mercredi 7 août 2024

LE PLAN

 L’Union européenne prépare un plan d’action pour l’Ukraine en cas de victoire de Trump.

Par Pierre Duval pour Observateur-Continental

L’UE a créé une équipe pour préparer le retour potentiel au pouvoir de l’ancien président américain Donald Trump. Le Financial Times a obtenu des informations sur des plans de Bruxelles pour assurer la continuité de sa politique si l’ex-président des États-Unis revenait à la Maison Blanche. Cette task force craint l’annonce du retrait de l’OTAN des États-Unis tout comme le stop au soutien militaire et financier de l’Ukraine et une guerre économique US contre l’UE avec le candidat républicain.  

Le Financial Tirmes fait savoir que «la Commission européenne a créé une équipe spéciale composée de hauts responsables pour préparer le retour éventuel de l’ancien président américain Donald Trump à la Maison Blanche». Actuellement, l’Union européenne élabore des stratégies pour faire face à d’éventuels changements radicaux dans les vues de la Maison Blanche, en particulier sur les questions de libre-échange et de soutien à l’Ukraine, si Donald Trump est élu président des États-Unis aux élections de novembre. Le groupe initié par l’UE examine également l’impact potentiel sur l’UE de la présidence potentielle de l’actuelle vice-présidente américaine et éventuelle candidate démocrate Kamala Harris.  

«Les élections américaines sont encore loin d’être terminées, nous devons donc déterminer à l’avance quelles pourraient être les conséquences dans chaque cas. Les hauts responsables du groupe discutent des aspects sur lesquels il convient le plus de se concentre», a déclaré, sous condition d’anonymat, l’un des interlocuteurs au Financial Times. L’équipe a été constituée par le bureau de la secrétaire générale de la Commission européenne, Ylva Johansson. Le groupe comprend un nombre assez limité de fonctionnaires de l’UE – ils représentent les services de la Commission européenne traitant notamment des questions de commerce, de concurrence et de relations extérieures», stipule le quotidien financier anglophone, précisant: «le ministère allemand des Affaires étrangères a également créé un groupe similaire pour préparer une éventuelle seconde présidence Trump, ont déclaré des responsables au Financial Times». 

Au sein de l’Union européenne, on craint qu’après être devenu président des États-Unis pour la deuxième fois, il puisse introduire des droits de douane punitifs sur les produits européens, mettre fin au soutien militaire et financier à l’Ukraine et contraindre Kiev à céder des territoires à la Fédération de Russie afin de mettre fin à la guerre.  

L’UE craint également que le candidat à sa réélection ne mette à exécution ses menaces antérieures et ne retire les États-Unis de l’OTAN ou ne sape la clause de défense mutuelle contre des pays qui, selon lui, ne dépensent pas suffisamment pour la défense de l’Alliance.  

L’équipe (task force) prévoit d’intensifier ses travaux en septembre et d’élargir ses contacts avec les gouvernements des États membres de l’UE pour partager des réflexions et des idées sur les risques pour le bloc et les moyens d’atténuer les conséquences des décisions négatives.  

Le groupe élabore également déjà des plans de communication en cas de changements radicaux dans la politique américaine à l’égard de l’Europe. Par exemple, si les États-Unis cessent de fournir une aide militaire à Kiev sous une éventuelle administration Trump, l’UE encouragera les contribuables à contribuer davantage à la défense de l’Ukraine. Observateur Continental signalait que pour l’Ukraine, Donald Trump menace de retirer les garanties de sécurité des États-Unis si les alliés persistent.  

Contre Kamala Harris la task force de l’UE se met aussi en branle. «Dans le même temps, il n’est pas certain que Kamala Harris hérite complètement de la politique de soutien à l’Ukraine de l’actuel président Joe Biden. La promesse de campagne de Donald Trump de mettre fin immédiatement à la guerre en forçant Kiev à céder des territoires à Moscou pourrait influencer l’opinion publique américaine sur la guerre entre la Russie et l’Ukraine, même s’il n’est pas élu président», assure Le Financial Times.  

Déjà en 2023, l’UE montrait son inquiétude quant aux résultats des élections aux Etats-Unis. «Les partis [US]] sont également en désaccord sur des sujets cruciaux pour les Européens comme le climat l’action, la guerre en Ukraine et les relations des États-Unis avec leurs alliés», indiquait le Conseil européen des relations extérieures (ECFR). «Concernant la position mondiale de l’Amérique et sa présence militaire à l’étranger, les partis sont partagés entre ceux qui croient en un engagement international limité des États-Unis, d’autres qui plaident en faveur d’une priorité à l’Indo-Pacifique et les partisans du maintien du leadership mondial des États-Unis, voire de leur primauté», continuait-il. 

En juillet dernier, l’ECFR a posé https://ecfr.eu/paris/publication/defendre-leurope-avec-moins-damerique/ la question: «Défendre l’Europe avec moins d’Amérique». L’élite de l’UE s’inquiète. L’ECFR liste la fragilité de la structure européenne: «La guerre de la Russie contre l’Ukraine a révélé l’état déplorable des armées et des industries de défense européennes après des décennies de dividendes de la paix, ainsi que leur profonde dépendance à l’égard des États-Unis»; «Une deuxième présidence Trump pourrait réduire considérablement le soutien des États-Unis à l’Europe en matière de défense»; «L’atrophie des forces militaires et des industries de défense européennes au fil des décennies a rendu leur assistance à l’Ukraine compliquée et lente».  

«Quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle américaine, la dégradation de l’environnement de sécurité européen et les priorités changeantes des États-Unis signifient que l’Europe doit être prête à assumer davantage de responsabilités pour sa propre défense», conclut l’ECFR. «L’industrie de défense européenne souffre de nombreuses faiblesses. Abandon de compétences critiques, sous-financement, dépendance vis-à-vis de pays tiers», constate Vie-publique, pointant du doigt: «Les États-Unis dominent le marché européen de la défense (63% des commandes dans l’UE)».  

Pierre Duval 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire