Télé, cinéma, streaming, on peut y voir des films ou des séries sur ces soldats américains, et se rendre compte d'une chose. C'est que même dans ces films et séries, on sent bien que malgré sa technologie, sa logistique, son armement, ses hommes sont de moins en moins guerriers. Ils ont plus peur de devoir laisser l'un des leurs au champ de bataille que d'avoir la hargne du combatant. Les guerres modernes n'ont pas endurcis la majorité d'entre eux, à défaut d'une petite minorité de warriors, qui pourtant ont parfois même du mal à suivre les entraînements commandos de la légion étrangère en Guyane française. Parce que l'amérique a peur de trop laisser sa jeunesse sur le carreau. Parce que l'amérique a peur de voir son peuple majoritairement réveillé par des guerres inutiles, impérialistes, qui sont déjà la cause de l'élection en partie, de Donald Trump. Parce que l'amérique a peur de perdre son ascendant face à une concurrence de plus en plus déterminée à en découdre sur le champ de bataille.
USA : Effondrement de l’armée
... “Effondrement”, – nous voulons dire de la popularité, ce qui est bien plus important que le fonctionnement du F-35.
Dans les opinions et les faveurs des citoyens américains pour les institutions américanistes, notamment par rapport au civisme et à la présence ou l’absence de corruption, les forces armées ont toujours été tout en haut du menu. Cette institution draine avec elle des valeurs à la fois très appréciées officiellement (pour la communication), et auxquelles les citoyens sont sensibles : le patriotisme, le courage et les vertus viriles, le risque suprême pour le bien commun, etc., – toutes ces choses prisées par les hordes LGTBQ.
En fait de “bien commun”, nous sommes certainement dans un territoire dense de lieux communs, mais c’est ainsi que les citoyens des démocraties modernistes fonctionnent, – du moins, selon les pressions de la communication par rapport aux réalités. Là encore, par rapport à la corruption de la communication (simulacre, mésinformation, etc.), les forces armées ont toujours bénéficié d’un préjugé très favorable, et l’on peut parler à leur égard d’un pilier de la légitimité du gouvernement US, malgré les très-nombreuses dérives, gaspillages, scandales, etc., et d’une façon générale un monstrueux manque d’efficacité (par rapport au coût).
Eh bien, ce n’est plus le cas, selon une enquête Gallup. Un cap symbolique semble avoir été franchi, en fonction des divers aspects de la situation des USA. Le pourcentage de confiance dans l’armée n’a jamais été aussi bas, – sauf en 1988, – depuis que la conscription a été abandonnée en 1973, comme l’explique un article de RT.com, – nul n’était mieux placé, on en conviendra, que les épouvantables Russes, avec leur monstrueuse barbarie et leur jalousie congénitale (selon nos sources bien placées à LCI) pour donner un jugement sans concessions de cette évolution de la popularité en berne des militaires-USA.
« Réalisé en juin, le sondage révèle que 60% des personnes interrogées expriment une “grande” ou une “assez grande” confiance dans l'armée, contre 64% l'année dernière. La confiance du public dans l'armée est tombée à 60% pour la dernière fois en 1997 et n'a jamais été aussi basse depuis 1988, lorsqu'elle s'élevait à 58%.
» Le soutien de l'opinion publique aux services américains a grimpé en flèche après les attentats du 11 septembre 2001, et les forces armées étaient plébiscitées à 82% lorsque le président George W. Bush a envahi l'Irak en 2003. L'élan de patriotisme qui a suivi les attentats du 11 septembre s'est estompé au fur et à mesure que les conflits en Irak et en Afghanistan s'éternisaient, et le taux d'approbation s'est maintenu aux alentours de 70% jusqu'en 2020, date à laquelle il a commencé à décliner régulièrement d'année en année.
» Les républicains sont traditionnellement plus enclins à soutenir l'armée que les démocrates, mais leur confiance s'est effondrée, passant de 91% en 2020 à 68% aujourd'hui. »
Les soubresauts annonciateurs
Les forces armées US sortirent de la Deuxième Guerre mondiale dans une formidable position de puissance, pour s’effondrer dans les mois qui suivirent du fait d’une démobilisation radicale et chaotique. Il faut lire à cet égard notre très longue série de textes sur « Le Trou Noir du XXème siècle » où est décrit cet épisode, avec le Général George Marshall écrivant en décembre 1945 :
« La démobilisation américaine de 1945 ne peut se comparer qu’à un seul autre cas dans l’histoire, celui de la désintégration de l’armée russe en 1917.»
Il faut donc oublier la guerre de 1941-1945, avec la gloire extrêmement sur-jouée de l’armée US, sa puissance matérielle considérable et observer combien l’après-guerre s’ouvre, pour la puissance militaire US, sur une crise colossale qui ne fut stoppée que pour éviter l’effondrement de l’industrie d’armement (aéronautique) et le possible/probable redémarrage de la Grande Dépression. Ensuite, l’on a une suite d’expéditions mi-figue mi-raisin d’assez piètre qualité, où l’essentiel, outre de verrouiller les marchés, semblait de mettre en évidence la puissance technologique comme axe de la puissance militaire et argument d’exportation. C’est à certaines de ces étapes (les “expéditions” en question) que les rappels d’audience indiqués par le texte nous renvoient, montrant bien un rapport de cause à effet.
