Ces amendements ouvriraient la porte à une dangereuse bureaucratie mondiale de la santé
- Les nouveaux amendements proposés au Règlement sanitaire international suffiraient à eux seuls à conférer à l’OMS un pouvoir sans précédent pour diriger les politiques internationales en matière de santé et de vaccination dans des circonstances considérées par l’OMS comme une « urgence de santé publique de portée internationale ».
- Ces amendements au Règlement sanitaire international nous conduiraient vers une bureaucratie mondiale de la santé publique avec une responsabilité démocratique limitée, des conflits d’intérêts flagrants et un potentiel important de dommages systématiques à la santé et aux libertés des citoyens.
La pandémie de Covid a donné à l’Organisation mondiale de la santé et à ses partenaires une visibilité sans précédent et un énorme pouvoir « doux » pour façonner la législation et les politiques de santé publique dans le monde entier. Depuis un an environ, l’OMS s’efforce de consolider et d’étendre son pouvoir de déclarer et de gérer les urgences sanitaires à l’échelle mondiale.
Les principaux instruments de cette consolidation sont un accord de l’OMS sur les pandémies et une série d’amendements de grande portée au règlement sanitaire international (RSI) existant. La date butoir pour la finalisation des amendements au RSI et du nouvel accord sur les pandémies est mai 2024.
L’effet net du texte proposé pour l’accord sur les pandémies et des amendements proposés au Règlement sanitaire international serait de créer une base juridique et financière pour l’émergence d’un régime de biosurveillance élaboré et coordonné au niveau international et de renforcer considérablement l’autorité de l’Organisation mondiale de la santé pour diriger et coordonner la réponse internationale aux menaces mondiales et régionales pour la santé publique.
On ne sait pas très bien pourquoi l’OMS a décidé de négocier un traité distinct sur les pandémies qui fait double emploi avec les amendements proposés au RSI. Quoi qu’il en soit, la plupart des changements profonds apportés aux réglementations sanitaires mondiales sont déjà contenus dans les amendements au RSI, et c’est donc sur eux que nous nous concentrerons ici.
Même si l’OMS ne parvenait pas à faire adopter un nouveau traité sur les pandémies, les amendements proposés au Règlement sanitaire international suffiraient à eux seuls à conférer à l’OMS un pouvoir sans précédent pour diriger les politiques internationales en matière de santé et de vaccination dans des circonstances considérées par l’OMS comme une « urgence de santé publique de portée internationale ».
L’OMS souhaite que les amendements au RSI soient finalisés à temps pour l’Assemblée mondiale de la santé de l’année prochaine, prévue du 27 mai au 1er juin 2024. En supposant que les amendements soient approuvés par une majorité simple des délégués, ils seront considérés comme pleinement ratifiés 12 mois plus tard, à moins que les chefs d’État ne les rejettent officiellement au cours de la période de retrait désignée, qui a été ramenée de 18 à 10 mois.
S’ils sont ratifiés, ils entreront en vigueur deux ans après leur annonce à l’Assemblée mondiale de la santé de mai 2024 (c’est-à-dire vers juin 2026), comme le stipule l’annexe aux amendements au Règlement sanitaire international (2005) adoptés le 28 mai 2022.
En d’autres termes, les révisions du Règlement sanitaire international seront adoptées par défaut plutôt que par acceptation formelle des chefs d’État. Le silence des chefs d’État sera interprété comme un consentement. Il est donc d’autant plus facile pour le RSI révisé d’être adopté sans examen législatif approprié et sans débat public dans les États soumis au nouveau cadre juridique.
Pour se faire une idée de la manière dont ces modifications du droit international sont susceptibles d’influer sur les politiques des gouvernements et, plus généralement, sur la vie des citoyens, il suffit de passer en revue une sélection des amendements proposés. Bien que nous ne sachions pas lesquels de ces amendements survivront au processus de négociation, la direction prise est alarmante.
Pris ensemble, ces amendements au Règlement sanitaire international nous pousseraient dans la direction d’une bureaucratie mondiale de la santé publique avec une responsabilité démocratique limitée, des conflits d’intérêts flagrants et un potentiel significatif de dommages systématiques à la santé et aux libertés des citoyens.
Les amendements discutés ci-dessous sont tirés d’un document de 46 pages hébergé sur la page web de l’OMS et intitulé « Compilation article par article des amendements proposés au Règlement sanitaire international (2005) soumis conformément à la décision WHA75(9) (2022) ». Comme ces modifications sont négociées en grande partie en dehors du cadre des politiques électorales nationales, le citoyen moyen en est à peine conscient.
