Le mea culpa du président Trump
Au cours d’une très longue interview sur la fréquence radio indépendante la plus populaires aux USA (autour de 30-40 millions d’auditeurs), celle Joe Rogan et son ‘Joe Rogan Experience’, Donald Trump a notamment abordé le domaine jusqu’alors inexploré par lui de ses erreurs durant son mandat 2016-2020. Il a admis devoir prendre toute la responsabilité de certains choix catastrophiques de ses collaborateurs, surtout dans les postes de la sécurité nationale.
C’est évidemment le cas d’une personnalité absolument étrangère à la politique (Trump au moment de son élection) et sans connaissance de la carrière et des positions de personnalités qui viennent à lui en affichant des étiquettes qui convenaient au président ; donc, rien de plus facile que de se confectionner une étiquette de bon aloi pour occuper une place stratégique ; donc, rien de plus nécessaire que de se méfier des étiquettes que l’on vous brandit sous le nez. Ainsi, Trump s’est trouvé emprisonné dans un cercle plus ou moins fermé de personnalités l’orientant vers la politiqueSystème qu’il était censé combattre selon son programme de mise en cause du marigot de Washington D.C., et qu’il voulait réellement combattre.
• Les personnalités visées sont notamment le général John Kelly, qui fut secrétaire général de la Maison-Blanche, et John Bolton qui fut conseiller à la sécurité nationale pendant 18 mois avant d’être mis à pied. On peut y ajouter Mike Pompeo (qui fut directeur de la CIA) les généraux Mattis (qui fut secrétaire à la défense) et Mark Milley (qui fut président du comité des chefs d’état-major). A eux seuls, ces hommes ont complètement réorienté les intentions politiques de sécurité de Trump, souvent en dissimulant des informations à Trump comme ce fut le cas de Kelly.
RT.com rapporte quelques aspects de cette question extraits de l’entretien avec Joe Rogan. (‘ZeroHedge.com’ en donne une appréciation plus générale.)
« L’ancien président américain et candidat républicain à la présidence Donald Trump a déclaré au podcasteur Joe Rogan que sa “plus grosse erreur” avait été de prendre un certain nombre de mauvaises décisions en matière de personnel pendant son mandat à la Maison Blanche entre 2017 et 2021.
» S’exprimant sur le podcast Joe Rogan Experience samedi, Trump a insisté sur le fait que sa présidence avait été “formidable”, mais a souligné qu’elle aurait pu être encore meilleure s’il s’était entouré de personnes différentes.
» “La plus grosse erreur que j’ai faite, c’est d’avoir choisi… quelques personnes que je n’aurais pas dû choisir”, a-t-il déclaré. Lorsque Rogan lui a demandé s’il parlait des néoconservateurs, l’ancien président a répondu : “Oui, des neocon, ou des mauvaises personnes, ou des personnes déloyales”.
» “Vous en lisez un peu sur eux aujourd’hui. Un type comme Kelly, qui est une brute, mais une personne faible”, a-t-il déclaré. L’ancien chef de cabinet de Trump, le général John Kelly, a récemment donné plusieurs interviews dans lesquelles il a affirmé que, pendant son mandat, son commandant en chef de 78 ans avait fait l’éloge d’Hitler en privé et déclaré “plus d’une fois” que le chef de l’Allemagne nazie “avait fait de bonnes choses”.
» Alors que l’équipe de Trump a nié catégoriquement ces allégations, la candidate démocrate Kamala Harris a profité de l’occasion pour qualifier son rival républicain de “fasciste” et de dictateur en puissance.
» Son autre choix discutable, a rappelé Trump dans le podcast, a été de nommer l’archi-faucon John Bolton comme conseiller à la sécurité nationale, a reconnu Trump. “Bolton était un idiot, mais il me semblait”, a-t-il déclaré.
» “C’est un cinglé, et chaque fois que j’ai eu affaire à un pays – quand ils voyaient ce cinglé se tenir derrière moi – ils disait : “Oh mec, avec lui Trump va partir en guerre”, a déclaré l’ancien président.
» Bolton “était avec [le président américain George HW] Bush lorsqu’ils sont allés stupidement au Moyen-Orient [en 1990]. Ils n’auraient jamais dû le faire. Je le disais en tant que civil”, a-t-il ajouté.
» Trump a limogé Bolton en septembre 2019 après 18 mois à ce poste, affirmant qu’il “était fortement en désaccord avec de nombreuses suggestions [du conseiller]”.
» S’exprimant sur les déclarations de l’ancien chef de cabinet Kelly sur CNN plus tôt cette semaine, Bolton a averti qu’une victoire de Trump aux élections du mois prochain serait “dangereuse” pour l’Amérique. Cependant, il a rejeté les accusations selon lesquelles l’ancien président serait un “fasciste”. Selon Bolton, pour en être un, “il faut avoir une philosophie et Trump en est incapable”. »
Héros ou traître, concepts élastiques
On ajoutera à ces confidences le cas du général Milley dont le rôle vis-à-vis du président à la fin de son mandat fut on ne peut plus contestable. La chose a fait polémique lorsque Miley quitta son poste, en 2023, et révéla ses agissements, dont il juge toujours qu’ils se conformaient à la Constitution pour protéger le pays d’un pouvoir dictatorial. Certains font de Miley un héros, d’autres estiment que le rôle joué par Miley s’apparente à un coup d’Etat militaire. On aura évidemment de la difficulté à trancher, d’autant que les avis sont complètement orientés par les prises de position extrémistes, chacune avec sa propre logique.
Un constat que l’on peut faire aujourd’hui est que le concept de légalité est devenu extrêmement mouvant et incertain aux USA, sinon quasiment insaisissable. D’autre part, le comportement des militaires a été complètement transformé depuis qu’un rôle politique indirect sinon idéologique est attribué à l’armée, avec l’affirmation comme priorité n°1 des militaires l’introduction de l’idéologie Woke (‘Critical Race Theory’) dans les armées, – ce dont Milley s’est justement fait le champion.
Il est certain que ces remarques de Trump sont assez rassurantes pour ses partisans. D’abord, le fait de reconnaître ses erreurs est une chose louable et encourageante ; elle l’est d’autant plus dans le cas de Trump qu’il est effectivement allé avec lucidité à sa plus grave faiblesse, c’est-à-dire le choix de ses collaborateurs qui constitue la condition sine qua non pour que le président soit justement informé et que sa politique soit développée telle qu’il la veut.
Lors de cette campagne 2024, les signes sont beaucoup plus encourageants : des personnalités comme Elon Musk, Robert Kennedy Jr. et Tulsi Gabbard impliquent des personnages loyaux, parfaitement informés, et qui sont partie prenante de la politique de Trump. Cette fois, si Trump est élu donc, la bataille sera bien plus équilibrée et pourra aller très-loin, au-delà des bornes de la légalité, comme seul moyen de vider cette querelle sans issue pacifique. Il s’agira alors, on le comprend, d’une bataille de rupture dont l’issue concernera la structure et la substance même des États-Unis.
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