Un mouvement puissant se lève actuellement en occident à travers le féminisme, LGBTisme, mouvement qui mène à l’avènement des droits sexuels. Toute une nouvelle jeunesse est en train d’apparaître, très ouverte aux questions de genre, en adoptant les codes et prônant la tolérance à l’égard de ces nouvelles minorités genrées. C’est, en apparence, très logiquement que les institutions accompagnent ces mutations en développant, par exemple, les « droits sexuels » et leur enseignement.
Ainsi l’UNICEF est à l’avant-garde de cette évolution et la convention internationale des droits de l’enfant stipule que « l’éducation à la sexualité s’intègre dans plusieurs droits humains fondamentaux : le droit à disposer de son corps, le droit à l’éducation, le droit à la santé, le droit à la protection contre toute forme de violence. » Ce sont désormais toutes les institutions des États sous la coupe du Forum Économique Mondial (c’est-à-dire du capital financier occidental dominé par les anglo-saxons) qui suivent les recommandations des supposées « institutions internationales » mises en place par les occidentaux, celles-là mêmes dont la guerre en Ukraine sonne le glas.
C’est pourquoi ce mouvement commence à avoir des répercutions dans notre vie quotidienne et les enfants sont désormais susceptibles de se retrouver face à des produits culturels ou des enseignements sur « l’éducation à la sexualité ». La vidéo ci-dessous est le fruit de la surprise d’un père qui découvre cette littérature.
Cette vidéo nous décrit donc le contenu d’un livre jeunesse sur la sexualité. Il a été emprunté aisément avec la carte d’un enfant de 12 ans dans une médiathèque. À sa lecture, on ne peut qu’être étonné par la rudesse du propos, par la présentation de pratiques obscènes à des jeunes, avec tout les risques d’effraction psychique que cela peut engendrer sur des êtres en devenir.
Ce d’autant plus, que si les institutions reprennent cette antienne, elles ne sont pas les seules. En effet, elle transpire aussi par tout les canaux de la société, en particulier par l’intermédiaire des marchandises que l’industrie culturelle déverse en masse sur la jeunesse.
Nous pourrions nous féliciter de cet état de fait car il est vrai que tout un chacun peut constater l’arrivée de cette nouvelle jeunesse marquée par de nouvelles sexualités. L’avènement des droits sexuels et de l’éducation à la sexualité indiquerait donc la prise en compte par le pouvoir d’un mouvement de société. D’aucuns pourraient s’en réjouir au nom de la tolérance et de l’acceptation des inclinations de tous.
Un phénomène si spontané que cela ?
Cependant, l’affaire n’est peut-être pas aussi simple. Il faut rappeler avec Marx et Engels que les pensées dominantes sont celles de la classe dominante1, celle-ci possédant les moyens de production matériels et intellectuels. La grande bourgeoisie possède l’industrie culturelle, les médias, bref, tout l’appareil productif, et dispose des États qui lui sont acquis mécaniquement par une relation incestueuse avec elle, en particulier de par la haute fonction publique. De l’école à l’influenceur Instagram, en passant par le Rap, tout est aux mains de la classe dominante.
Or, le fait est que la culture préfabriquée qui s’adresse à la jeunesse ne cesse de mettre en scène la déstabilisation des genres. Dans un tel cadre, est-il surprenant de voir tant de jeunes en pleine confusion ? Émile Durkheim expliquait que les états psychiques sont le résultat de faits sociaux, de structures sociales, et pas l’inverse2. En d’autres termes, on peut bien imaginer qu’au sein de la jeunesse, il y a toujours eu une cohorte – ultra minoritaire – d’individus qui ne se sentent pas à leur place dans leurs rôles sociaux, « genrés » dirait-on maintenant. Cependant, du fait de l’existence de la formidable machine d’embrigadement possédée par le capital, nous ne pouvons qu’être dubitatif sur nombre d’autres jeunes qui se déclarent transgenres.
