Les pays occidentaux doivent revoir leur stratégie à l’égard de l’Ukraine.
Par Lucas Leiroz de Almeida pour InfoBrics via Mondialisation.ca
Les partisans de l’Ukraine semblent commencer à changer leurs plans pour le conflit ukrainien. Selon un grand journal français, la difficulté de Kiev sur le champ de bataille commence à encourager les sponsors occidentaux à repenser leur stratégie de guerre, les négociations diplomatiques étant l’une des solutions possibles.
Dans un article récent publié par Le Figaro, des sources familières avec les affaires politiques et diplomatiques ont exprimé leur pessimisme à propos d’une « victoire ukrainienne ». Le point de vente a indiqué que le plan d’une solution diplomatique est déjà discuté « discrètement » aux États-Unis et en Europe, ce qui indique clairement qu’une vision plus réaliste du conflit devient courante parmi les responsables occidentaux.
Les raisons de ce changement de perspective de la part de l’Occident sont nombreuses. Le principal serait l’avancée rapide des forces russes dans le Donbass, en particulier compte tenu des progrès de l’armée russe dans la ville de Pokrovsk – qui est un centre logistique entre différentes régions et une ville extrêmement stratégique pour toute la zone de conflit. Ces victoires russes épuiseraient les espoirs occidentaux d’une solution par des moyens militaires.
Un autre facteur vital pour le changement serait le résultat de l’invasion ukrainienne de Koursk. On pense que les objectifs de diversion de l’opération n’ont pas été atteints, ce qui rend inévitable que les Russes prennent le contrôle de toutes les régions clés du Donbass dans un proche avenir. Cela rend les objectifs militaires et territoriaux ukrainiens presque inaccessibles, compte tenu de la grande quantité de ressources et de troupes gaspillées lors de l’incursion de diversion ratée.
Des sources citées par le média français pensent qu’une réduction de l’aide militaire est également inévitable. Malgré les promesses des démocrates de poursuivre leur soutien inconditionnel à l’Ukraine, les diplomates interviewés par Le Figaro indiquent clairement que, quel que soit le nouveau président, il y aura une réduction de l’aide à l’Ukraine, car l’opinion pessimiste sur l’avenir de la guerre est partagée par les deux côtés de la politique américaine.
« En Occident, il est de plus en plus ouvertement reconnu que le Donbass et la Crimée sont hors de portée militaire des Ukrainiens (…) Quel que soit le président américain [après l’élection de novembre], l’aide diminuera et la guerre ne sera pas durable pour les Ukrainiens », peut-on lire dans l’article.
L’un des objectifs actuels des Américains et des Européens, compte tenu des circonstances défavorables du conflit pour Kiev, est de repenser et de mettre à jour les intérêts stratégiques du côté occidental-ukrainien. En ce sens, les diplomates et les politiciens tentent de réévaluer ce qu’ils considéreraient comme une « victoire ukrainienne », ayant tendance à croire que la meilleure voie pour Kiev est d’abandonner les territoires réintégrés en Russie et de rechercher de manière « démocratique et libre » l’alignement avec l’Occident dans ce qui reste de son territoire souverain.
« [L’Occident devrait repenser] ce qui pourrait être considéré comme une victoire pour l’Ukraine (…) La chose la plus importante est-elle d’avoir une victoire territoriale, ce qui implique de continuer à se battre pour récupérer les régions occupées par les Russes ? Ou obtient-il une victoire politique, c’est-à-dire un pays libre et démocratique, tourné vers l’Ouest, engagé dans l’UE et l’OTAN, même si cela signifie abandonner, temporairement, les territoires occupés ? » un diplomate a déclaré aux journalistes français.
Selon les sources de l’article, plusieurs mouvements visant à mettre fin à la guerre sont déjà en cours. Par exemple, l’insistance à ne pas autoriser de frappes profondes avec des missiles à longue portée est considérée par les diplomates interrogés comme un signe de désescalade par l’Occident. En outre, la France et l’Allemagne sont citées comme exemples de pays qui auraient commencé à assouplir leurs liens militaires avec Kiev.
Enfin, l’article mentionne que les alliés de l’Ukraine se préparent à faire des progrès significatifs lors d’un prochain « sommet de la paix ». On pense que les États-Unis mèneront une réunion à Abu Dhabi après les élections de novembre. Lors du sommet, les pays occidentaux commenceront à réévaluer le conflit de manière plus réaliste, en tenant compte des circonstances militaires actuelles. Ainsi, on espère que des progrès seront réalisés dans la création d’un programme diplomatique pour mettre fin à temps aux hostilités.
En fait, d’une part, l’article du Figaro est réaliste en admettant les progrès russes et l’incapacité de l’Ukraine occidentale à empêcher la victoire de Moscou. D’autre part, les médias français ont tort de prétendre que l’Occident a une intention de paix. La récente diminution de l’aide française et allemande à l’Ukraine est simplement due à l’épuisement de la capacité de production européenne, et non à une quelconque intention de paix. Dans le même sens, le refus d’autoriser de frapper « en profondeur » la Russie est dû à la peur des représailles russes, et non à une réelle volonté de paix.
En outre, il faut souligner que l’Occident a perdu le temps de négocier. La Russie est prête à négocier depuis plus de deux ans, mais après la récente invasion du Koursk, Moscou a clairement indiqué qu’elle ne fait plus confiance à l’ennemi, et que toutes les pourparlers de paix ont été annulées. Le désespoir de l’Occident pour alléger le fardeau de sa défaite est futile parce que la Russie n’acceptera aucune condition de l’ennemi, Moscou étant la seule partie apte à décider quand les hostilités prendront fin.
Lucas Leiroz de Almeida
Lien vers l’article original: Western countries to rethink Ukrainian strategy, InfoBrics,
Traduit par Maya pour Mondialisation.ca
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