samedi 27 janvier 2024

LE PIEGE

 Pourquoi les petits agriculteurs vont l'avoir dans le cul ?

Spoiler : la FNSEA est un lobby agro-industriel surpuissant.

La colère des agriculteurs qui s’expriment en France doit nous inviter à nous questionner sur les rapports de force des représentants d’intérêts du secteur agricole.

En 2022, Agra Press a réalisé une analyse inédite du lobbying dans le secteur agricole, sur la base des chiffres de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui recensent depuis 2017 tous les représentants d’intérêts et leurs actions.

Les résultats de l’enquête montrent, premièrement, que l’agriculture est l’un des secteurs les plus visés par les actions de lobbying :  plus de 7000 activités sont déclarées. Il s’agit du deuxième secteur le plus mentionné dans le registre, derrière celui de la santé. Au sein de ces 7000 activités celles concernant les pesticides au sens large sont les plus nombreuses.

Deuxième enseignement : la FNSEA et ses sections départementales (FDSEA) sont et de loin la principale force active. Ils sont à l’origine de près de 43% des 1500 activités recensées par la HATVP en 2021 (la tendance s’est confirmée en 2022). En comparaison, les associations et fondations n’ont effectué qu’environ 11% de ces mêmes activités (soit environ 4 fois moins).

Troisième enseignement : la FNSEA écrase par son poids les contre-pouvoirs associatifs. Elle dépense en moyenne 600 000 euros de budget par an permettant à une équipe de huit représentants d’intérêt déclarés. A ces dépenses il convient d’ajouter les budgets de la FDSEA et FRSEA et celles des associations de producteurs spécialisées (betteraviers, céréaliers, maïsiculteurs…).

Au total, la FNSEA et ses alliés représentent au total presque 3 millions d’euros de dépenses annuelles de lobbying. En face, selon Agra Presse, l’ONG qui investit le plus dans le lobbying sur les questions agricoles est France Nature Environnement avec 250 000 euros annuels, suivi par la Fondation pour la Nature et l’Homme avec 120 000 euros annuels.

Ces informations relativisent la puissance du «lobby bio», « l’adversaire » pourtant pointé du doigts depuis plusieurs jours, compte tenu des moyens limités déployés par les organisations soutenant l’agriculture biologique.

Conséquence directe : la FNSEA est aussi le lobby le plus influent. On peut donc légitiment s’inquiéter de la suite donnée aux revendications présentées hier.

Parmi les propositions, nombreuses sont celles qui vont à l’encontre des enjeux de transition agroécologique. Par exemple :

– Rejet d’Ecophyto et moratoire sur les interdictions

– Compensation intégrale pour tous sur le GNR

– Accélération des projets de stockage d’eau (megabassines) Si Arnaud Rousseau lit ce post, rappelons l’essentiel : climat, biodiversité, nous sommes face à des défis systémiques qui exigent une métamorphose des pratiques agricoles et alimentaires, et non une adaptation technique au cas par cas.

Pour aller plus loin :

👉 L’enquête d’Agra Presse : https://www.agra.fr/agra-presse/enquete

👉 Fiche HATVP de la FNSEA : https://www.hatvp.fr/fiche-organisation/?organisation=784854937

👉 La synthèse des propositions de la FNSEA et des Jeunes agriculteurs : https://www.fnsea.fr/actualit%C3%A9s/onmarchesurlatete-synthese-des-revendications-fnsea-ja-24-janvier-2024/

Source : https://www.linkedin.com/posts/jordan-allouche_spoiler-la-fnsea-est-un-lobby-agro-industriel-activity-7156215601248501760-OtoW

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