La réforme des retraites va entrainer 9,5 milliards d’euros de surcoût
Pour le CSR, « que le bénéfice financier [de la réforme] se réduise avec le temps n’est pas inattendu ». Une évolution similaire s’est produite avec la réforme des retraites de novembre 2010, qui avait décalé de 60 à 62 ans l’âge légal de départ.
Selon l’avis annuel du Comité de suivi des retraites (CSR) publié le 13 juillet, la réforme des retraites pourrait entraîner un surcoût. Le groupe d’experts indépendants estime que d’ici à 2070, le montant des dépenses pour les pensions pourrait s’élever à plus de 9,5 milliards d’euros de plus qu’une situation où la loi serait restée inchangée.
L’avis du CSR a été relayé par Le Monde. Fondées sur des données fournies par les rapports du Conseil d’orientation des retraites (COR), le Comité de suivi des retraites est une instance indépendante qui a pour mission d’interpeler les pouvoirs publics dans les cas où les régimes de pension s’éloignent des objectifs que le législateur leur a fixés. Elle peut ainsi formuler des recommandations afin de corriger d’éventuelles dérives.
Les mesures promulguées le 14 avril par l’exécutif avaient pour but de réaliser des économies. Le constat du CSR démontre la complexité de la multitude de règles en vigueur et de notre système par répartition, ainsi que les difficultés d’appréhender les transformations qu’implique ce dernier.
Le CSR rappelle que la loi a des impacts susceptibles de varier dans le temps. Si en 2030, elle permettrait de réduire les dépenses de retraite de 4,6 milliards d’euros en comparaison avec une situation où la loi resterait inchangée, le bilan pourrait s’inverser en 2070, avec une facture plus lourde, de l’ordre de 9,5 milliards d’euros.
La réforme repousse de 62 à 64 ans l’âge légal de départ à la retraite, et augmente pour certaines générations le nombre de trimestres requis pour avoir le droit à une pension à taux plein. Ces dispositions engendrent en premier lieu des économies et des ressources, puisque des personnes qui devraient être à la retraite n’y sont pas, et cotisent davantage en étant toujours en activité.
Cependant, leur vie professionnelle prolongée entraîne des droits supplémentaires à l’assurance-vieillesse, sur des salaires généralement élevés, puisque les individus sont en fin de carrière. Finalement, ils partent avec des pensions plus importantes que celles qui auraient été versées sans la réforme.
La loi instaure également plusieurs mécanismes pour améliorer les petites retraites, qui font boule de neige au fil des décennies, et s’ajoutent au montant des prestations allouées.
Pour le CSR, « que le bénéfice financier [de la réforme] se réduise avec le temps n’est pas inattendu ». Une évolution similaire s’est produite avec la réforme des retraites de novembre 2010, qui avait décalé de 60 à 62 ans l’âge légal de départ. Selon Pierre-Louis Bras, président actuel du COR, les économies induites par cette loi se dégraderaient de deux tiers au bout de vingt à trente ans, en raison de la hausse de la pension moyenne des retraités.
Le comité tient à rappeler les conséquences positives de la réforme, car il y « a bien un effet de réduction du déficit à l’horizon 2030, dont on peut dire qu’il serait compris entre 0,2 point et 0,5 point de PIB ». Le recul d’âge légal s’accompagnera aussi d’une augmentation du nombre d’actifs et donc des richesses produites, ainsi que des recettes fiscales et sociales, au-delà des seules contributions d’assurance-vieillesse.
Le CSR reste prudent. Des évaluations plus poussées devraient être conduites d’ici à 2024 sur le sujet.
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