spécialisée dans les gros contrats de sécurité.
Personne ne sait exactement combien de temps cette société a agi dans l’ombre de l’Elysée, semble-t-il. Mais il est étonnant qu’un barbouze proche du Président ait proposé à Alexandre Benalla de fortes sommes pour protéger un oligarque russe. L’affaire est d’autant plus surprenante que, selon Alexandre Benalla, le contrat n’aurait duré que trois mois et aurait permis le paiement… d’une somme importante sans qu’aucune prestation ne soit délivrée, puisque le dit milliardaire n’a pas mis les pieds en France durant cette période.
Tout cela est trouble, et il est un peu surprenant, tout de même, que les proches d’un Président à la tête de l’un des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l’ONU aient des relations si proches et si lucratives avec un proche d’un autre chef d’Etat détenteur d’un siège. Autrement dit, qu’un proche de Macron soit employé par un proche de Poutine pose quand même une sacrée question diplomatique, voire de sécurite nationale.
L’étrange calendrier de la justice
Mais, ce qui intrigue dans ce dossier, ce n’est pas seulement le fond des relations entre Crase, Benalla, et l’entourage de Poutine. C’est surtout le calendrier que la justice choisit pour “faire parler” Benalla à l’occasion d’une garde à vue. Comme l’indique la presse subventionnée, en effet, le dossier donne lieu à enquête depuis près de trois ans. C’est au début de l’année 2019 que le Parquet s’est ému d’un contrat aussi étrange, conclu en juin 2018. Et, pendant toute cette période, le dossier semble avoir moisi au fond d’un placard.
Et hop ! les élections approchent, Emmanuel Macron devrait être candidat… et le dossier ressort subitement. Il est difficile de ne pas imaginer qu’au minimum depuis le début du mois de février 2019 où ils se sont intéressés au dossier, les juges n’aient pas eu à l’esprit que les élections présidentielles auraient lieu au printemps 2022. Choisir l’inaction pendant près de trois ans, et l’excitation cinq mois avant l’échéance soulève question.
Les habituelles malchances d’Emmanuel Macron
Les semaines qui viennent nous diront si le Président fera l’objet des mêmes manoeuvres indélicates que François Fillon (et quelques autres), avec une transmission à la presse, en temps quasi-immédiat, des procès-verbaux d’audition. Mais, dans tous les cas, on remarquera une étrange récurrence dans les malheurs hivernaux d’Emmanuel Macron.
Ainsi, l’interpellation de Benalla intervient-elle quelques jours après la conférence de presse où le Président a remis le couvert, une fois de plus, sur la nécessité d’une défense européenne. Accessoirement, lors de cette conférence de presse, Emmanuel Macron a déçu les partisans d’un renforcement de l’Europe.
En 2019, à la même époque, Emmanuel Macron avait aussi abordé la question de la défense européenne indépendante. Quelques jours plus tard, les syndicats de salariés avaient lancé la plus longue grève depuis la fin de la guerre.
En novembre 2018, Macron avait proposé la création d’une “vraie armée européenne”. Quelques jours plus tard, la crise des Gilets Jaunes éclataient.
On verra si 2022 interrompt le cycle de la malédiction de l’armée européenne. Face à lui, Macron compte désormais Valérie Pécresse, candidate plausible à l’Elysée… Rien n’exclut que la caste mondialisée préférerait s’appuyer sur elle plutôt que sur le turbulent élève Macron.
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