samedi 20 janvier 2024

L'ENJEU

 

L’Europe craint la victoire de Trump à la présidentielle américaine.

Par Alexandre Lemoine pour Observateur-Continental

Bruxelles déborde d’inquiétudes concernant la possibilité d’un retour de Trump à la tête des États-Unis. 

Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a déclaré que l’ancien président américain Donald Trump avait averti que les États-Unis n’interviendraient pas pour aider l’Union européenne en cas d’attaque militaire. 

“Vous devez comprendre que si l’Europe est attaquée, nous ne viendrons jamais pour vous aider et vous soutenir”, a dit Trump à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen en 2020, selon le commissaire européen français Thierry Breton, qui était également présent à la réunion du Forum économique mondial à Davos, rapporte Politico

Les déclarations de Breton coïncident avec sa proposition d’allouer 100 milliards d’euros pour soutenir la production de munitions dans toute la communauté. Plusieurs officiels et diplomates de l’UE ont déclaré à CNN que la révélation soudaine de Breton était survenue à un moment particulièrement sensible, alors que l’UE essaie de créer sa propre capacité de défense en dehors de l’alliance de l’Otan, dirigée par les États-Unis. Ce n’est pas un secret que les stocks de munitions dans tous les États membres de l’Alliance se sont épuisés en raison du soutien militaire de l’Occident à l’Ukraine. 

Les opinions de Donald Trump sur le rôle historique de l’Amérique dans la sécurité européenne sont bien connues. Pendant sa présidence, il parlait régulièrement de mettre fin au financement de l’Otan, tout en complimentant des dirigeants mondiaux, y compris le président russe Vladimir Poutine, considérés comme des adversaires de l’Alliance. Le rappel que Trump maintient ce point de vue et le fait qu’il pourrait bientôt revenir à la Maison Blanche suscitent de réelles préoccupations à Bruxelles. 

Sa position est basée sur une juste constatation du fait que les pays européens sous-finançaient leurs forces armées pendant des décennies, partant du principe que la guerre était peu probable et que, dans le pire des cas, les États-Unis viendraient à leur secours. Ce n’est que récemment que l’Otan a exigé de manière catégorique que les pays membres consacrent au moins 2% de leur PIB aux besoins militaires de l’Alliance. Bruxelles reconnaît également que l’hostilité de Trump envers le soutien à l’Ukraine a une influence dès à présent et qu’il joue habilement sur la réticence du Parti républicain à allouer plus de fonds américains à l’Ukraine. “L’apparition de Trump nous a fait prendre conscience du fait que les États-Unis pourraient ne pas toujours agir dans l’intérêt de l’Europe, surtout si cela va à l’encontre des intérêts américains”, a déclaré un haut diplomate de l’UE à la chaîne américaine CNN.

Pendant la présidence de Trump, cette nouvelle réalité a fait sérieusement réfléchir les dirigeants européens. Les responsables sont parvenus à la conclusion que l’Europe devait se préparer pour un avenir où elle ne pourrait plus compter sur les États-Unis comme auparavant. 

En ce qui concerne la défense et la sécurité, l’UE a reconnu ses échecs passés et s’est accordée pour augmenter considérablement les dépenses de défense dans l’ensemble de la communauté et du continent. Cependant, la vérité désagréable est que le réarmement de 27 pays et la modification de leurs méthodes commerciales prennent beaucoup de temps, de sorte qu’il serait difficile de rompre les liens profondément enracinés avec les États-Unis et d’éliminer la dépendance finale envers eux, même dans des circonstances normales, notent les experts. Dans ce contexte, certains diplomates ont conclu que la meilleure façon de faire face à Trump en cas de victoire à la présidentielle cette année était de rester calme et de continuer à essayer de distancer l’Europe des États-Unis. 

Les officiels européens préféreraient que Trump ne revienne pas à la Maison Blanche. Cette semaine, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne, a déclaré que le retour de Trump représenterait une “menace” pour l’Europe. Le résultat de sa première présidence est que les relations transatlantiques ne seront plus jamais les mêmes.

Le problème de l’Europe est qu’il faudra des années, voire des décennies, pour mettre fin à sa dépendance vis-à-vis des États-Unis.

Alexandre Lemoine

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