Trudeau déclare l'état d'urgence nationale, permettant la suspension temporaire des libertés civiles
Cette la première fois que le gouvernement prend une telle mesure en un demi-siècle et constitue la réponse la plus agressive du premier ministre Justin Trudeau depuis le début des manifestations qui ont secoué le pays.
Les manifestations dans la capitale du Canada entrent dans leur troisième semaine, grondant la circulation et coupant l'accès au Parlement du pays, à la Cour suprême et au bureau du premier ministre.
L'invocation de la Loi sur les mesures d'urgence confère d'énormes pouvoirs temporaires au gouvernement fédéral, lui permettant de faire ce qui est nécessaire pour rétablir l'ordre public, par exemple, interdire les rassemblements publics ou restreindre les déplacements vers et depuis des zones spécifiques. Bien que le premier ministre et le cabinet puissent invoquer la loi chaque fois qu'ils le souhaitent si la sécurité du Canada est jugée menacée, la décision doit ensuite être approuvée par le Parlement dans un délai d'une semaine.
Les protestations se sont multipliées à travers le pays, y compris un blocage de près d'une semaine d'un pont vital pour les chaînes d'approvisionnement de l'industrie automobile mondiale. La réponse de la police et de tous les niveaux de gouvernement à la crise a été largement critiquée comme inadéquate.
M. Trudeau, selon certains critiques, aurait dû intervenir plus tôt et peut-être même envoyer l'armée.
La décision d'invoquer la loi est intervenue alors que la Gendarmerie royale du Canada en Alberta a déclaré avoir arrêté 11 personnes et saisi une importante cache d'armes, dont 13 armes d'épaule, des armes de poing et une machette, liées aux manifestations en Alberta. Des responsables de la police ont déclaré dans un communiqué que les personnes arrêtées étaient liées à un petit groupe près d'un poste frontalier à Coutts, en Alberta – qui est bloqué depuis des jours – et que le groupe était prêt à utiliser la force contre la police si des tentatives étaient faites pour rompre son blocus.
L'optique politique d'invoquer la loi est lourde pour M. Trudeau, étant donné que la mesure permet au gouvernement de violer les droits constitutionnels au nom du rétablissement de l'ordre public. M. Trudeau, un libéral, s'est longtemps façonné en champion des droits de la personne.
La réponse extraordinaire de M. Trudeau rappelle les souvenirs d'octobre 1970 et d'une période tumultueuse connue sous le nom de crise d'octobre lorsque le premier ministre Pierre Elliott Trudeau — le père de Justin Trudeau — a mis fin à une vague de terrorisme par un violent groupe séparatiste québécois en invoquant la Loi sur les mesures de guerre, et puis envoyant des troupes à Montréal. C'est la seule fois dans l'histoire du Canada que la loi sur la guerre a été appliquée en temps de paix. La loi sur les mesures d'urgence a été introduite en juillet 1988 pour remplacer la loi sur la guerre.
Alors que M. Trudeau a élargi ses moyens pour désamorcer la crise, la partie la plus dommageable économiquement des manifestations semble s'être calmée. Après que les manifestants ont bloqué un lien économique critique entre les États-Unis et le Canada pendant près d'une semaine, le trafic a recommencé tôt lundi, apportant un certain soulagement aux autorités canadiennes qui luttaient pour apprivoiser les manifestations et aux industries perturbées par les troubles.
Mais tout sentiment d'accomplissement des forces de l'ordre au pont Ambassador, qui relie Detroit et Windsor, en Ontario, a été contrebalancé par la ténacité des manifestations à Ottawa, qui en sont maintenant à leur troisième semaine. Les camionneurs ont grondé la circulation, perturbé des quartiers résidentiels normalement sereins et miné l'économie locale.
Les manifestations vaguement organisées du « Freedom Convoy » qui ont secoué le Canada ont commencé comme une protestation contre la vaccination obligatoire des camionneurs traversant la frontière canado-américaine. Mais ils se sont transformés en un cri de guerre contre les restrictions pandémiques dans leur ensemble et le leadership de M. Trudeau.
Doug Ford, le premier ministre de l'Ontario, a annoncé lundi matin qu'à compter du 1er mars, la province n'exigera plus que les gens présentent une preuve de vaccination pour entrer dans les espaces intérieurs. Il a souligné que la décision d'annuler le soi-disant laissez-passer vaccinal était basée sur la diminution du nombre de cas de coronavirus et d'hospitalisations, et n'était pas une concession aux manifestants.
Le Canada a fait l'objet de restrictions parmi les plus sévères du monde développé, attisant une frustration et une fatigue croissantes alors que la pandémie faisait rage.
Un sondage publié lundi par l'Institut Angus Reid, une importante organisation de sondages, a montré que, trois semaines après le début des troubles, de nombreux Canadiens n'appuient pas les demandes des manifestants. Près de 45% ont déclaré que les manifestations les avaient rendus plus enclins à soutenir les exigences de masquage à l'intérieur ainsi que les exigences de vaccination pour traverser la frontière canado-américaine, a déclaré l'organisme de sondage.
"Si l'objectif du Freedom Convoy était de capter l'attention de millions de personnes au Canada et dans le monde entier - mission accomplie", a déclaré l'Institut Angus Reid, mais a ajouté: "Si, toutefois, l'objectif était de renforcer le soutien pour leur demande de mettre fin aux restrictions liées à la pandémie – cela s’est complètement retourné contre lui.
https://www.nytimes.com/live/2022/02/14/world/canada-protests-news?smtyp=cur&smid=tw-nytimes
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