Pour autant, il est évident que les forces armées jouaient au sein de la société US, ou ce qui en tenait lieu, un rôle de stabilisation et d’unification autour de valeurs patriotiques d’une extrême importance. On peut lire des confidences sur les conceptions que se faisaient à cet égard des amiraux de la Navy (Flotte du Pacifique), par exemple à la fin des années 1950, selon le témoignage personnel d’une source de très haute amitié (voir le 9 novembre 2017). La popularité des forces armées tenait à cette perception instinctive, qui s’habillait d’une croyance de moins en moins acceptable que cette élite était épargnée par la corruption qui corrompait tout le reste.
Résumons ainsi les dates de références données, leur signification, les causes des variations du sentiment public, etc.
• La date de 1973 est essentielle. Elle scelle dans le sang et dans l’encre de la loi la catastrophe vietnamienne. Le Système avait compris que c’était la présence de conscrits, donc du peuple, qui avait entrainé des troubles extraordinaires dans l’armée US dès 1968 (mutinerie, agressions contre des officiers, etc.), et par conséquent quelque chose comme la “nécessité de la défaite” bâclée et peinturlurée en semi-accord. La conscription fut donc abolie et nous pouvons commencer à tenir compte de la mesure de la popularité de l’armée.
• Gallup donne comme pourcentage le plus bas 58% de “satisfaits” en 1988. Dans ces temps-là, l’armée n’était effectivement pas populaire, plutôt par indifférence.
• Un autre chiffre de basses eaux (le deuxième après 1988), équivalent à celui de notre année 2023, est le 60% de 1997. Dans les deux cas, il s’agit d’une séquence où les mots d’ordre sont ceux du désarmement (Gorbatchev en 1988) et des “dividendes de la paix” (1997, requiem pour une Guerre Froide défunte).
• Puis les 82% de l’immédiat post-9/11. L’explication est évidente, devant le vertige qui saisit les USA, leur population et surtout leurs dirigeants. Ce sont ces derniers qui avaient décidé qu’ils réécriraient désormais l’histoire, comme l’on sait, et que l’armée ferait office de porte-plume.
« Nous sommes un empire maintenant et quand nous agissons nous créons notre propre réalité. Et alors que vous étudierez cette réalité, – judicieusement, si vous voulez, – nous agirons de nouveau, créant d’autres nouvelles réalités, que vous pourrez à nouveau étudier, et c’est ainsi que continuerons les choses. Nous sommes [les créateurs] de l’histoire... Et vous, vous tous, il ne vous restera qu’à étudier ce que nous avons [créé]. »
Nous disons volontairement “et surtout leurs dirigeants”, lesquels n’ont rien vu venir de l’évolution de cet « élan de patriotisme [qui] s'est estompé au fur et à mesure... », le taux de satisfaction de la population passant à un 70% encore satisfaisant mais plus du tout fiévreux. Puis, à partir de 2020, le déclin s’est enclenché jusqu’à l’actuel 60%.
Cette année est particulièrement remarquable puisqu’elle est la pire pour le recrutement depuis la fin de la conscription avec des taux de 25% d’engagements de moins que les normes nécessaires dans certaines armes. Tout cela apparaît dans un contexte de complet bouleversement où la chose militaire se trouve noyée dans d’étranges coutumes claniques...
« Depuis l'entrée en fonction de Biden en 2021, les politiciens et les experts républicains ont été parmi les plus féroces critiques du Pentagone. Ils ont reproché à l'armée ses obligations en matière de vaccins et son adhésion à la politique ‘Woke’, comme en témoignent l'offre de chirurgie de “réassignation sexuelle” aux soldats transgenres, l'enseignement de la ‘Théorie Critique de la Race’ et les efforts déployés pour supprimer le langage sexiste dans les casernes. »
L’armée comme miroir de la nation
Le trait le plus important à considérer est la cause des soubresauts de la popularité de l’armée. Jusqu’en 2020, la popularité de l’armée variait selon des évènements extérieurs, essentiellement politiques et militaires certes. Mais l’armée restait l’armée avec sa discipline, ses exigences de service, son inégalité organique puisqu’il existe une hiérarchie absolument impérative, etc.
Même s’ils recélaient des injustices, des faiblesses, des erreurs, etc., tous ces caractères ne mettaient pas en question les principes structurants de l’armée, – c’est-à-dire la nature, l’essence même de l’armée. Depuis 2020, tout cela est bouleversé. Les questions hygiéniques, médicales, sociétales et idéologiques, ont totalement bouleversé ces principes et déstructuré l’institution. L’armée qui était la garante d’une certaine unité et de l’harmonie de la nation, est devenue le réceptacle et le miroir de sa désunion catastrophique, et le laboratoire structurel des mesures révolutionnaires et postmodernistes qui sont imposées à la société.
L’armée US est devenue un énorme F-35 qui se serait inscrit au mouvement ‘Black Lives Matter’ et qui réclamerait constamment de changer d’appareillage électronique pour pouvoir changer de mission comme l’on change de genre sans pouvoir en accomplir aucune. L’Amérique est devenue un énorme F-35 et l’armée US veille autour du hangar, pour que personne ne mette en question son sexe, sa couleur et toutes ces sortes de chose.
Dès lors, l’armée, comme le reste, comme les politiciens et les programmes politiques, comme les publicités inclusives et les chefs d’œuvre réécrits à la mode de Notre-Temps, comme la première amirale nommée CNO (‘Chief of Naval Operations’) à l’insistance du séduisant Joe Biden n’intéresse plus guère l’opinion publique, sinon comme un repoussoir et un rappel de moins en moins supportable des guerres extérieures. Voilà donc encore un pilier qui s’effrite, se désagrège, se transforme en une étrange poussière, avec des bandes rouges et des étoiles qui s’en vont dans tous les sens au bord de mer et qu’un peu de sable efface...
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