Les pays européens cherchent des sources alternatives au gaz russe, du lancement de centrales à charbon aux centrales nucléaires, mais cela ne permettra pas de compenser les quantités manquantes.
L’économie mondiale entrera inévitablement en récession d’ici un an, affirment les analystes. Les prix des hydrocarbures ont renouvelé plusieurs fois leurs sommets historiques, alors que les actions et les obligations mondiales ont perdu un record de 36.000 milliards de dollars.
L’Union européenne cherche à surmonter la crise énergétique: elle établit un plafond des prix du gaz, dépense des milliards d’euros pour les subventions et l’aide aux habitants. Mais les problèmes sont loin d’être réglés.
L’UE s’est retrouvée confrontée à la crise énergétique encore en 2021. La reprise économique après la pandémie a entraîné un déséquilibre entre la demande et l’offre, alors que l’hiver froid a poussé à augmenter la consommation de gaz. Après quoi, son prix s’est envolé à 2.000 dollars.
En mars dernier, sur fond de conflit en Ukraine, les cours ont atteint 3.900 dollars, renouvelant le record historique. En décembre, le gaz se vendait à 1.300 dollars, mais les experts sont persuadés que c’est temporaire: il fait chaud dans la région, mais une nouvelle vague de froid est attendue en période de Noël.
Les pays de l’UE ont établi un plafond à partir du 15 février 2023 afin d’éviter des fluctuations de prix importantes. Il s’élèvera à 180 euros par MWh ou 1.900 dollars les mille mètres cubes. Ce mécanisme fonctionne à deux conditions: si le prix du gaz se maintient pendant trois jours à hauteur de 180 euros et si l’écart avec le gaz naturel liquéfié (GNL) dépasse 35 euros.
« C’est un grand succès obtenu ces derniers jours par la présidence tchèque dans l’UE! Nous sommes convenus de plafonner les prix du gaz, a écrit sur Twitter le premier ministre tchèque Petr Fiala. Ainsi nous avons réussi à déboucher sur une entente importante qui assurera une énergie accessible pour les ménages et les entreprises. »
Mais le plafond établi ne règlera pas le problème, car cette limite représente le double du prix du marché.
L’Europe a déjà perdu environ 1.000 milliards de dollars à cause de la hausse des prix des hydrocarbures, et ce n’est que le début de la crise, rapporte l’agence de presse Bloomberg, se référant à ses propres estimations. La situation sur le marché restera tendue jusqu’en 2026, tant que les États-Unis et le Qatar n’augmenteront pas leurs capacités d’exportation. D’ici là, le prix du gaz restera élevé.
D’autant que l’année prochaine l’UE pourrait se retrouver confrontée à un déficit de 27 milliards de mètres cubes. Cela arrivera si la Russie cesse complètement les livraisons et si la Chine rétablit sa consommation au niveau d’avant la pandémie, prédit l’Agence internationale de l’énergie. La Commission européenne a exigé de remplir d’ici le 1er février les réserves à au moins 45% afin d’éviter leur épuisement en fin de période de chauffage.
Les quantités manquantes seront compensées par les importations de GNL des États-Unis, d’Australie et du Qatar, la production de gaz intérieure augmente en Europe même, la Norvège accroît les quantités de gaz transporté par conduites. Mais le déficit ne sera pas comblé. C’est pourquoi les pays européens ouvrent de nouveau des centrales de charbon, cherchent à rouvrir des centrales nucléaires, travaillent sur l’augmentation de la production d’énergie grâce aux sources renouvelables.
La crise énergétique persistera: si en 2022 l’UE avait réussi au premier semestre de remplir ses stocks en gaz russe, cela ne sera pas le cas l’année prochaine. Par conséquent, il faudra de nouveau allouer des fonds supplémentaires pour compenser les dépenses des entreprises et de la population à cause des tarifs élevés, et cela nécessitera bien plus de 1.000 milliards de dollars.
Le coût d’électricité en Europe a mis en péril l’économie de la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) a revu à la hausse les prévisions de l’augmentation des prix de consommation en 2022 jusqu’à 8,4%, et jusqu’à 6,3% en 2023. De plus, selon le nouveau pronostic, le PIB de la zone euro en 2022 augmentera de 3,4%, contre 3,1% prévus plus tôt. Mais les attentes pour 2023 se sont détériorées de 0,5% à 0,9%.
L’UE est entrée en récession, c’est déjà reconnu par les hauts fonctionnaires et les autorités financières de l’UE. D’après les experts, il ne peut être question d’une croissance du PIB: l’inflation est élevée, le taux de la BCE a augmenté, ce qui entraînera une stagnation de l’économie, les entreprises délocalisent activement aux États-Unis à cause des coûts élevés de l’énergie, etc. Et même s’il y avait une croissance, elle ne dépasserait pas l’erreur statistique, jusqu’à 1%.
Ils supposent que la crise se fera le plus sentir dans les pays où l’inflation a franchi la barre des 10%, en Allemagne et au Royaume-Uni, ainsi que dans les pays baltes, où l’inflation est supérieure à 20%.
Même si le conflit en Ukraine se terminait à court terme, cela ne règlerait pas le problème. Les perspectives divergent selon les pays: des pertes économiques catastrophiques en Ukraine à une réduction significative de l’économie en Russie et l’impact sur les pays d’effets secondaires de la guerre via les canaux des matières premières, du commerce et des finances. L’état global de l’économie, l’inflation élevée, les problèmes d’hydrocarbures, leur pénurie importante, tout cela se reflètera négativement sur le PIB.
Alexandre Lemoine
http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=4512
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire