dimanche 17 décembre 2023

NOYER, OUBLIER, ENTERRER

 Ce qui aurait dû se produire aujourd’hui, 15 décembre 2023


par Rodolphe Bacquet

Chers amis,

Aujourd’hui, 15 décembre 2023, une étape importante pour la transparence de la gestion des questions de santé publique par la Commission Européenne aurait dû être franchie.

C’est en effet ce jeudi qu’aurait dû être remis un rapport sur les relations entre Ursula von der Leyen, présidente de la commission, et le géant pharmaceutique Pfizer.

Mais il ne le sera pas. En tout cas pas aujourd’hui… et peut-être jamais – nous ne savons pas.

Pour une raison dramatique : l’auteure de cette enquête est décédée d’une crise cardiaque quinze jours avant la remise de ce rapport.

Il s’agit de Michèle Rivasi, députée européenne.

Michèle Rivasi enquêtait depuis plusieurs mois sur les conditions pour le moins opaques d’attribution des contrats de vaccins à Pfizer par la Commission européenne.

Elle devait remettre son rapport au moment où les deux parties s’apprêtent à prolonger leur contrat de fourniture du vaccin jusqu’en 2026 à des prix gonflés avec une offre excédentaire de 40 % de doses.

Mais Michèle Rivasi est morte brutalement d’une crise cardiaque le 29 novembre[1].

Michèle Rivasi n’était pas cardiaque.

Selon plusieurs sources, de récents examens de santé qu’elle venait de passer n’avaient pas permis de diagnostiquer un quelconque problème cardio-vasculaire[2].

Je vais revenir dans un instant sur son combat pour faire éclater la vérité concernant les conditions d’attribution des contrats Pfizer, mais avant cela, j’aimerais saluer son parcours.

L’adversaire éclairée du lobby nucléaire et pharmaceutique

Michèle Rivasi avait 70 ans.

Bien qu’enchaînant les mandats politiques depuis 1997 – elle a été députée de la Drôme, conseillère municipale et régionale, eurodéputée depuis 14 ans – Michèle Rivasi était d’abord une scientifique.

Normalienne et agrégée de biologie, elle a durant toute sa carrière gardé une lecture scientifique, sanitaire et environnementale de la politique.

C’est ce qui explique son engagement pour dénoncer divers scandales de santé publique, en particulier les conséquences du nuage de Tchernobyl en France, mais aussi la mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le prix et l’usage des médicaments.

Parmi ses combats, on peut mentionner sa dénonciation du statut des antidépresseurs en France[3], ou encore le fait que la filière du médicament est gangrenée par les conflits d’intérêts entre pouvoir politique et laboratoires pharmaceutiques[4].

Elle avait même lancé une opération « mains propres », dont le nom fait explicitement référence aux opérations anti-mafia.

Lors de son entrée en politique en 1997, Michèle Rivasi avait été surnommée la « bête noire du lobby nucléaire » par « Libération »[5], suite à ses enquêtes sur les mensonges et les dissimilations de l’état concernant la filière.

Bref, dans un pays – la France – fier de ses fleurons industriels que sont le nucléaire et les laboratoires pharmaceutiques, Michèle Rivasi incarnait à elle seule un contre-pouvoir… et un sacré poil à gratter pour les lobbys et les autorités.

Son premier grand coup d’éclat concernait ses efforts pour établir la vérité sur le nuage de Tchernobyl en France.

Comment dénoncer un mensonge d’Etat ?

Vous vous rappelez sans doute qu’en 1986 l’Etat français laissait entendre que le nuage radioactif généré par l’accident nucléaire de Tchernobyl s’était arrêté aux frontières de notre pays, à la faveur d’un anticyclone.

Michèle Rivasi a été la première lanceuse d’alerte sur ce sujet, dénonçant le « mensonge d’Etat » commis par le gouvernement, et créant une association, la (CRIIRAD Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité), qui constate notamment la contamination radioactive de divers aliments, comme le lait[6].

Aujourd’hui les méfaits du passage du nuage radioactif au-dessus de la France sont constatés au sein des cabinets médicaux – qui diagnostiquent des problèmes de thyroïde en hausse, et notamment de cancers – mais reste l’objet d’une omerta de la part des autorités[7].

C’est avec le même courage et le même bon sens scientifique que Michèle Rivasi s’était attelée aux mensonges et dissimulations concernant les injections anti-Covid en Europe.

Lanceuse d’alerte, jusqu’au bout

Soutenue par Europe-Ecologie Les Verts pour ses combats pour rétablir la vérité concernant plusieurs sujets de santé environnementale, Michèle Rivasi avait été désavouée par son parti lorsqu’elle avait dénoncé un « apartheid au pays des droits de l’homme » au moment de la mise en place du pass sanitaire en France en juillet 2021[8]

Elle travaillait, je vous le disais, depuis plusieurs mois sur les conditions inouïes d’attribution des contrats des vaccins anti Covid à Pfizer par Ursula von der Leyen.

On se souvient que la Présidente de la Commission Européenne avait négocié directement auprès d’Albert Bourla, PDG de Pfizer, un contrat d’1,8 milliards de doses injectables pour un montant de 36 milliards d’euros[9].

Non seulement il s’agit d’un record absolu dans l’histoire de l’Union Européenne, mais ce contrat démentiel s’est négocié en-dehors de tout cadre réglementaire, à coups de téléphone et de SMS… qui ni Bourla ni – fait gravissime – von der Leyen n’ont jamais rendu publics.

Michèle Rivasi était la vice-présidente de la commission d’enquête sur ce sujet explosif.

Et Michèle Rivasi vient de disparaître brutalement au moment où elle s’apprêtait à remettre son rapport sur les rapports entre von der Leyen et Bourla, aujourd’hui.

Contrat qui est donc en train d’être renégocié à la hausse… alors que la pandémie est officiellement terminée et que l’inefficacité de ces soi-disant vaccins à empêcher la transmission du virus et à contracter la maladie est désormais de notoriété publique !

La disparition de Michèle Rivasi est ainsi à la fois un drame pour la santé publique – car nous perdons l’une des plus incorruptibles et brillantes combattantes pour la transparence démocratique sur ce sujet – mais une aubaine pour von der Leyen et Pfizer, qui se voient débarrassés d’une enquêteuse gênante.

Si cette disparition, avec cet agenda, s’était produite en Russie, la presse européenne n’aurait pas manqué d’y voir la marque du Kremlin.

Mais nous sommes en Europe, et notre caste politique est, chacun le sait, honnête et au-dessus de tout soupçon.

Nous voici donc réduits, aujourd’hui, 15 décembre, à déplorer ce malheureux hasard voulant qu’une eurodéputée décède 15 jours avant la remise d’un rapport consacré aux conditions de signature d’un contrat de plusieurs dizaines de milliards d’euros d’argent public…

… Contrat passé entre la plus haute autorité démocratique européenne et une entreprise privée, plusieurs fois condamnée pour fraude et mensonges par la justice internationale[10].

Un hasard déplorable, oui.

Madame Rivasi, encore merci pour votre engagement et votre travail. J’espère de tout cœur qu’ils ne resteront pas lettre morte.

Rodolphe Bacquet, le 15 décembre 2023

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