samedi 9 août 2025

CA VA SECOUER

 Affaire Epstein : Washington ouvre enfin la boîte de Pandore !

C’est une onde de choc qui traverse la capitale américaine et qui pourrait, pour la première fois, ébranler le socle d’immunité implicite dont jouissent certaines des figures les plus puissantes de l’État profond américain.
Le Comité de surveillance et de réforme gouvernementale de la Chambre des représentants, présidé par le républicain James Comer (Kentucky), vient d’émettre une série d’assignations à comparaître dans l’affaire Jeffrey Epstein, dont l’ampleur dépasse désormais largement la seule question de la criminalité sexuelle.
Du 11 août au 14 octobre 2025, une série d’auditions publiques secoueront les couloirs du Congrès. Parmi les personnalités appelées à témoigner sous serment : Ghislaine Maxwell, complice condamnée d’Epstein, mais surtout huit anciens hauts responsables de la justice américaine — William Barr, Alberto Gonzales, Jeff Sessions, Robert Mueller, Loretta Lynch, Eric Holder, Merrick Garland, James Comey — et deux figures politiques majeures : Hillary Clinton et Bill Clinton, 42e président des États-Unis.
C’est un pas sans précédent, voire impensable il y a encore quelques années. Jusqu’ici, l’affaire Epstein semblait enfermée dans un épais brouillard institutionnel, verrouillée par des intérêts puissants et couverte par des silences judiciaires à répétition. Mais depuis le vote du 23 juillet dernier, ce mutisme commence à se fissurer.
Ce qui me surprend ici, c’est le soutien transversal aux récentes motions. Si c’est bien le républicain Scott Perry (Pennsylvanie) qui a proposé l’assignation des Clinton, de Comey et des anciens procureurs généraux, sa proposition a été adoptée à l’UNANIMITÉ par le sous-comité fédéral d’application de la loi.
Fait encore plus marquant : une motion modifiée de la démocrate Summer Lee (Pennsylvanie), exigeant la comparution du Département de la Justice pour remise de documents liés à Epstein, a été adoptée par 8 voix contre 2.
Autrement dit : même les démocrates, jusque-là réticents, depuis DES ANNÉES, à ouvrir cette boîte noire, semblent reconnaître qu’il est temps de faire la lumière.
Peut-être à contrecœur. Peut-être pour éviter d’être emportés dans la tempête. Mais l’élan est là. On va le prendre!
Le comité a également voté plusieurs amendements cruciaux : publication de toutes les communications entre l’administration Biden et le DOJ sur l’affaire Epstein, protection de l’identité des victimes, et exclusion explicite de tout matériel pédopornographique.
Ce dernier point, proposé par Nancy Mace (R–Caroline du Sud), est venu souligner la gravité et la nature hautement sensible du dossier.
Mais l’essentiel est ailleurs : les élus exigent enfin des réponses documentées. Plus qu’un simple théâtre politique et médiatique, ces assignations pourraient réellement permettre de comprendre qui a protégé Epstein, quels intérêts ont été préservés, et jusqu’où cette affaire s’étend réellement...
L’assignation de Bill Clinton, prévue pour le 14 octobre, marque un sommet symbolique dans cette affaire, aussi. L’ancien président, qui a admis avoir voyagé à plusieurs reprises à bord du tristement célèbre Lolita Express, a toujours nié toute implication dans les crimes de Jeffrey Epstein. Pourtant, les liens récurrents entre son entourage et l’univers d’Epstein, notamment Ghislaine Maxwell, laissent planer des doutes. Pour la première fois, il devra répondre sous serment.
Quant à Hillary Clinton, son témoignage le 9 octobre pourrait aussi s’avérer délicat. Ancienne secrétaire d’État, elle fut proche de plusieurs figures impliquées, directement ou indirectement, dans le réseau Epstein. Son rôle dans la gestion diplomatique de certaines affaires liées à la traite humaine dans les Caraïbes et en Asie suscite, lui aussi, de nombreuses interrogations. On devrait en apprendre plus au cours de l'automne.
Autre fait marquant : la convocation de James Comey, ancien directeur du FBI (7 octobre) et de Robert Mueller, ancien directeur du Federal Bureau of Investigation (2 septembre), deux figures associées à des enquêtes sensibles et à des controverses autour de la transparence du FBI. Le fait que ces hommes — garants, en théorie, de l’intégrité institutionnelle, soient à leur tour convoqués en lien avec un réseau de trafic sexuel d’envergure internationale constitue un événement historique!
L’ancienne patronne du DOJ, Loretta Lynch (9 septembre), ainsi que ses prédécesseurs et successeurs — Holder, Gonzales, Sessions, Barr, Garland — devront eux aussi expliquer les lenteurs, les classements sans suite, et les zones d’ombre qui ont caractérisé l’affaire depuis plus de deux décennies.
Première à passer devant le comité : Ghislaine Maxwell, le 11 août. Condamnée en 2021 pour trafic sexuel de mineures, elle est aujourd’hui incarcérée à la prison fédérale de Tallahassee. Son témoignage pourrait poser les bases d’une cascade d’implications, notamment si elle décide de coopérer pour alléger ses conditions de détention. Les regards seront braqués sur elle. Aura-t-elle la liberté, ou l’audace, de tout dire en commission ?
Il le faudrait.
Reste à savoir jusqu’où ces auditions iront. Beaucoup craignent que l’opération, bien que spectaculaire, ne serve qu’à désamorcer une colère populaire croissante face à l’impunité des puissants. D’autres, comme moi, espèrent qu’il s’agira d’un tournant historique : le moment où l’État américain commence à nettoyer ses écuries d’Augias.
Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : l’affaire Epstein n’est plus enterrable. Elle revient, portée par des élus de tous les bords, par des citoyens déterminés, et par la crainte croissante que les institutions elles-mêmes aient été infiltrées.
Ce que les Américains, et le monde entier, veulent désormais, ce ne sont plus des hypothèses. Ce sont des noms. Des faits. Des aveux.
Et peut-être, pour une fois, de la justice pour les victimes.
Gardons la foi.

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