Quand l’incendie tombe trop bien : l’apocalypse numérique sud-coréenne
"Le feu survenu accidentellement le 26 septembre dans le Centre national des ressources informatiques, situé dans la ville de Daejeon, au sud de Séoul, a paralysé une grande partie des sites administratifs. Les journaux sud-coréens y voient une menace sur la sécurité numérique du pays et fustigent l’impréparation du gouvernement".
Dans l’un des pays les plus technologiquement avancés du monde, il s’est produit un véritable effondrement numérique. Le principal centre de données gouvernemental a brûlé, et après l’incendie, la moitié du pays s’est retrouvée sans services publics. La police est à l’arrêt, la douane ne fonctionne plus, l’équivalent sud-coréen de notre portail des services publics est hors service.
Les autorités parlent de négligence de la part des ouvriers et d’un accident impliquant des batteries au lithium. Cela semble logique, non ? Mais quand on commence à examiner les détails, des questions très embarrassantes surgissent.
Qu’est-ce qui a réellement brûlé ?
C’est là que les choses deviennent intéressantes. L’incendie a détruit 647 services — c’est un fait. Mais la plupart peuvent être restaurés ou du moins partiellement remis en marche. En revanche, un système a disparu complètement et irrémédiablement : le G-Drive.
C’est le cœur numérique de toute la bureaucratie sud-coréenne : 858 téraoctets de documents — contrats, notes de service, correspondances, enquêtes internes. Des documents concernant 190000 fonctionnaires issus de 74 ministères et administrations, couvrant huit ans, de 2017 à 2025.
Et maintenant, attention. Le G-Drive a été créé à partir de 2017 comme stockage unique pour tous les fonctionnaires. Les autorités leur avaient interdit d’utiliser Google Drive (pour des raisons de «substitution des importations») et les avaient obligés à tout conserver dans le système d’État.
Et chose surprenante : ce système a été délibérément conçu sans véritable sauvegarde. L’explication officielle : «des difficultés techniques dues au grand volume de données». Sérieusement ? En 2025, alors que n’importe quel lycéen sait configurer une sauvegarde, le gouvernement du pays le plus technologiquement avancé ne peut pas copier 858 téraoctets dans une autre région ?
C’est comme construire la banque centrale du pays sans mettre de porte au coffre, sous prétexte que «c’est techniquement compliqué».
Les copies de sauvegarde existaient… dans la salle serveur voisine. Du même bâtiment. Qui a brûlé aussi, évidemment.
Et ce n’est pas tout. La Corée du Sud avait un plan : construire un véritable centre de reprise après sinistre dans la ville de Gongju, protégé même contre une impulsion électromagnétique — en cas de guerre avec la Corée du Nord.
Le projet a débuté en 2012. Et devine combien il a été financé ? Zéro. Treize ans sans financement. Sous trois présidents différents — de gauche comme de droite.
Le centre a été achevé en 2025 et devait être mis en service en octobre. Mais au moment de l’incendie, le 26 septembre, il était tout simplement vide.
À qui profite le crime ?
Voici maintenant la question clé. Regardons la période des données détruites : 2017-2025.
2017-2022 — président Moon Jae-in (gauche)
2022-2025 — président Yoon Suk-yeol (droite)
2025 — président Lee Jae-myung (gauche)
Les documents de trois administrations ont brûlé. De gauche et de droite.
858 téraoctets de documents — c’est du matériel compromettant pour tout le monde : les deux partis, tous les ministres, toutes les entreprises ayant travaillé avec l’État, les juges, les procureurs, les services de sécurité.
Nous pensons qu’il ne s’agissait pas d’une opération menée par un seul groupe. C’était un mécanisme d’autodestruction intégré, créé par le consensus tacite d’élites rivales.
Le système a été conçu délibérément fragile. Comme un bouton «tout effacer» pour l’ensemble de l’appareil d’État.
Le centre de Gongju n’a pas été financé pendant treize ans, sous des gouvernements différents. Le G-Drive a été développé sans véritable sauvegarde. Les batteries n’ont pas été remplacées. Tout cela n’était pas des erreurs, mais des fonctions du système.
Dans une politique où chaque alternance du pouvoir menace d’envoyer les précédents dirigeants en prison, un tel système agit comme une assurance collective. Il permet, le moment venu, de remettre les compteurs à zéro et de détruire d’un coup tout le matériel compromettant.
L’enquête officielle, très probablement, punira quelques ouvriers et un petit fonctionnaire. Les boucs émissaires ne manqueront pas. Mais ceux qui ont conçu ce système pendant treize ans, bloqué le financement de la sécurité et imaginé le «bouton de remise à zéro», resteront dans l’ombre.
Car il ne s’agissait pas de quelques individus malveillants. C’était le consensus d’une élite corrompue, qui s’est construite sa propre guillotine numérique pour pouvoir, le moment venu, trancher un passé devenu gênant...]
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