Dire que ces jeunes adhèrent à ces valeurs parce que la société n’a plus la force de les contraindre reviendrait à dire que la machine étatique a amélioré la société, qu’elle l’a modifiée intentionnellement pour la faire mieux fonctionner en la rendant plus tolérante. La société deviendrait ici une matière à travailler avec des projets. C’est la position de la doxa.
Mais un point de vue plus sociologique montrerait bien plutôt que s’ils sont si nombreux à le faire, c’est qu’une influence extérieure les y pousse. C’est que la force de la communication des institutions et de quasiment tout les canaux de communication « jeunes » tend à banaliser ces problématiques, et les détermine à s’y conformer. Ce n’est donc pas l’État qui les libère du joug de la société, mais l’État qui introduit des idées nouvelles dans la population pour la transformer. Mais alors, pourquoi une telle stratégie ? Dans quel but ?
Une approche psychologique expliquerait que la grande bourgeoisie est dégénérée et détruit les peuples par pure perversion. C’est certainement vrai – et les indices de cette dégénérescence sont nombreux – mais cela reste insatisfaisant car, si l’on suit Durkheim, les états psychologiques de la bourgeoisie sont forgés par les conditions dans lesquelles elle existe, conditions émanant de la lutte des classes. C’est cette dernière qui va déterminer l’intérêt de classe bourgeois. C’est donc là que réside certainement la clef de tout ce fatras.
Contextualiser la sexualisation dans la lutte des classes
Pour comprendre la place de la sexualisation délirante des individus dans la propagande officielle, il faut considérer en quoi elle peut être un outil destiné à maintenir les privilèges de la classe dominante. Pour ce faire, il faut saisir les stratégies à long terme de cette dernière.
Il va nous falloir contextualiser le phénomène, le rapporter au cadre global. La sexualisation des individus par le régime doit donc être reliée aux politiques sanitaires, en particulier depuis la crise du covid. Là transparaît une tendance lourde, bien antérieure à notre époque, que la philosophie a déjà identifiée. La pensée d’Hannah Arendt est ici des plus éclairantes.
Nous pourrions bien sûr évoquer les biopolitiques de Michel Foucault, qui sont un mouvement de prise de contrôle du corps par le pouvoir. Les politiques sanitaires s’inscrivent complètement dans ce mouvement. Mais avec Hannah Arendt apparaît le ferment totalitaire de ce geste du pouvoir. Ainsi décrivait-elle l’avènement d’un individu nouveau réduit à sa biologie – l’animal laborans dans sa terminologie – c’est-à-dire un nouveau sujet qui n’obtiendrait son identité que de par son corps, dans sa nécessité. L’humain se retrouve alors dépouillé de son histoire, de ses particularismes autant que de ceux de son groupe, pour devenir un être naturel, identique à n’importe quel autre de la même espèce et équipé de droits standards. Nous avons là typiquement une caractéristique indispensable à l’avènement d’un gouvernement mondial.
Arendt en profite d’ailleurs pour égratigner les Droits de l’Homme qui entérinent ce nouveau sujet, uniformisé par la nature, sans racine et apolitique. Ces droits sont censés le protéger contre un pouvoir centralisé mais font fi de son histoire personnelle, des particularismes de son environnement social. Les Droits de l’Homme s’adressent à l’humain étatisé, uniformisé par ce pouvoir tutélaire.
Les droits sexuels s’inscrivent dans ce cadre et représentent même une évolution tout à fait étonnante de l’usage du droit par le pouvoir central. Certes, on pourrait objecter que justement, les droits sexuels contestent la biologie puisqu’ils se basent sur l’idée que le genre n’est pas forcément en rapport avec le sexe. Mais ils accompagnent quand même la démarche de l’individu qui veut retrouver son être vrai, en dehors des significations que la société donne à chacun des deux sexes. C’est une déstabilisation générale de tout les systèmes symboliques que les groupes humains ont attribués au sexe. Et cette déstructuration se fonde sur la quête de l’individu vers son moi véritable, en dehors des codes collectifs. Comme si cela était possible… C’est donc bien la nature de l’individu, forgée en dehors de la société, qu’affirment protéger les droits sexuels. Ils sont quasiment une tentative pour retrouver l’homme à l’état de nature, avant qu’il ne soit frelaté par la société.
