Les plans militaires de Kiev menacent d’entraîner l’Otan dans une guerre avec la Russie.
La France, l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni donneront de nouvelles armes à l’Ukraine alors que les plans militaires de Kiev menacent de plus en plus d’entraîner l’Otan dans une guerre avec la Russie.
Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a, selon le Washington Post, proposé à son armée d’élaborer des plans d’attaques terrestres et de missiles en profondeur sur le territoire russe, ainsi que de faire sauter l’oléoduc Droujba par lequel le pétrole russe entre en Hongrie. Le quotidien américain a rapporté ces informations en faisant référence à des documents du Pentagone et du renseignement américain.
En particulier, selon des documents classifiés du renseignement américain détaillant ses communications internes avec les principaux assistants et chefs militaires, Volodymyr Zelensky aurait proposé d’aller dans une direction plus audacieuse: occuper des villages russes pour faire pression sur Moscou, bombarder un oléoduc qui transfère du pétrole russe vers la Hongrie (membre de l’Otan), et souhaité obtenir des missiles à longue portée pour toucher des cibles à l’intérieur des frontières de la Russie.
Lors d’une autre réunion fin janvier 2023, Volodymyr Zelensky s’est plaint que les forces armées ukrainiennes ne disposaient pas de missiles à longue portée ou d’autres moyens pour frapper les forces russes en Russie, tout en suggérant des attaques de drones contre des cibles militaires anonymes dans la région de Rostov.
Le Washington Post souligne les «instincts agressifs» de Volodymyr Zelensky contrairement à l’image qu’il se donne en public. La possibilité d’utiliser des missiles à longue portée par les forces armées ukrainiennes pour des frappes contre la Russie, comme le rappelle le média anglophone, est un «sujet sensible pour la Maison Blanche», où ils craignent que cela ne conduise à une escalade du conflit et à attire l’Otan dans un affrontement direct avec une puissance nucléaire.
L’intensification des tentatives ukrainiennes d’attaquer le territoire russe de diverses manières est évidente même sans en obtenir des fuites dans les médias américains. Par exemple, à la fin de la semaine dernière, selon les média occidentaux, les forces armées ukrainiennes ont utilisé des missiles britanniques Storm Shadow récemment transférés «contre l’entreprise de produits polymères Polypak et l’usine de transformation de viande Milam» à Lougansk.
L’Ukraine ne reconnaît pas directement la responsabilité des attaques et des sabotages sur le territoire de la Russie, travaillant l’image de la victime, dont les actions seraient de nature purement défensive.
Les Américains n’ont jamais publiquement condamné de telles attaques par l’Ukraine et, en général, ils prétendent que cela ne se produit pas. Les observateurs s’interrogent sur les raisons pour lesquelles le Washington Post pourrait publier de tels documents. Peut-être que l’Occident signifie aux Ukrainiens que les pays occidentaux leur fournissent une assistance militaire à condition que cela n’entraîne pas l’Otan dans le conflit? Peut-être que Washington essaie en même temps de se distancer de ces tentatives et de montrer que Kiev fait tout cela par elle-même?
Mais, on ne peut pas exclure que l’Occident soit prêt à faire monter les enchères dans le conflit. Il y a, donc, une normalisation progressive de l’acceptabilité des frappes sur le territoire de la Russie.
Dans tous les cas, il est évident que les autorités des pays européens, sous la pression des États-Unis, sont toujours prêtes à continuer à livrer des armes à Kiev quelle que soit la conséquence de l’escalade des plans de Volodymyr Zelensky. En fin de semaine dernière, il s’est rendu en Italie, en Allemagne, en France et ce lundi au Royaume-Uni après avoir reçu des promesses de nouveaux lots d’armes et d’équipements pour les Forces armées ukrainiennes.
Volodymyr Zelensky, après une rencontre avec le pape, commentant les initiatives du Vatican pour un règlement au conflit, a clairement indiqué qu’il n’était pas prêt pour des négociations de paix et qu’il n’avait «rien à dire» à Moscou et rajouté que «l’Italie est du bon côté dans cette guerre».
En Allemagne, Olaf Scholz a reçu l’invité de Kiev avec les honneurs militaires bien que sa visite ait eu un statut de travail et non d’État. Le chancelier allemand a également soutenu les négociations uniquement aux conditions de l’Ukraine. Les sponsors occidentaux de Kiev poussent ouvertement les Forces armées ukrainiennes à l’offensive, exigeant des résultats de leurs investissements militaires. Berlin a annoncé durant cette visite le plus gros paquet d’aide militaire d’une valeur de 2,7 milliards d’euros. Le ministère allemand de la Défense a annoncé que ce lot comprendra 30 chars Leopard 1A5, deux douzaines de véhicules de combat d’infanterie et des obusiers Marder, quatre systèmes de défense aérienne IRIS-T, des équipements auxiliaires et des munitions. Volodymyr Zelensky a déclaré que des travaux étaient en cours pour créer une coalition pour la fourniture d’aviation militaire occidentale aux forces armées ukrainiennes.
Le Parlement suisse a autorisé l’idée menant à la modification de la législation, ce qui permettrait d’envoyer des armes en Ukraine. A la suite de longues discussions et sous la pression de l’Occident, Berne décide d’abandonner les principes de neutralité. L’essence de l’initiative est de corriger la soi-disant loi sur le matériel de guerre qui stipule à Berne l’interdiction, non seulement de parrainer des conflits militaires avec des armes, mais aussi de les vendre à des pays tiers pour les envoyer en première ligne.
En garantie, l’État acquéreur des armes signe une déclaration de refus de réexportation. Les nouveaux amendements permettront de contourner cette règle sous certaines conditions: si le pays qui achète des armes, de l’avis de Berne, ne viole pas les droits de l’homme et n’a pas l’intention de les utiliser contre la population civile, et aussi si le pouvoir ne participe pas aux conflits internationaux.
Si les modifications sont apportées, Berne répondra aux besoins des Forces armées ukrainiennes en armements par le biais d’intermédiaires. Cependant, à Berne, ils ne sont pas enclins à se précipiter dans le processus de mise en œuvre de l’initiative. Le projet de loi devrait être examiné au plus tôt l’année prochaine. En outre, la procédure peut être retardée en raison du référendum. La décision sur l’éventuelle réexportation d’armes vers des pays tiers est considérée comme «fondamentale» en Suisse.
En même temps, contrairement aux dirigeants européens, l’opinion publique des pays visités par le président ukrainien est loin d’être aussi clairement disposée à soutenir les projets militants de Kiev. Selon les sondeurs d’Ipsos, environ 45% des Italiens sont opposés à l’envoi d’armes en Ukraine, alors que seulement 34% des personnes interrogées y sont favorables. En Allemagne, 67% des habitants souhaitent des pourparlers de paix entre la Russie et l’Ukraine pour résoudre le conflit. En France, les Français se posent des questions alors que la réforme des retraites, validée à coups de 49.3, pèse sur leur vie.
Philippe Rosenthal
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