Bruno Le Maire a-t-il étouffé ce rapport sur les autoroutes ? L’opposition exige de le lire
Selon le « Canard enchaîné », le ministre a enterré un rapport de l’Inspection des Finances disséquant les superprofits des concessionnaires.
Ils ne voient pas le rapport. Et ça les agace. Ce mercredi 25 janvier, plusieurs élus de l’opposition se sont indignés à la suite d’un article du Canard enchaîné, affirmant que le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a « étouffé » un rapport de l’Inspection générale des Finances portant sur les profits exceptionnels enregistrés par les concessionnaires d’autoroute.
Selon l’hebdomadaire, cette mission d’expertise comptant 65 pages et rendue en février 2021 relève « une rentabilité très supérieure à l’attendu » : 12 % contre 7,67 %, correspondant au taux ciblé par l’État au moment de la cession de la gestion des autoroutes en 2006. Préconisant un « réalignement de la rentabilité », les inspecteurs des Finances proposent plusieurs solutions. Parmi elles, la baisse de près de 60 % des prix des péages.
Autre scénario « à valeur d’illustration » envisagé : un prélèvement par l’État de plus de 63 % de l’excédent brut dégagé par les deux sociétés les plus rentables du secteur, et ce « jusqu’à la fin des concessions ». Ce qui rapporterait à l’État 55,4 milliards, mais qui serait (comme la prmière option envisagée) illégal en l’état actuel du droit. Raison pour laquelle le rapport penche pour une « fin anticipée » des concessions.
Bref, de quoi apporter de la matière à la réflexion sur les superprofits (que Bruno Le Maire disait ne pas connaître) mais, surtout, de donner du grain à moudre aux oppositions, qui réclament d’en savoir plus sur ledit rapport.
« Gentil avec les puissants, terrible avec le peuple »
« Bonjour Bruno Le Maire, cet article pose de nombreuses questions. Nous demandons à voir ce rapport. La représentation nationale, comme les Français, y ont droit », a réagi dans un tweet le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud.
« Alors que les Françaises et les Français galèrent, on apprend que Bruno Le Maire a étouffé un rapport de ses services qui préconisait de baisser les tarifs des péages de 60 % car les sociétés privées ont des marges indécentes. Ce n’est pas acceptable ! », s’indigne la députée insoumise de l’Ariège, Bénédicte Taurine.
« Quand Bruno Le Maire protège les superprofits des concessionnaires d’autoroutes tout en disant que les caisses sont vides pour financer nos retraites. Gentil avec les puissants, terrible avec le peuple », résume son collègue des Bouches-du-Rhône Manuel Bompard, de son concert avec l’Insoumis de la Somme, François Ruffin.
Selon le Canard enchaîné, Bruno Le Maire étouffe un rapport de l'Inspection des Finances. Dedans ? Des bricoles : l… https://t.co/hmmiRcVCdw
— François Ruffin (@Francois_Ruffin)
De l’autre côté de l’échiquier politique, à l’extrême droite, les révélations du « Canard » font également réagir. « Pourquoi autant de haine contre les automobilistes ? », se demande le maire RN de Perpignan Louis Aliot, rappelant que les prix des péages vont augmenter de 4.75 % en moyenne au mois de février.
Auprès du Canard enchaîné, le ministère des Transports balaie le diagnostic sans appel réalisé par l’Inspection générale des Finances, affirmant que « les niveaux calculés par l’Autorité de régulation des transports ne démontrent aucune surrentabilité ».
Dans son dernier rapport, cette même instance a pourtant observé une hausse des bénéfices nets de 47 % sur l’année 2021, ce qui avait piqué la curiosité d’élus connaisseurs du sujet, à l’image du sénateur centriste Vincent Delahaye, qui appelle à revoir les contrats passés avec les sociétés concernées. En septembre 2020, un rapport sénatorial pointait « la rentabilité hors normes » de ces entreprises, prévoyant 40 milliards d’euros de gain d’ici 2036.
Sollicitées par Le HuffPost, les équipes de Bruno Le Maire rappellent que c’est le ministre qui a commandé ce rapport. Et ce, « à la suite d’une augmentation d’une taxe sur les autoroutes qui a rapporté un milliard », laquelle avait provoqué un contentieux entre les sociétés et l’État. Le cabinet du ministre dément par ailleurs toute volonté d’enterrer cette étude.
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