Si ces amendements entrent en vigueur, les États seront tenus par le droit international, en cas d’urgence de santé publique (telle que définie par l’OMS), de suivre le cahier des charges des politiques de santé déterminées par l’OMS et son « comité d’urgence » d' »experts », ce qui laissera beaucoup moins de marge de manœuvre aux parlements et aux gouvernements nationaux pour établir des politiques qui divergent des recommandations de l’OMS.
Dans la mesure où les États nationaux consentent formellement aux amendements du RSI, leur souveraineté resterait intacte, d’un point de vue juridique. Mais dans la mesure où ils s’obligent à danser au diapason d’acteurs politiques ne relevant pas de la politique nationale, ils perdraient clairement leur liberté de définir leurs propres politiques dans ce domaine, et les « gourous » de la politique de santé, au lieu de représenter leurs concitoyens, représenteraient un régime de santé mondial transcendant la politique nationale et opérant au-dessus de la loi nationale.
Dans le cadre d’un régime de santé publique coordonné au niveau mondial, activé par une urgence de santé publique internationale déclarée par l’OMS, les citoyens seraient vulnérables aux erreurs commises par les « experts » nommés par l’OMS et siégeant à Genève ou à New York, erreurs qui pourraient se reproduire à travers un système de santé mondial avec peu de résistance de la part des gouvernements nationaux.
Les citoyens ont le droit de savoir que les règlements modifiés, dans leur état actuel, donneraient un pouvoir sans précédent à un régime de santé mondial dirigé par l’OMS et, par voie de conséquence, à ses acteurs financiers et politiques les plus influents, tels que le Forum économique mondial, la Banque mondiale et la Fondation Bill et Melinda Gates, qui sont tous largement hors de portée des électeurs et des législateurs nationaux.
Il existe des dizaines de propositions d’amendements au Règlement sanitaire international de 2005. Je mettrai ici l’accent sur huit modifications particulièrement préoccupantes en raison de leurs implications pour l’indépendance des régimes nationaux de santé et pour les droits des citoyens :
Les États s’engagent à suivre les conseils de l’OMS en tant qu' »autorité d’orientation et de coordination » en cas d’urgence sanitaire internationale.
L’un des amendements au RSI (Règlement sanitaire international) stipule que « les États parties reconnaissent l’OMS comme l’autorité d’orientation et de coordination de l’action sanitaire internationale en cas d’urgence de santé publique de portée internationale et s’engagent à suivre les recommandations de l’OMS dans leurs actions de santé publique internationale ». Comme beaucoup d’autres « engagements » pris dans le cadre de traités, les moyens dont disposent les autres parties au RSI pour faire respecter cet « engagement » sont limités.
Néanmoins, les États parties à la nouvelle réglementation seraient légalement tenus d’adhérer aux recommandations de l’OMS et pourraient perdre leur crédibilité ou souffrir politiquement s’ils ne respectaient pas les engagements pris dans le cadre du traité international. Cela peut sembler « inefficace » pour certains, mais la réalité est que ce type de « soft power » est le moteur d’une grande partie du respect du droit international.
Suppression des termes « non contraignants »
Dans la version précédente de l’article 1, les « recommandations » de l’OMS étaient définies comme des « avis non contraignants ». Dans la nouvelle version, elles sont simplement définies comme des « conseils ». La seule interprétation raisonnable de ce changement est que l’auteur a voulu supprimer l’impression que les États étaient libres de ne pas tenir compte des recommandations de l’OMS. Dans la mesure où les signataires « s’engagent à suivre les recommandations de l’OMS dans leurs actions internationales de santé publique », il semblerait en effet que ces « conseils » deviennent juridiquement « contraignants » en vertu de la nouvelle réglementation, ce qui rendrait juridiquement difficile pour les États de s’écarter des recommandations de l’OMS.
Suppression de la référence à la « dignité, aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales »
L’un des aspects les plus extraordinaires et les plus troublants des amendements proposés au RSI est la suppression d’une clause importante exigeant que la mise en œuvre du règlement se fasse « dans le plein respect de la dignité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales des personnes ».
À la place, la nouvelle clause stipule que la mise en œuvre des règlements doit être « fondée sur les principes d’équité, d’inclusivité et de cohérence et conformément aux responsabilités communes mais différenciées des États parties, en tenant compte de leur développement social et économique ». Il est difficile de comprendre comment un adulte sain d’esprit et responsable pourrait justifier la suppression de la « dignité, des droits de l’homme et des libertés fondamentales » du Règlement sanitaire international.
