mercredi 25 janvier 2023

CEDER

 Qui pourra encore dire que Washington n'est pas un donneur d'ordre, lorsque du jour au lendemain, un "non" se transforme en "oui", avec toutes les conséquences que cela implique. Démunir l'Europe d'une puissance de feu, pour la mettre sous un protectorat américain. Ou comment l'amérique fait bien sa guerre contre la Russie, en se servant de l'Europe comme première ligne de front sans se mouiller.

Ukraine : l'Allemagne prête à livrer des chars Leopard 2 à Kiev

Après plusieurs jours d'insistance de la part de Kiev, le chancelier Olaf Scholz a décidé de leur livrer des chars de combat, et va autoriser les alliés à faire de même.

Dans un revirement spectaculaire, l'Allemagne a finalement décidé de livrer directement des chars Leopard 2 à l'Ukraine et d'autoriser par ailleurs la réexportation à destination de Kiev des mêmes blindés que ses alliés, comme la Pologne ou la Finlande, possèdent dans leurs propres stocks. L'information a été annoncée par le Spiegel, et confirmée par Reuters. L'initiative allemande intervient après que Washington autoriserait, de son côté, la livraison de chars Abrams, selon le Wall Street Journal et Reuters. Ainsi l'exigence d'Olaf Scholz d'une initiative commune dans laquelle Berlin ne ferait pas «cavalier seul» serait satisfaite.

«Le Leopard est libéré !», a tweeté la vice-présidente du Bundestag, Katrin Göring-Eckardt. «Espérons qu'il puisse maintenant aider rapidement l'Ukraine dans sa lutte contre l'attaque russe». «L'Allemagne envoie des chars Leopard à l'Ukraine», a pour sa part confirmé le Parti libéral-démocrate (FDP), sur le réseau social. Le Spiegel et la chaine d'information NTV, ont assuré que le chancelier Olaf Scholz allait donner son feu vert probablement mercredi. «Les discussions doivent se finir par des décisions», a exhorté mardi soir le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Les alliés ont le nombre requis de tanks» nécessaires à l'armée ukrainienne pour renverser les troupes de Moscou, a-t-il déclaré dans son allocution quotidienne, martelant que «les besoins sont plus importants» que «cinq, dix ou quinze chars».

L'équivalent minimum d'une compagnie de Léopard 2 A6, soit plus d'une dizaine d'unités seront directement sortis par Berlin des stocks de la Bundeswehr, précise le Spiegel. Il s'agit de blindés de 62 tonnes, modernisés en 2001 et dotés de canons de 120 millimètres à haute vélocité et long rayon de tir, selon les notices techniques. La décision intervient par ailleurs après un pressing de la Pologne qui, dès mardi, avait demandé à son voisin d'autoriser la fourniture de 14 Leopard que Varsovie a en stocks.

«Les Allemands tardent, tergiversent, agissent d'une manière difficile à comprendre», avait critiqué le premier ministre Mateusz Morawiecki. D'autres chancelleries alliées, dont Washington, manifestaient également leur agacement face à l'entêtement de Berlin. Pour sa part, le Pentagone refusait jusqu'à présent l'envoi de chars Abrams au motif que ce blindé n'était pas adapté au terrain de guerre ukrainien, du fait de la particularité de son moteur. Les États-Unis changeraient ainsi d'avis.

L'axe germano-américain renforcé

L'initiative conjointe confirme par la même le renforcement de l'axe sécuritaire germano-américain, au détriment de la défense communautaire. Selon le Spiegel, Berlin a négocié âprement avec Washington afin que les deux capitales présentent une offre militaire «qualitative» similaire.

Dimanche, lors d'une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron, et contrairement aux attentes des supporters du couple franco-allemand, Olaf Scholz avait cherché à gagner du temps. Le chancelier avait refusé d'évoquer ne serait-ce que le principe d'une réexportation des Leopard. De son côté, le président de la République avait indiqué «ne pas exclure» la fourniture de blindés Leclerc.

Enfin, le parti social-démocrate et son chancelier faisait face à une mini rébellion des alliés de la coalition, menée en particulier par la présidence de la commission de la Défense du Bundestag, détenue par le FDP (libéraux). La communication d'Olaf Scholz est «une catastrophe» avait dénoncé l'influente députée Marie Agnès Strack-Zimmerman.

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