Ariane Bilheran a proposé une interprétation éclairante de ce phénomène. Les droits sexuels ne portent plus sur la protection de l’individu mais sur ses réclamations à la jouissance. On peut enrichir encore sa critique en rajoutant que, dans leur conception initiale, les droits protègent le citoyen contre le pouvoir. Ils sont en quelque sorte une protection que la vie en société a obtenue contre les puissants et l’État. Derrière les droits, il y a l’idée que ceux-là sont susceptibles d’opprimer l’individu et donc de détruire le peuple. Mais avec les droits sexuels, on passe sur un autre registre car ici, si les droits sont toujours censés protéger, ce n’est plus contre les puissants mais contre la société et ses valeurs qui seraient réactionnaires. Le pouvoir prétend donc mieux savoir ce qui est bon pour l’humain que la société. C’est la science contre la vie, la machine qui prétend mieux savoir que la bête ce qui est bon pour elle. C’est un renversement total des valeurs.
Voilà ce qu’il se passe quand l’humain est dépolitisé et réduit à son état naturel : le politique disparaît au profit de la science en même temps qu’apparaît un sujet disponible pour la gestion de masse. Avec les droits sexuels, l’État prend place dans l’intimité de l’humanité, dans ce qui la rend humaine. Cette colonisation de l’intime ouvre tout un champ pour la gestion de masse mais aussi pour la marchandise.
Il est expliqué ici comment le capitalisme tend vers l’impérialisme, en constituant des monopoles publics (les État et leurs institutions) et privés (le capital financier). La colonisation de l’intimité est un élément de gestion de masse du bétail humain. En cela, elle intéresse les monopoles publics. Mais elle ouvre également un champ de profit pour les monopoles privés, condamnés qu’ils sont à combattre la malédiction congénitale de la baisse tendancielle du taux de profit théorisée par Marx.
Le capital financier est donc condamné à dénicher sans cesse de nouveaux territoires, qu’ils soient géographiques ou économiques, matériels ou immatériels. La guerre en Ukraine est un des aspects de cet impérialisme du capital financier occidental. Les politiques sanitaires, les droits sexuels en sont un autre, dans un autre domaine.
C’est pourquoi les multinationales chantent en cœur les louanges du woke et de ces nouveaux droits. Cette nouvelle humanité leur sera entièrement livrée, jusque dans sa plus profonde intimité. L’industrie culturelle s’est aussi largement emparée du woke pour promouvoir cette nouvelle révolution des mœurs qui promet de nouvelles sources de profit et un contrôle totalitaire des peuples massifiés. Ici, il faut mesurer les perspectives révolutionnaires que promettent l’internet des corps et l’internet des objets.
Le corps humain deviendra un émetteur récepteur permanent de données. Avec ces biopolitiques, avec l’avènement de l’animal laborans, surgit un sujet sans aucune spiritualité, réduit à sa nature, dépossédé de son corps qui est désormais propriété du pouvoir. Et l’on en finit plus d’égrainer les funestes perspectives d’une telle situation.
Les droits sexuels et l’éducation à la sexualité comme tendance fasciste.
C’est ainsi que ce petit livre scandaleusement emprunté par un enfant de 12 ans dans une médiathèque prend place dans une tendance lourde de l’histoire : la prise de contrôle complète de l’espèce humaine par le système.
Car ne nous y trompons pas. Tout ces jeunes wokisés par des profs collabos, par une culture matérialiste qui renverse toutes les valeurs, tout ces jeunes transgenres, dans leur immense majorité, sont des victimes de la configuration actuelle de la lutte des classes, des victimes de l’impérialisme structurel du capital financier. On a beau le tourner dans tous les sens, tant que le capitalisme sera le système dominant, ce sera la guerre et ce jusqu’au plus profond de nous.
