Macron croyait que les syndicats allait jouer le rôle de pare-feu contre la rue. Mais le mouvement se maintient et les syndicats commencent à perdre le contrôle. Alors, tous le monde rameute ses fesse à l'Elysée. La CFDT pourrait lâcher le mouvement des manifestations.
Ce mercredi, à 10 heures, les organisations syndicales seront reçues à Matignon pour une réunion collective au statut mal défini. Initialement, il devait s’agir d’une « médiation » sur les retraites, mais Emmanuel Macron a interdit à Elisabeth Borne d’aborder la question. Personne ne sait exactement comment va se dérouler ce moment compliqué, au cours duquel tout peut basculer. Tactiquement, beaucoup parient sur une mise en scène qui se calmera après la décision du Conseil Constitutionnel et la promulgation de la loi. Sauf… Laurent Berger peut tout à fait décider d’arrondir les angles et plier, face à Macron, dans un bras-de-fer extrêmement délicat.
Plus que jamais, la tension monte dans les couloirs et les allées du pouvoir autour de la question des retraites. Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé qu’il ne toucherait plus au dossier jusqu’au 14 avril, jour où le Conseil Constitutionnel rendra sa décision sur le sujet, les manoeuvres de coulisse se multplient. Dans le même temps, la cote de popularité d’Emmanuel Macron baisse dangereusement.
La gauche en goguette à Matignon et rue Montpensier
Ce mardi, les figures de gauche se sont agitées pour faire entendre leur voix (et faire oublier leur différend sur l’élection partielle en Ariège, où une candidate socialiste dissidente a battu la candidate NUPES, Bénédicte Taurine).
D’une part, les leaders des groupes parlementaires ont été reçus par Elisabeth Borne, à qui ils ont demandé de retirer la réforme. Pour être exact, seule Marine Tondelier, pour les écologistes, et Olivier Faure, pour les socialistes, ont fait le déplacement. La France Insoumise et les communistes ont boycotté le rendez-vous. Il semblerait (et c’est sans surprise) que ces rencontres aient juste tenu lieu de rideau de fumée.
D’autre part, une délégation de parlementaires de gauche est allée dire au Conseil Constitutionnel tout le mal qu’elle pensait du projet de loi adopté à coup de 49-3. Se sont croisés dans les couloirs de la rue Montpensier Boris Vallaud, Mathilde Panot, Charles de Courson, Eric Cocquerel et quelques autres. Tout ce petit monde espère que les Sages censureront le texte, ce qui, selon eux, constituerait une sortie « par le haut » pour tout le monde.
Mais, pour l’instant, nul ne sait vers où penchera la décision.
Mathilde Panot a rappelé que le Conseil avait censuré toute la loi de finances de 1979…
L’angoisse autour de Laurent Berger
Mais le gros morceau tient évidemment à la rencontre entre Elisabeth Borne et l’intersyndicale, ce mercredi à 10 heures.
Il est à peu près acquis que la nouvelle secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, viendra demander le retrait de la réforme avec la ferme intention de quitter la salle le plus vite possible. Cette posture est une sorte d’obligation pour elle : elle aura besoin de manifester sa radicalité vis-à-vis de sa base. Personne ne s’attend donc à un quelconque miracle de ce côté-là.
Le suspens est plutôt du côté de la CFDT, dont la nature originelle porte plutôt au compromis.
Plusieurs arguments plaident pour une inflexibilité du patron de la CFDT. D’une part, son syndicat a toujours manifesté son opposition à un relèvement de l’âge de la retraite. Ce point explique que, lors de la première tentative de réforme des retraites par Emmanuel Macron, la CFDT avait rejoint le mouvement de protestation dès lors qu’Edouard Philippe avait imposé un principe d’âge pivot à 64 ans. D’autre part, la mésentente entre Laurent Berger et Emmanuel Macron est de notoriété publique. Elle s’explique peu, mais elle va loin puisque à la surprise générale, lors de son intervention au journal de 13 heures, Emmanuel Macron avait reproché aux syndicats de n’avoir fait aucune proposition de compromis. Cette petite charge contre la CFDT n’a guère apaisé le climat.
Mais une raison peut convaincre Laurent Berger de céder, même de façon élégante, dès demain au bras de fer avec le Président. Dans l’hypothèse où le Conseil Constitutionnel validerait la loi, et dans l’hypothèse où la loi serait promulguée, la culture de la CFDT ne serait pas très à l’aise avec un maintien de la contestation. Pour éviter cet écueil, Berger pourrait chercher une parade dès demain.
Notre appel à continuer le combat
Tout le monde attend donc l’issue de la réunion de demain avec une certaine fébrilité. Dans tous les cas, je me permets de signaler l’appel que nous avons signé pour continuer la mobilisation : l’occasion est trop belle de tourner la page d’une démocratie représentative à bout de souffle.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/04/04/la-cfdt-va-t-elle-casser-le-mouvement-contre-les-retraites/
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