On dit parfois que les armes ne sont pas le problème. Ce sont ceux qui les possède et qui en font un mauvais usage.
Apple est actuellement gêner car c'est exactement le même problème. Le détournement d'usage de son Airtag
Depuis quelques semaines, les témoignages sur les réseaux sociaux se multiplient quant à cette nouvelle forme de cyberharcèlement. Des femmes assurent avoir trouvé sur elles des Airtags ne leur appartenant pas, ces nouveaux gadgets de géolocalisation lancés par Apple en 2021.
«Vous ne devez pas utiliser les Airtags pour suivre des personnes, ni pour localiser un objet qui ne vous appartient pas», rappelle Apple sur sa page dédiée. Et pourtant. Depuis plusieurs semaines, en France, des femmes rapportent sur les réseaux sociaux avoir trouvé dans leurs affaires personnelles ces nouveaux gadgets de géolocalisation. Lancés par la société américaine en 2021, ces petits outils, qui ne coûtent qu'environ 39 euros, ont initialement été conçus pour retrouver ses objets perdus : clefs ou son porte-monnaie. Un accessoire efficace, à peine plus grand qu'une pièce de monnaie, cependant détournés à fins malveillantes par certains, majoritairement des hommes, pour suivre et harceler des femmes.
Placé discrètement dans des sacs à main, il permet ainsi aux cybercriminels de traquer leurs victimes grâce à l'application de géolocalisation qui connecte l'appareil à son smartphone. «Les Parisiennes, faites méga attention avec les AirTags. On m'en a mis un dessus dans le XVIe arrondissement il y a quelques jours. Et là, c'est ma pote qui vient d'en retrouver un sur elle en rentrant de la salle de sport. Ils recommencent en balle avec ça. Faites mega attention. Les chiens sont de sortie», a ainsi écrit une internaute sur Twitter, le mardi 13 juin, provoquant un véritable tollé sur les réseaux sociaux. En moins d'une semaine, le message a été lu près de 4 millions de fois et cumule les 20.000 «j'aime».
Du harcèlement au meurtre
Des histoires similaires avaient déjà été entendues depuis 2021, mais concernaient principalement les États-Unis. En juin 2022, Alison Carney, habitante de Chicago, avait eu la même surprise que ses consœurs françaises en trouvant dans son sac l'outil en question. Suivie par près de 10.000 followers sur Instagram, cette chanteuse de profession avait été l'une des premières à faire la lumière sur ce nouveau fléau. Harcelée par son petit ami depuis plusieurs semaines, la jeune femme se sentait traquée, ce dernier débarquant aux mêmes soirées qu'elle ou venant toquer à sa porte en pleine nuit. «Lorsque j'ai trouvé ce AirTag, c'est devenu évident que je n'étais pas folle. Je savais que quelqu'un me suivait, déclarait-elle auprès de sa communauté. Je me suis isolée. J'ai arrêté de sortir (...) Je sais que quelqu'un a la possibilité de placer un appareil sur mon corps, mes possessions, et me suivre à la trace pour le reste de ma vie. Et (ces accessoires) deviennent de plus en plus petits et difficiles à détecter».
Cette nouvelle technologie a même mené jusqu'au meurtre, toujours de l'autre côté de l'Atlantique. En juin 2022, dans l'État de l'Indiana, un homme de 26 ans a été tué par sa petite amie. La jeune femme, qui soupçonnait son partenaire de la tromper, pistait sa position grâce aux Airtags. Impliqué dans différentes affaires de harcèlement et cyberharcèlement et même d'homicide, ce détournement progresse donc en France, constituant un véritable danger.
45.000 euros d'amende
Face à la vague d'affaires, Apple a revu sa page officielle d'instruction. «Si un AirTag, des AirPods ou un autre accessoire du réseau Localiser séparé de son propriétaire apparaît comme se déplaçant avec vous, vous êtes averti de deux manières possibles (votre smartphone recevra une notification ou émettra un son, NDLR). Ces fonctionnalités ont été créées spécifiquement pour empêcher quiconque de vous suivre à votre insu», explique la société de Steve Jobs, rappelant également que cette infraction constitue un délit, puni par la loi. En effet, d'après l'article 226-1 du code pénal, porter atteinte à l'intimité de la vie privée d'autrui est puni d'un an d'emprisonnement et de 45.000 euros d'amende. Pour se prémunir, des applications existent pour permettre de détecter ces trackers, tels que AirTag Detector, Tracker Detect ou Air Detector.
Marche à suivre
Sur Twitter, un officier de la gendarmerie française, Matthieu Audibert, spécialisé en cybercriminalité, a donné quelques clés aux victimes qui se retrouveraient prises au piège de cette situation : «Si vous en découvrez un placé sur vous, ne le jetez pas, n'enlevez pas la pile. Si vous êtes chez vous, sortez rapidement et allez déposer plainte. Il est possible de remonter jusqu'au propriétaire», explique-t-il. Et Apple d'ajouter sur son site : «Si vous craignez pour votre sécurité, contactez les autorités locales, qui pourront ensuite collaborer avec (nous) pour obtenir des informations relatives à l'objet. Vous devrez peut-être fournir le numéro de série de l'AirTag, des AirPods, de l'accessoire du réseau Localiser ou de l'appareil.» En attendant, le premier conseil reste d'être davantage vigilante passée la porte de chez soi.
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