Julian Assange témoigne devant le Conseil de l’Europe : « J’ai plaidé coupable d’avoir fait du journalisme »
Proposé par Françoise G
Source Le Média en 4-4-2
Julian Assange a témoigné devant la Commission des affaires juridiques de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, marquant son premier discours public depuis 2019. Le fondateur de WikiLeaks a passé ses quatorze dernières années confiné dans l’ambassade d’Équateur à Londres puis en détention à Belmarsh, une prison proche de Londres, avant d’être libéré en juin. « Je ne suis pas libre aujourd’hui parce que le système a fonctionné. Je suis libre aujourd’hui après des années d’incarcération parce que j’ai plaidé coupable de journalisme », a t-il déclaré.
Julian Assange a décrit son expérience de l’isolement prolongé comme une lutte constante pour maintenir non seulement son corps, mais aussi son esprit en vie. Il a souligné que cette épreuve a laissé des séquelles profondes, affectant chaque mot qu’il prononce. Malgré les difficultés, il a exprimé son obligation morale de témoigner des événements et d’aider à prévenir de nouvelles injustices.
« Passer d’années de confinement dans une prison de haute sécurité à me retrouver ici devant les représentants de 46 nations et 700 millions de personnes est un changement profond et surréaliste. L’isolement prolongé dans une cellule étroite impose des épreuves que peu peuvent imaginer. Pourtant, il est impératif que je me tienne ici aujourd’hui pour évoquer ces moments. »
Le fondateur de WikiLeaks a également remercié l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) pour ses résolutions en 2020 et 2021, qui ont appelé à sa libération et exprimé des inquiétudes concernant des rapports crédibles sur des discussions de son assassinat. Il a insisté sur l’importance de ces efforts pour sa libération, tout en regrettant que tant d’actions aient été nécessaires pour qu’il puisse voir la lumière du jour.
« Je suis également reconnaissant pour la déclaration de l’APCE en 2021, exprimant son inquiétude face à des rapports crédibles indiquant que des responsables américains avaient discuté de mon assassinat, et appelant une nouvelle fois à ma libération immédiate, » a-t-il ajouté. « Je félicite aussi la Commission des affaires juridiques et des droits de l’homme pour avoir mandaté une rapporteuse renommée, Sunna Ævarsdóttir, afin d’enquêter sur les circonstances entourant ma détention et ma condamnation, ainsi que sur leurs implications pour les droits humains. »
Julian Assange a également évoqué les conditions de détention de ses codétenus, soulignant les décès par pendaison, les meurtres et les négligences médicales. Il a exprimé son traumatisme et son incapacité à parler pleinement de ces événements, tout en insistant sur l’importance de témoigner pour honorer ces vies perdues.
« Je ne peux pas non plus encore parler des décès par pendaison, des meurtres, et des négligences médicales dont ont souffert mes codétenus. Ces tragédies humaines se sont multipliées autour de moi et restent gravées dans ma mémoire. Mon silence sur ce sujet n’est pas volontaire, mais bien le résultat d’un traumatisme qui demande encore du temps pour être surmonté. Pourtant, je me tiens devant vous pour honorer ces vies. »
Il a également mis en lumière la faiblesse des protections existantes pour les journalistes et les lanceurs d’alerte, espérant que son témoignage puisse aider ceux dont les cas sont moins visibles mais tout aussi vulnérables. Il a exprimé ses craintes concernant la liberté d’expression, soulignant l’impunité croissante et les représailles pour avoir dit la vérité. « Alors que je sors du cachot de Belmarsh, la vérité semble désormais moins discernable, et je regrette à quel point nous avons perdu du terrain pendant cette période. »
Julian Assange a évoqué le rapport révolutionnaire de la PACE sur les enlèvements de la CIA en Europe, révélant l’existence de centres de détention secrets et de méthodes d’enlèvement illégales opérées par la CIA sur le sol européen. Il a souligné que ces pratiques constituent une violation des droits de l’homme et du droit international.
Enfin, il a appelé à une prise de conscience urgente pour préserver la liberté d’expression et la quête de la vérité. Il a insisté sur l’importance de la vigilance et de l’engagement de tous pour veiller à ce que la lumière de la liberté ne s’éteigne jamais.
« La liberté d’expression et tout ce qui en découle se trouve à un carrefour sombre. Je crains que, à moins que des institutions comme la PACE ne prennent conscience de la gravité de la situation, il ne sera trop tard. Engageons-nous tous à faire notre part pour veiller à ce que la lumière de la liberté ne s’éteigne jamais, que la quête de la vérité perdure et que les voix des nombreux ne soient pas réduites au silence par les intérêts de quelques-uns. »
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