La dette française poursuit sa folle envolée et atteint 3228,4 milliards d’euros
Elle pèse 112% du PIB à la fin du deuxième trimestre, selon les derniers chiffres publiés ce vendredi matin par l’Insee. En sept ans, l'addition a bondi de plus de 900 milliards d'euros.
C’est une litanie de chiffres stratosphériques, si grands qu’ils semblent totalement irréels. À chaque publication de l’Insee sur l’évolution de sa dette, la France, presque résignée, redécouvre l’ampleur du trou qui ne cesse de se creuser dans son budget. À chaque fois, des milliards supplémentaires s’ajoutent à la pile, déjà vertigineuse. Des sommes rendues presque dérisoires à côté de la montagne qu’il faudra bien rembourser un jour. La dernière estimation de l’Insee ne fait pas exception : à la fin du deuxième trimestre, la dette publique atteignait 3228,4 milliards d’euros, selon les statisticiens nationaux. Un chiffre affolant, qui représente 112% du PIB tricolore. Son plus haut niveau depuis le troisième trimestre 2022.
La hausse de la dette frôle 69 milliards d’euros sur trois mois, et 127 milliards d’euros sur le premier semestre. Sur le deuxième trimestre, elle est portée par la dette de l’État, qui a bondi de près de 70 milliards d’euros, ainsi que par celle des administrations de sécurité sociale, en hausse de 4 milliards d’euros. À l’inverse, les dettes des administrations centrales et des collectivités locales ont légèrement baissé, «principalement sous l'effet du désendettement de SNCF Réseau» et grâce aux efforts des départements et des communes.
La France, mauvais élève européen
Lus à tête reposée, les chiffres des statisticiens nationaux révèlent deux tendances particulièrement préoccupantes. D’abord, la flambée de la dette, sur le moyen terme, est démesurée, mille milliards d’euros se rajoutant à chaque décennie, dernièrement. Le cap symbolique des 1000 milliards d'euros a ainsi été franchi en 2003, celui des 2000 dix ans plus tard, et celui des 3000 en 2023. Et ce, malgré les alertes à répétition des connaisseurs du dossier, qui mettent en garde, à cor et à cri, contre l’aveuglement des dirigeants successifs.
Quelques chiffres font état de l’aspect catastrophique des finances publiques. En vingt ans, la dette est passée de 1082 milliards d’euros, début 2004, à plus de 3225 milliards d’euros, mi-2024. La hausse est tout aussi remarquable sur dix ans, avec 1160 milliards d’euros en plus depuis 2014. Le bilan est tout aussi lourd depuis l’élection d’Emmanuel Macron : si, entre mi-2017 et fin 2019, la hausse est restée relativement limitée, à 105 milliards d’euros, la pandémie de Covid-19 et le «quoi qu’il en coûte» sont passés par là, faisant flamber la dette de plus de 560 milliards entre fin 2019 et fin 2022. La tendance ne s'est pas ralentie après la pandémie de Covid-19, la dette ayant progressé de 275 milliards d’euros, portée notamment par les mesures en faveur du pouvoir d’achat. En sept ans, l’addition a bondi de plus de 935 milliards d’euros...
Deuxièmement, l’Hexagone fait figure de mauvais élève dans l’Union européenne, selon Eurostat. À 110,8% au premier trimestre 2024, le pays était ainsi médaille de bronze, en termes de nations avec les ratios les plus élevés de dette publique par rapport au PIB, derrière la Grèce et l’Italie. Loin au-dessus de la moyenne de la zone euro, établie à 88,7%. Et, là où certaines capitales sont parvenues à maîtriser leur endettement ces dernières années, comme la Grèce, le Portugal, Chypre, la Croatie ou les Pays-Bas, le ratio tricolore n’a que très légèrement reculé.
Une flambée à maîtriser au plus vite
Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel, et la France se retrouve, peu à peu, dos au mur. La remontée des taux d’intérêts et la flambée de la charge de la dette limitent d’autant la marge de manœuvre du gouvernement, dans ses plans actuels comme pour financer les investissements d’avenir. L’incertitude politique pèse par ailleurs sur le coût des emprunts : la France se finance désormais plus cher que nombre de ses partenaires, dont l’Espagne, le Portugal et... la Grèce.
De quoi faire réagir les autorités. «Sur les seuls intérêts de la dette — je ne parle même pas de son remboursement — nous allons dépenser plus que pour l'école», s’inquiétait récemment le gouverneur de la Banque de France. François Villeroy de Galhau préconisait un «cocktail bien proportionné», réparti entre des baisses de dépenses, pour les trois quarts, et des hausses d’impôts ciblées, pour un quart. «Il y a des gisements d'économies qui peuvent être trouvés sans dégrader le service public, voire en l'améliorant, insistait de son côté Pierre Moscovici, pour la Cour des comptes, cette semaine . Cet effort-là, il faut le faire: il est exigeant, bien sûr, mais il n'est nullement impossible».
Le gouvernement, quant à lui, assure avoir enfin entendu les Cassandre. Auditionné à l’Assemblée, le nouveau ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a reconnu que la situation était «grave». Si la menace d’une hausse d’impôts généralisée a été balayée par le premier ministre, Michel Barnier, les prélèvements de certaines entreprises et des contribuables les plus aisés pourraient être alourdis. Parallèlement, les administrations vont devoir se serrer la ceinture. Verdict lors de la présentation du projet de loi de finances devant le Parlement, le 9 octobre prochain.
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