"Après le mandat de Mario Draghi qui a mené sans état d’âme une politique d’assouplissement dont le premier effet a été de faciliter le déficit budgétaire des Etats méditerranéens, le mandat de Christine Lagarde devrait confirmer cette subordination discrète de la banque centrale aux gouvernements dépensiers. Alors même que ce choix de taux bas éprouve durement les systèmes bancaires, dont le système allemand, et appauvrit progressivement les épargnants, au profit des bénéficiaires des aides sociales, la BCE devrait continuer à servir la soupe aux gouvernements qui se reposent sur la dépense publique pour assurer leur réélection."
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"Il n’en reste pas moins que ce choix pourrait se révéler très dangereux, pour trois raisons.
La première raison est qu’il encourage les Etats à s’endetter encore plus, et à ne pas se réformer. Dans le cas particulier de la France, cet encouragement est un véritable pousse-au-crime. Il est à rebours de la logique de Maastricht et nourrit les choix toxiques de certains gouvernements en matière publique, qui sont autant de facteurs de risques financiers nouveaux.
La deuxième raison est qu’il déstabilise à long terme la zone euro et ouvre les perspectives d’une crise monétaire grave. En Europe, en effet, les politiques budgétaires sont hétérogènes et la politique monétaire tient lieu de politique budgétaire expansionniste pour la moitié des Etats membres, dont la deuxième économie du continent. Pour la survie de la zone euro elle-même, ces déséquilibres pourraient constituer un puissant piège en cas de coup de tabac financier.
La troisième raison tient à l’absence de marge de manœuvre en cas de retournement conjoncturel. D’ordinaire, une baisse de taux permet de corriger les effets d’une crise financière en relançant la machine. On sait que l’Europe utilise désormais cette arme chaque jour par facilité. C’est une réponse possible de moins en cas de marasme.
Comme on le voit, Emmanuel Macron n’a guère de difficulté à sacrifier l’avenir pour sauver son présent."
https://leblogalupus.com/2019/07/08/pourquoi-la-nomination-de-lagarde-a-la-bce-est-contraire-aux-traites-europeens-par-eric-verhaeghe/
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