Extension du champ d’application du Règlement sanitaire international
Dans la version révisée de l’article 2, le champ d’application du RSI inclut non seulement les risques pour la santé publique, mais aussi « tous les risques susceptibles d’avoir un impact sur la santé publique ». En vertu de cet amendement, le Règlement sanitaire international et son principal organe de coordination, l’OMS, s’intéressent non seulement aux risques pour la santé publique, mais aussi à tous les risques sociétaux imaginables susceptibles d’avoir un « impact » sur la santé publique. Stress au travail ? L’hésitation vaccinale ? Désinformation ? Désinformation ? Disponibilité des produits pharmaceutiques ? Faible PIB ? La base d’intervention et d’orientation de l’OMS pourrait être élargie à l’infini.
Consolidation d’une bureaucratie sanitaire mondiale
Chaque État devrait nommer un « point focal national RSI » pour « la mise en œuvre des mesures sanitaires en vertu de ces règlements ». Ces « points focaux » pourraient bénéficier du « renforcement des capacités » et de l' »assistance technique » de l’OMS. Les points focaux RSI, vraisemblablement dirigés par des bureaucrates et des « experts » non élus, seraient essentiellement des nœuds dans une nouvelle bureaucratie mondiale de la santé dirigée par l’OMS.
D’autres aspects importants de cette nouvelle bureaucratie sanitaire mondiale seraient le rôle de l’OMS dans l’élaboration de « plans d’attribution de produits de santé » mondiaux (y compris les vaccins), le rôle de l’OMS en tant que centre d’information pour l’extension de la surveillance des maladies et des unités de recherche dans le monde entier, et le rôle de l’OMS en tant qu’acteur principal d’un réseau international d’acteurs consacrés à la lutte contre les « informations fausses et non fiables » sur les événements de santé publique et les mesures anti-épidémies.
Extension des pouvoirs d’urgence de l’OMS
En vertu du règlement révisé, le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, « sur la base de l’avis/conseil du comité d’urgence », peut désigner un événement comme « susceptible de se transformer en une urgence de santé publique de portée internationale, (et) communiquer cette information et les mesures recommandées aux États parties… » L’introduction du concept d’urgence de santé publique « potentielle », ainsi que l’idée d’une urgence « intermédiaire », que l’on retrouve également dans les amendements proposés, donne à l’OMS une marge de manœuvre beaucoup plus large pour mettre en place des protocoles et des recommandations d’urgence. Car qui sait ce qu’est une urgence « potentielle » ou « intermédiaire » ?
Enracinement et légitimation d’un régime international de biosurveillance
L’ancien article 23, « Mesures sanitaires à l’arrivée et au départ », autorise les États à exiger des voyageurs qu’ils présentent certains documents médicaux avant leur départ, notamment « un examen médical non invasif qui est l’examen le moins intrusif possible pour atteindre l’objectif de santé publique ». Dans la nouvelle version de l’article 23, les voyageurs peuvent être tenus de présenter « des documents contenant des informations […] sur un test de laboratoire pour un agent pathogène et/ou des informations sur la vaccination contre une maladie ».
Ces documents peuvent inclure des certificats de santé numériques validés par l’OMS. Essentiellement, cela réaffirme et valide légalement le régime du passeport vaccinal qui a imposé des coûts de test prohibitifs aux citoyens non vaccinés en 2021-23, et qui a conduit des milliers et probablement des dizaines de milliers de personnes à se faire vacciner uniquement pour la commodité du voyage, plutôt que pour des considérations de santé.
Initiatives mondiales de lutte contre les « informations fausses et non fiables
L’OMS et les États liés par le RSI, selon le projet révisé de RSI, « collaborent » pour « lutter contre la diffusion d’informations fausses et non fiables sur des événements de santé publique, des mesures et des activités de prévention et de lutte contre les épidémies dans les médias, les réseaux sociaux et d’autres moyens de diffusion de ces informations ». Il est clair que les amendements relatifs à la désinformation impliquent un régime de propagande et de censure.
Il n’y a pas d’autre façon plausible d’interpréter l’expression « contrer la diffusion d’informations fausses et non fiables », et c’est exactement ainsi que les mesures de lutte contre la désinformation ont été interprétées depuis l’annonce de la pandémie de Covid en 2020 – des mesures qui, ajoutons-le, ont supprimé des contributions scientifiques solides concernant les risques liés aux vaccins, les origines en laboratoire du nouveau coronavirus, et l’efficacité du masquage communautaire.
L’effet conjoint de ces modifications et d’autres changements proposés aux règlements sanitaires internationaux serait d’introniser l’OMS et son directeur général à la tête d’une bureaucratie sanitaire mondiale élaborée et redevable aux intérêts particuliers des mécènes de l’OMS, une bureaucratie qui fonctionnerait en grande partie avec la coopération des fonctionnaires et des agences des États qui mettent en œuvre les « conseils » et les « recommandations » émis par l’OMS, que les États parties se sont légalement engagés à suivre.
