De la banalisation des couteaux, des fous et du RN
Dans au moins un domaine, les récentes élections ont enfin pu apporter un peu de clarté. Bien sûr, il ne s’agit pas du domaine politique tant l’explosion en vol du NFP, prévue et actée, donne à tant de politiciens l’occasion d’exprimer leurs talents de clown.
Non, si les choses sont plus claires, c’est clairement pour les gauchistes français qui ont enfin compris pourquoi le Rassemblement National bénéficie actuellement d’un tel élan électoral : il ne s’agit pas d’un hasard, pas plus qu’il ne s’agit d’une volonté populaire de mal voter. La gauche connaît le peuple, elle sait comment il vote (puisqu’il vote pour elle, sa seule vraie représentante) et sait que les électeurs qui s’égarent vers le parti de Marine Le Pen se sont évidemment égarés, tout comme se sont égarés jadis ces Français qui sont allés faire le djihad en Syrie. Il suffit pour s’en convaincre de lire les témoignages poignants consciencieusement recueillis par du Vrai Journalisme.
Et cet égarement n’a pas d’autre cause que la propagande de certains médias : c’est certain, le peuple aime la gauche et quand il ne l’aime plus, c’est qu’on lui a menti, qu’on l’a baratiné, qu’on lui a retourné la tête comme le fait, par exemple, CNews. Oh, cette antenne n’est pas la seule mais représente à elle seule une source majeure de cette confusion droitiste dans l’esprit facilement manipulable du peuple ! C’est d’ailleurs pour cela que des pétitions circulent pour lui interdire toute diffusion.
D’ailleurs, si CNews n’existait pas, qui parlerait de certains faits divers dans lesquels des petits différents gastronomiques aboutissent à des échanges de coups de feu ?
Or, sans ces médias qui relatent sans arrêt les petits faits divers crapoteux, qui montrent bien trop complaisamment une insécurité largement fantasmée, il va de soi que personne n’irait voter RN : sans ces nouvelles, sans ces informations, personne ne constaterait vraiment ni violence du quotidien, ni insécurité, ni incivilités, ni rien. Et tout le monde voterait correctement dans les différentes nuances de gauche.
Mais voilà : si les faits sont têtus, les faits divers sont de plus en plus banals, même les pires.
Banals sont les échanges (globalement pacifiques) de coups de couteau, qui sont souvent qualifiés de fous. Un regard biaisé, un mot de trop, une cigarette qui manque à l’appel, un bonjour un peu trop vif, et c’est l’engrenage.
Mais n’était-ce pas toujours le cas ? Allons, tout le monde sait que ces petits échanges de lames affûtées ont toujours existé, de tous temps, y compris à Paris. Sans ces médias, sans ces faits divers qui grossissent inutilement leur importance, tout le monde s’en porterait mieux, voyez-vous.
Banales aussi sont les utilisations alternatives de feux d’artifices, voire de cocktails molotovs. Allons, n’exagérons pas l’importance de ces faits divers. Après tout, qui n’a pas déjà enflammé des gamins de 16 ans à coup de cocktail molotov, pour tenter une expérience ou rire entre amis ?
Et surtout, qu’y a-t-il de plus banal qu’un fou en liberté, de nos jours ? C’est aussi ça, les valeurs de la République : une grande et large liberté pour tous de s’exprimer de toutes les façons possibles. Et si cela passe par quelques petits coups de canifs ici ou là, est-ce grave ? Est-ce important ? Est-ce vraiment utile que CNews, Valeurs Actuelles ou d’autres opuscules fascistoïdes d’extre-droite pro-Poutine s’éternisent sur le cas de ce meurtrier laissé libre car jugé irresponsable, et qui tente de tuer un soldat français, vraiment ?
Alors oui, certes, il est effectivement bien plus simple de généreusement badigeonner du qualificatif de “fou” sur les criminels violents de plus en plus nombreux sur le territoire.
D’une part et comme le rappelait un récent article (de février) à ce sujet, plus d’un tiers des immigrants, légaux ou non, qui déferlent actuellement sur l’Europe, déclarent des troubles mentaux : une étude menée en 2020 sur les réponses données par 2 999 primo-immigrants hors UE montrait ainsi que 35,91 % d’entre eux déclaraient un trouble psychique. L’observation sur le terrain – via les faits divers, par exemple – semble assez bien corroborer cette étude.
D’autre part, une fois déclaré fou, les suites judiciaires et politiques sont beaucoup plus simples à gérer que de vrais criminels bien responsables de leurs actes. Ces derniers encombrent les prisons, gênent les politiciens et font suer magistrats et policiers. Les premiers sont simplement remis à des services psychiatriques débordés ou à peu près inexistants, ce qui libère tout notre petit monde pour d’autres tâches bien plus gratifiantes.
Malheureusement, relâcher des fous peut entraîner des récidives graves.
Là encore, il semble qu’au delà des faits divers (vilains, pas beaux, inutiles et qui font honteusement monter le Rassemblement National), ce sont les chiffres officiels de la délinquance qui amènent de l’eau au moulin néfaste de nos méchants médias : avec une multiplication par 4,7 des faits observés, avec un millier d’agressions, 1500 actes de vandalisme, 600 cambriolages par jour et une attaque avec arme toutes les heures, la France semble lentement basculer du côté mexico-colombien de la sécurité et non du côté suisse.
C’est extrêmement agaçant parce que cela ne peut que contribuer à alimenter les rubriques “faits divers” de ces médias méchants et de CNews, cette chaîne d’extrême-droite évidemment fasciste. À force, cela pourrait pousser ce même peuple, outré de voir que rien n’est fait ou, pire encore, que le contraire du bon sens est cajolé avec tendresse par toute la gauche, à demander pourquoi la Justice française ne ressemble plus à rien ou pourquoi on a choisi d’arrêter d’enfermer les dangereux, les fous et surtout les fous dangereux.
Et ça, c’est vraiment le genre de questions qu’on ne veut surtout pas poser, surtout pas actuellement : il est bien plus urgent de savoir qui siègera au perchoir de l’Assemblée nationale ou qui sera le prochain incapable désigné Premier ministre.
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