Scène dans un jardin, un soir d’été.
Fête des voisins.
– Marina & Julien, la quarantaine, progressistes : « Nous, on croit à la diversité, on veut un monde ouvert… »
– Marc & Sophie, voisins, la trentaine, de la maison de droite : « Nous, on espère que le futur maire sera RN. À l’école primaire du coin, on parle arabe à la récré, c’est plus possible ! Et le nombre de mères voilées ! Il paraît même qu’ils veulent construire une mosquée… »
– Marina : « Franchement, votre discours est flippant. Zemmour, le « grand remplacement », c’est de la parano identitaire. Tout le monde a le droit de vivre ici ! »
– Marc : « Peut-être… mais vos enfants, ils sont dans l’école privée du centre-ville, non ? Pas dans celle du quartier… il y a même désormais des enfants de migrants ! Vous le saviez ?»
– Silence. Marina et Julien se regardent : « Oui… mais on veut juste le meilleur pour eux. Et le problème n’est pas notre choix. C’est… »
(La soirée fut brève.)
Analyse.
Les premiers affichent des idéaux sincères : ouverture, égalité, antiracisme. Mais ils se heurtent à un système scolaire inégal, qui rend risqué d’offrir à ses enfants une scolarité perçue comme dégradée. Ils fuient sans renier leurs valeurs, mais leurs choix alimentent l’entre-soi.
Leur choix politique ?
@rglucks1
Les seconds expriment une peur identitaire : crainte de perdre des repères, sentiment d’abandon social, déclassement. L’école devient pour eux le symbole d’un monde qui change trop vite.
Avant ils ne votaient pas, maintenant ils votent RN.
Ils accusent les premiers de « croyances de luxe » : défendre la diversité tout en l’évitant.
Deux angles morts :
– Les progressistes oublient que leurs stratégies d’évitement entretiennent la ségrégation qu’ils dénoncent.
– Les inquiets oublient que leur malaise ne vient pas de la diversité en soi mais des fractures sociales et de l’échec d’une vraie politique de mixité.
Conséquences : polarisation, rancunes croisées, montée des extrêmes. Les uns crient à l’hypocrisie, les autres se réfugient dans un vote identitaire.
Sortir du piège ? Recréer une école vraiment mixte et exigeante et laïque; cesser d’opposer morale et protection ; écouter les peurs sans nourrir les fantasmes ; assumer que l’égalité et l’ouverture demandent plus que des slogans : elles exigent des politiques publiques fortes et des investissements concrets.
La question : y arriverons-nous ?
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