Les jeunes consomment toujours plus d'antidépresseurs depuis la crise sanitaire
Comme le démontre une étude de l’Assurance Maladie, sur l’année 2023, ce sont près de 936 000 jeunes qui ont été remboursés au moins une fois pour un médicament psychotrope (antidépresseurs notamment). Une augmentation de 18% par rapport aux résultats obtenus en 2019.
Il y a un an, France Inter soulignait déjà l’augmentation notoire des antidépresseurs chez les jeunes. Entre 2014 et 2021, sa consommation a bondi de 62% selon un rapport du Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA). À ce moment, l’institution soulignait que « les enfants sont nettement plus exposés que les adultes à la souffrance psychique et aux difficultés psychologiques ».
Face au phénomène, les études se multiplient afin de surveiller son expansion et prévenir les dérives associées. Parmi les raisons invoquées, Les Échos soulignent qu’un tournant s’opère à partir de la pandémie de Covid sur les 12-25 ans. Ces derniers seraient sujets à davantage de troubles psychiques. Bien que l’augmentation la plus forte soit celle des antidépresseurs, grimpant à 60%, d’autres augmentations notables sont à souligner. Parmi elles, les antipsychotiques utilisés dans le traitement de la schizophrénie et de la bipolarité, qui ont bondi de 35%.
Un constat d’autant plus préoccupant qu’il ne s’agissait pas de la pente entreprise entre 2015 et 2020, selon l’organisme du système de santé. C’est à partir de 2021 qu’une hausse brutale s’opère, avec une augmentation de 12%. Confinement, vous dites ?
« La souffrance était déjà là mais la crise sanitaire l'a amplifiée. Les jeunes, qui ont besoin de se projeter, se sont retrouvés isolés » déplore Maria Melchior, épidémiologiste à l'Inserm. Selon la spécialiste, « cela peut devenir un cercle vicieux. Lorsqu'un jeune sort de sa scolarité, il est difficile de revenir. »
En plus de l’âge, le genre vient lui aussi largement varier. Sur la tranche d’âge des 12-25 ans, ce sont pour 62% les filles qui sont représentées dans la délivrance de psychotropes. Une croissance que le pédopsychiatre au CHU de Brest, Guillaume Bronsard, explique par un souci d’internalisation dont souffre majoritairement les jeunes filles, menant à l’expression d’un mal-être par le biais de la scarification ou de « conduites suicidaires ».
Il y a un an, la HCFEA dénonçait un « effet ciseau » provoqué par l’augmentation de la consommation de médicaments qui serait non sans lien avec la baisse de l’offre de soin dans l’hexagone. Face aux délais d’attente devenus indécents pour permettre des soins adaptés aux plus jeunes, variant entre 6 et 18 mois, ce sont les médecins généralistes qui prennent le relai. Selon Sylviane Giampino, psychologue de l’enfance et présidente de l’HCFEA, « il y a beaucoup d'enfants qui ne sont pas soignés et les délais sont longs du coup, les impacts sur leur développement, sur l'aggravation de leurs difficultés sont inacceptables ». La désertification médicale devient une véritable urgence sanitaire dans notre pays, menant à des comportements qui ne sont plus pris en charge à temps et menaces nos plus jeunes générations, plus à risque sur les souffrances psychiques et les difficultés psychologiques que les adultes.
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