Gaza : le Hamas se retire des négociations après “les massacres de l’ennemi”, Tel Aviv adopte une résolution contre la création d’un État Palestinien.
Les maigres espoirs d’une trêve à Gaza douchés. Le Hamas a annoncé dimanche dernier son retrait des négociations, en guise de réponse aux “massacres de l’ennemi”. L’armée israélienne a maintenu cette semaine un pilonnage constant sur l’enclave palestinienne, faisant des dizaines de morts mardi et mercredi. Ce dernier jour, Tsahal a annoncé avoir mené 25 frappes en 24 heures, pour cibler un “site de lancement de roquettes” et pour “éliminer des cellules terroristes”. Plusieurs écoles ont encore été ciblées et, malgré les appels à un cessez-le-feu, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, affirme que, au contraire, “c’est le moment d’augmenter la pression” sur le Hamas.
Les discussions à Doha étaient déjà vouées à l’échec. Le mouvement palestinien se disait pourtant prêt à faire une concession sur une condition majeure, à savoir la libération des otages en contrepartie d’un cessez-le-feu non permanent. Mais Tel Aviv exigeait, de surcroît à ses conditions, le contrôle du couloir de Philadelphie qui sépare l’Egypte de Gaza ainsi que le point de passage de Rafah, pour y arrêter la “contrebande d’armes”. Le Hamas a vite fait volte-face avant de se retirer, dimanche, des pourparlers, justifiant sa mesure par “l’intensification des massacres” tout en se disant "prêt" à y revenir si Israël montrait une "volonté sérieuse" d'aboutir.
"Le chef du bureau politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a informé lors d'une série d'appels les médiateurs et des intervenants régionaux" de cette décision, explique-t-on.
Une centaine de morts en 48H
Quatre écoles avaient été ciblées la semaine passée par des frappes aériennes, qui se sont intensifiées cette semaine, sur les mêmes cibles. Mardi, 57 personnes ont été tuées dans cinq bombardements, dont une visant une école administrée par l’ONU à Nusseirat (centre) et abritant, à ce moment-là, des déplacés. Tsahal affirme avoir visé "des terroristes se servant d'une école".
Le lendemain, mercredi, Rafah (sud) a été le théâtre d’un raid aérien qui a provoqué la mort de deux Palestiniens. Une autre frappe, cette fois-ci menée par un drone, a fait neuf morts dans la ville de Gaza (nord). Dans la soirée de la même journée, plusieurs autres bombardements ont de nouveau ciblé Nusseirat, Al-Chati et Al-Zawaida, faisant 15 morts. A Khan Younes, située au sud du territoire et à 10km du nord de Rafah (extrême-sud), quatre personnes, trois enfants et une femme, ont péri dans un autre bombardement.
Ces bilans sont dressés par la Défense civile et le ministère gazaoui de la Santé, qui a annoncé hier, jeudi, 38 848 morts et 89 459 blessés depuis le début de la guerre en octobre dernier. Les autorités sanitaires contrôlées par le Hamas font état de “trois massacres contre des familles”, qui ont fait “54 martyrs et 95 blessés” en 24 heures.
L'armée israélienne a communiqué sur ces bombardements, établissant 25 frappes entre mardi et mercredi. Selon Tsahal, celles-ci ont visé “un site de lancement de roquettes” et "éliminé des cellules terroristes". "C'est le moment d'augmenter encore la pression" sur le Hamas, expliquait mardi Benjamin Netanyahu. "Nous le tenons à la gorge", a-t-il ajouté le lendemain.
Si la communauté internationale ne réagit plus qu’aux frappes ciblant les écoles, les ONG comme Médecins Sans Frontières et Médecins du monde dénoncent ces bombardements qui "aggravent la catastrophe humanitaire". Avec plus de la moitié de ses 2,4 millions d'habitants déplacés qui manquent de tout, Gaza s’enfonce dans un désastre humanitaire et sanitaire. “La poursuite des opérations militaires imposent des obstacles aux livraisons humanitaires”, poursuivent-elles.
Le poste de Rafah, frontalier avec l'Égypte, est fermé depuis le début de l’opération terrestre dans cette ville en mai. La jetée flottante construite par les États-Unis, supposée augmenter la fréquence des livraisons et des distributions d’aides, prend officiellement fin, après 230 millions de dollars et une accumulation de déboires.
Rik Peeperkorn, représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans les Territoires palestiniens, a souligné avant-hier que seuls 16 de ses camions chargés d'aide sont entrés dans la bande de Gaza en juin par Kerem Shalom, le point de passage israélien. Des dizaines d'autres camions attendaient toujours de pouvoir accéder à l’enclave.
Une résolution contre la création d’un État palestinien votée
Sur le plan sanitaire, la même organisation a alerté jeudi sur une situation médicale “catastrophique”. Plus de 1 000 attaques contre les structures de santé ont été recensées par l’OMS, qui appelle à un “cessez-le-feu immédiat”.
Déterminé à poursuivre la guerre jusqu’à “l’élimination totale du Hamas” selon les termes de son Premier ministre, Israël entend également endiguer les efforts pour une reconnaissance de l’État palestinien, à laquelle de plus en plus de pays de la communauté internationale sont favorables. Dans la nuit du mercredi à jeudi, son parlement, la Knesset, a adopté une résolution s'opposant à "la création d'un État palestinien".
Le vote a fait réagir Paris, qui dénonçait, deux jours plus tôt, le bombardement de l’école administrée par l’ONU. Le Quai d’Orsay a exprimé "sa consternation", rappelant que cette décision était "en contradiction avec les résolutions adoptées au Conseil de sécurité des Nations unies".
"La création d'un État palestinien au cœur de la terre d'Israël constituera un danger existentiel pour l'État d'Israël", justifie la résolution. De son côté, Ursula von der Leyen, peu avant sa réélection à la tête de la Commission européenne, a déclaré que "le bain de sang à Gaza doit cesser immédiatement", appelant à "un cessez-le-feu immédiat et durable" et "la libération des otages israéliens".
Le secrétaire général de l’ONU dénonce surtout la politique israélienne en Cisjordanie occupée, “un pieu dans le cœur” pour la solution à deux États. "Certains développements récents plantent un pieu dans le cœur pour toute perspective de solution à deux Etats", a-t-il estimé.
"La géographie de la Cisjordanie occupée ne cesse d'être altérée par des mesures israéliennes administratives et légales. La saisie de grandes parcelles de terre dans des régions stratégiques et des changements dans la planification, la gestion des terres et la gouvernance devraient accélérer l'expansion des colonies de façon importante", déplore Antonio Guterres.
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