Comme l’avait courageusement souhaité Bruno Le Maire au début de l’invasion ukrainienne par la Russie, l’économie est maintenant à genoux, avec le petit souci qu’il s’agit de l’économie française : après neuf mois de sanctions diverses et de décisions – notamment énergétiques – parfaitement consternantes, la France réalise grâce à quelques bidouillages statistiques audacieux un magnifique surplace artistique avec une croissance symbolique autour du chiffre fétiche de notre ministre de l’Économie, à savoir zéro.
Après douze mois d’une tension palpable sur tous les marchés, des problèmes d’approvisionnements et une conduite du pays essentiellement faite à tâtons, le bilan n’est pas tout à fait aussi rose que celui qu’on nous vendait en janvier 2022. Cependant, ce qu’il y a de bien avec l’énergie, c’est que les effets de politiques désastreuses ne mettent pas dix ans à se manifester et au moins peut-on voir dès aujourd’hui le résultat concret des agitations spasmodiques du petit Bruneau de Bercy : c’est un effondrement du déficit commercial français record qui nous attend pour boucler l’année, qu’on devra certainement coupler à des faillites mémorables pour les entreprises françaises.
En effet, force est de constater que ces faillites sont déjà très nombreuses en Angleterre et au Pays-de-Galles, en Allemagne, et qu’il apparaît donc logique de considérer que l’Hexagone suit la même trajectoire sous l’impulsion courageuse de notre Mozart de la finance.
Certes, pour le moment, on n’en parle pas trop mais la situation est bel et bien critique : on trouve ainsi un nombre croissant de signaux de moins en moins faibles comme au Tribunal de Commerce de Lyon (deuxième juridiction de France) qui enregistre un bond de 42% des faillites supplémentaires par rapport à l’année dernière et craint que l’année 2023 ne soit franchement pire…
Et si, pour le moment, les titres de la propag presse française ne laissent pas filtrer un tableau trop sombre, on commence du reste à voir ces effets délétères déborder sur ces plateaux télé qui se font une spécialité de vendre de l’émotion par pack familial : les faillites sont maintenant plus qu’évoquées régulièrement.
Force est de constater qu’alors que les prix de l’énergie explosent, que les approvisionnements ne sont plus ni bon marché, ni même assurés tant certaines chaînes logistiques ont été bousculées par les confinements et autres expériences sociales débiles, les petits commerçants sont en première ligne lorsque la conjoncture se resserre d’un coup. L’exemple du boulanger invité par Hanouna n’est qu’une illustration de ce qui se passe à l’échelle de tout le pays, en vitesse accélérée, à mesure que les factures énergétiques s’empilent.
Et il ne faut pas regarder bien loin pour constater que ce qui touche les petits commerçants et artisans finit aussi par toucher les entreprises moins familiales, moins locales, et plus importantes. Ainsi, signalons par exemple la fermeture de la plupart des chaînes de production de William Saurin ; certains taquins y verront un gain net pour la gastronomie française, mais plus sérieusement, cela se traduira surtout par une nette diminution des approvisionnements en conserves alimentaires. Peut-on se réjouir d’étalages potentiellement vides ?
Il est d’ailleurs intéressant de constater que si la presse évoque quelque peu ces entreprises et ces commerçants qui, confrontés à des prix d’exploitations exorbitants, sont obligés de mettre la clé sous la porte, cette même presse se fait bien plus discrète sur d’autres exploitations dont les difficultés ne se feront sentir qu’en fin d’année prochaine : si les boulangers ferment maintenant parce que l’énergie est trop chère, nombre d’agriculteurs ne peuvent tout simplement pas planter maintenant parce que ce n’est juste plus rentable. Or, ce qui n’est pas planté aujourd’hui ne provoquera de pénurie que bien après demain, lorsqu’il n’y aura rien à récolter à la fin de l’été 2023. Explosion du prix des engrais et des intrants en général, explosion des prix des carburants utilisés par les machines outils et les matériels agricoles, tout concourt à une récolte 2023 nettement moins abondante que les récoltes précédentes.
Bref, à la désindustrialisation déjà avancée de la France, il va falloir y ajouter l’abandon du secteur agricole à son tour. Cette crise majeure qui va plonger les Français dans le noir puis la misère, et nos imbéciles de gouvernants dans l’hébétude, semble échapper au débat public. Et pour rappel, la loi qui vise à la fermeture de 12 réacteurs nucléaires supplémentaires d’ici 2030 n’a toujours pas été abrogée.
Pire : ne disposant que du marteau monétaire pour résoudre leurs problèmes qui ressemblent maintenant tous à des clous, les clowns à roulettes au pouvoir ont tenté d’amoindrir les effets de cette crise énergétique en distribuant des billets et des chèques, pensant pouvoir remplacer la production de mégawatts par une distribution généreuse du pognon gratuit des autres. Las, ça ne marchera pas : s’il fut jadis aisé de noyer les soucis provoqués par les subprimes dans l’argent facile, si l’endettement pouvait constituer un camouflage temporaire de la crise grecque puis, plus tard, des problèmes provoqués par les confinements, il sera en revanche complètement contre-productif de reproduire les mêmes méthodes avec des problèmes de logistique et de production.
Alors oui, malgré les chiffres issus de statistiques manifestement frelatées indiquant une croissance atone plutôt qu’une récession ferme, il faut s’attendre à une année 2023 particulièrement raide, pour tout le monde ou presque. Et oui, cette austérité contrainte n’est que le fruit des choix politiques énergétiques lamentables cumulés depuis plus de trente ans et n’a été accéléré que par les décisions, toujours politiques, de ces derniers mois en matière d’énergie et de commerce international.
Les engagements politiques étant ce qu’ils sont, nous allons au casse-pipe.
Heureusement, toute la faune écoloboboïde a déjà compris qu’en renommant la récession sanglante qui arrive en “décroissance”, le peuple ira, en chantant, vers ce nouveau paradis de miel (rationné) et de lait (surtaxé). Et si cette joyeuse diminution (forcé) de la production et de la consommation laisse quelques ventres vides et provoque quelques grincements de dents, bah, ce n’est pas grave.
On sait comment faire.
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