S’il est vrai que les traités internationaux ne peuvent être appliqués de manière coercitive, cela ne signifie pas que le droit international est sans importance. En vertu des règlements nouvellement modifiés, une bureaucratie de santé publique hautement centralisée serait soutenue par des mécanismes de financement somptueux et protégée par le droit international. Une telle bureaucratie s’enracinerait inévitablement dans les bureaucraties nationales et deviendrait un élément important de l’architecture politique de la planification et des réponses à la pandémie.
Bien que les États nationaux puissent, en théorie, contourner cette bureaucratie et revenir sur leurs engagements juridiques au titre du RSI, en empruntant une voie différente de celle recommandée par l’OMS, cela serait plutôt étrange, étant donné qu’ils auraient eux-mêmes approuvé et financé le régime qu’ils boycottent.
Face à l’opposition d’un ou de plusieurs États signataires, l’OMS et ses partenaires pourraient faire pression sur cet État pour qu’il se conforme à ses édits en lui faisant honte de respecter ses engagements juridiques, ou bien d’autres États pourraient réprimander les États « renégats » pour avoir mis en péril la santé internationale, et exercer des pressions politiques, financières et diplomatiques pour obtenir qu’ils se conforment à leurs engagements. Ainsi, même si le RSI s’adresse aux représentants des États d’une manière plus douce que les réglementations nationales soutenues par la police, il n’est certainement pas impuissant ou politiquement insignifiant.
L’impact de la nouvelle bureaucratie sanitaire mondiale sur la vie des citoyens ordinaires pourrait être tout à fait dramatique : elle érigerait un régime de censure mondial légitimé par le droit international, rendant plus difficiles que jamais les contestations des informations officiellement sanctionnées ; elle rendrait les réponses internationales en matière de santé publique encore plus servilement dépendantes des directives de l’OMS qu’elles ne l’étaient auparavant, décourageant les réponses indépendantes et dissidentes telles que celle de la Suède pendant la pandémie de grippe aviaire.
Enfin et surtout, la nouvelle bureaucratie mondiale de la santé mettrait le sort des citoyens ordinaires – notre mobilité nationale et internationale, notre droit à un consentement éclairé à la prise de médicaments, notre intégrité corporelle et, en fin de compte, notre santé – entre les mains de responsables de la santé publique qui suivraient à la lettre les « recommandations » de l’OMS.
Outre le fait que la diversification et l’expérimentation des politiques sont essentielles à un système de santé robuste et qu’elles sont écrasées par une réponse hautement centralisée aux urgences sanitaires, l’OMS est déjà criblée de conflits d’intérêts internes et d’antécédents de jugements catastrophiques, ce qui la rend singulièrement peu qualifiée pour identifier de manière fiable une urgence sanitaire mondiale ou pour coordonner la réponse à cette urgence.
Pour commencer, les revenus de l’OMS dépendent de personnes telles que Bill Gates, qui ont des intérêts financiers importants dans l’industrie pharmaceutique. Comment peut-on attendre de l’OMS qu’elle fasse des recommandations impartiales et désintéressées sur, par exemple, la sécurité et l’efficacité des vaccins, alors que ses propres donateurs sont financièrement investis dans le succès de produits pharmaceutiques spécifiques, y compris les vaccins ?
Deuxièmement, permettre à l’OMS de déclarer une urgence de santé publique internationale revient à créer une incitation perverse évidente : étant donné qu’une grande partie de la raison d’être d’une bureaucratie mondiale de la santé dirigée par l’OMS est de prévenir, surveiller et répondre aux urgences de santé publique, et que l’activation des pouvoirs d’urgence de l’OMS dépend de la présence d’une « urgence de santé publique de portée internationale » réelle ou potentielle, le directeur général de l’OMS a un intérêt professionnel et institutionnel évident à déclarer des urgences de santé publique potentielles ou réelles.
Troisièmement, l’OMS n’a pas perdu de temps pour faire l’éloge des fermetures brutales et finalement infructueuses de la Chine, continue à soutenir la censure de ses détracteurs, a recommandé à plusieurs reprises le masquage communautaire en l’absence de preuves plausibles d’efficacité, n’a pas averti le public en temps utile des risques graves des vaccins à ARNm et a conclu un partenariat avec l’Union européenne pour étendre le système discriminatoire et coercitif de certification des vaccins contre le Covid à l’ensemble du monde. Ce ne sont certainement pas des personnes à qui je ferais confiance en tant que gardiennes de mon intégrité corporelle, de ma santé, de mon consentement éclairé ou de ma mobilité.
Traduction du Brownstone Institute par Aube Digitale
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