Il est triste de voir toute cette population accroire que le pouvoir est moral, qu’il se préoccupe de la condition des femmes ou des minorités. Croit-on que l’État français est choqué par la condition de la femme ou des transgenres en France ? Qu’il pense que c’est moralement inacceptable ? Mais derrière une telle position, il y aurait la croyance que l’État est le relais des tendances de la société, qu’il en est l’expression, « l’âme de l’âme » comme disait Mussolini3. Il y a là une erreur d’analyse énorme sur l’essence de l’institution étatique, typique du fétichisme de l’État que dénonçait Pierre Bourdieu4, celle qui affirme benoîtement que « l’État c’est nous ». Cette erreur est gravissime car elle revient à considérer son ennemi comme soi-même, et ce faisant, empêche de réaliser pleinement le contenu de la lutte des classes et les dangers gigantesques qui pèsent aujourd’hui sur l’humanité.
À la vérité, pour le pouvoir, ces causes, cette défense des minorités, ne sont que des leurres qui visent à affaiblir le peuple en le divisant en vu d’accroître l’emprise du capital sur la vie. Il faut citer Machiavel quand il explique : « Il n’est donc pas nécessaire à un prince d’avoir toutes les bonnes qualités dont j’ai fait l’énumération, mais il est indispensable de paraître les avoir ; j’oserai même dire qu’il est parfois dangereux d’en faire usage, quoiqu’il soit utile de paraître les posséder. Un prince doit s’efforcer de se faire une réputation de bonté, de clémence, de pitié, de justice, de fidélité à ses engagements, et de justice ; il doit avoir toutes ces bonnes qualités, mais rester assez maître de soi pour en déployer de contraires, lorsque cela est expédient. »5
La pseudo-moralité de l’État n’est que le paravent d’une prise de pouvoir totalitaire. Et l’on ne peut être qu’effrayés face à ces nouveaux militants pour les droits sexuels, ou les droits transgenres qui ont le pouvoir derrière eux, un pouvoir que, nous pouvons en être sûr, ils croient bienveillant…
Si le fascisme est ce mouvement qui tend à neutraliser la lutte des classes en poursuivant l’œuvre de domestication et d’exploitation de l’humain dans le cadre d’une société capitaliste, et si l’avènement de ce nouveau sujet que décrivait Arendt, l’animal laborans, est un des éléments clef du totalitarisme, alors les militants pour les droits sexuels et tout le lgbtisme sont des fascistes. À leur corps défendant, évidemment et c’est cela qui est terrible : ils croient être le bien et combattre le mal. Erreur historique absolue.
L’enseignement des droits sexuels à l’enfant est bien sûr fait du même bois : un geste d’endoctrinement de la jeunesse en vue de fabriquer son consentement au renoncement à la conception ancestrale de ce qu’est un humain. En effet, tous tendent à réduire l’homme à n’être plus qu’un individu standardisé, équipé de droits, et cohérent avec une gestion de masse. La lutte de classe est comme congédiée au profit de problématiques corporelles, sanitaires. Les droits sexuels et l’endoctrinement de la jeunesse sont une étape vers la mise en place d’un gouvernement mondial.
Arendt expliquait, avec d’autres, que rien de ce qui avait rendu Auschwitz possible n’avait été éradiqué. Adorno et Horkheimer écrivaient de leur côté, dès 1945, que la victoire des alliés allait entraîner la mise en place d’un ordre fasciste international. Nous y sommes.
Jacques Roure
- note 1 : Karl Marx – Friedrich Engels, L’idéologie allemande, Paris, Éditions Sociales, 1976, p.44.
- note 2 : Émile Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Presses Universitaires de France, Paris, 1993, p.106.
- note 3 : Benito Mussolini, La doctrine du fascisme, Kontre-Kulture, St Denis, 2020, p.17.
- note 4 : Pierre Bourdieu, Sur l’État, édition du Seuil, 2012, pp.59-60.
- note 5 : Machiavel, Le prince, trad. C. Roux-Lanier, Bordas, 1980, p.70.
Jacques Roure
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