La crise arrive : comment l’État va en profiter
Après le succès retentissant de la mise à genoux de l’économie russe, Bruno Le Maire enjoint à présent les Français de “se secouer les puces” (mais pas les punaises de lit, attention) pour atteindre le plein emploi, tant la croissance du pays est pétillante…
Pourtant, l’observateur économique moyen, même peu attentif, conviendra sans mal que la situation n’est pas aussi brillante que le laisserait penser les subtiles remarques de l’actuel ministre de l’Économie et de ce qui reste de Finances au pays. Par exemple, les plus réveillés semblent parier sur un prochain krach boursier ce qui pourrait remettre un peu en questions les plans – pourtant en laisse-béton armé – du Dilaté de Bercy.
En réalité, peu importe les gesticulations gouvernementales, l’état général de l’économie occidentale impose de comprendre qu’elle devra, prochainement, connaître une correction massive.
En effet, le “quoi qu’il en coûte” (qui ne fut pas que macronien, loin s’en faut) est grandement responsable de l’inflation vigoureuse qui a déboulé en 2022, et que les gouvernements occidentaux peinent à endiguer.
Les dettes dodues contractées pendant la période Covid et qui se sont, du reste, ajoutées aux précédentes dettes déjà massives creusées pendant les décennies précédentes n’améliorent pas la situation budgétaire. Le choix malin de distribuer des obligations indexées sur cette inflation qui a subitement enflé provoque inévitablement des tensions, le service de la dette explosant ces derniers mois toutes les prévisions budgétaires. De plus, malgré les beaux discours creux de Macron et des clowns qui l’entourent, personne ne croit ni ne voit la moindre volonté de remettre de l’ordre dans les finances publiques : on multiplie les tickets de rationnement pompeusement rebaptisés en Chèque-Tralala (en remplaçant “tralala” par la lubie médiatique du moment), mais pour ce qui est de faire faire des économies à l’État obèse, rien (au contraire, même).
Et alors que l’écart se transforme en gouffre entre les aspirations des classes moyennes et ce qu’elles obtiennent vraiment (des impôts stratosphériques pour une éducation scolaire nulle, des services sociaux nuls, des administrations nulles, des hôpitaux nuls, une sécurité nulle et un gouvernement de gros nuls), les décisions politiques désastreuses continuent de s’empiler avec une gourmandise inquiétante : ce qui se passe actuellement dans le domaine de l’immobilier est une excellente illustration de ce qui attend en réalité tout le secteur marchand français dans les prochains mois. On pourrait évoquer aussi l’obstination (pour ne pas dire l’entêtement autistique) à flécher fiscalement les investissements vers les pires lubies économiques, voire à subventionner à grands frais d’argent gratuit des autres les canards boiteux comme l’éolien qui est en train de faire un salto arrière mémorable vers la faillite.
Bref, on le comprend : que ce soit tôt ou tard, on doit s’attendre à un événement majeur (ou une série) dans les prochains mois qui pourrait quelque peu bousculer la belle assurance du frétillant Bruno et, avec elle, l’avenir économique de tout le pays.
Inévitablement, cette correction va faire des dégâts, au premier rang desquels les banques et probablement pas les plus petites ni les moins en vue. On comprend déjà que certaines, se parant de leur statut (artificiel mais pratique) de “systémique”, se chargeront de rappeler à quel point leur explosion en vol signifierait, pour tout le monde, une période forcément abominable.
Cependant, il faut admettre que si, contrairement aux cris stridents et propositions fiévreuses de ces banquiers et de ces gros industriels, on laisse cette correction se produire sans renflouement ni intervention de l’État, certes les prix chuteront, certes une sévère déflation pourrait s’installer, mais on conviendra aussi que, dans cette hypothèse, la classe dirigeante – celle-là même responsable de ces conditions économiques – sera aussi celle qui perdra le plus.
C’est d’ailleurs pourquoi elle s’agitera fébrilement pour des plans de sauvetage, plans que les contribuables (vous) devront payer, intérêts compris.
Sans surprise, le gouvernement et tous les médias de grand chemin mettront absolument tout en œuvre pour vous terroriser et vous inciter à soutenir ces plans de sauvegarde, ces “bail-out” et ces aides massives “quoi qu’il en coûte”. Pour cela, ils expliqueront que sans ces plans, vous perdrez tout, ce sera atroce, insupportable, etc.
C’est un mensonge.
En réalité, s’ils obtiennent ces renflouements, ce sera avec votre patrimoine, sur votre liberté et en obérant votre avenir. Vous perdrez encore plus, bien plus que ce que la chute de ces banques et l’écrasement épique du système actuel nous promet à tous. Pire, les prix continueront d’augmenter, achevant ceux d’entre vous qui auraient pu s’estimer à l’abri.
Ne vous laissez pas avoir. Rejetez leurs mensonges et exigez des élus qu’ils laissent la correction s’opérer sans renflouement.
Oui, bien sûr, c’est évident, lorsque cette correction interviendra, ce sera violent, ce sera douloureux et très difficile pour l’écrasante majorité de la population. Il y aura du chômage, l’épargne va fondre comme neige au soleil, la pauvreté va connaître un pic. Cela durera inévitablement quelques mois.
Mais si ceux qui ont provoqué le problème arrivent avec une solution, vous pouvez être certains que cette solution sera pire encore que ce tableau. Les renflouements récompenseront ceux qui ont créé les dettes, les gabegies, favorisé les mauvais investissements et poussé déjà tant de monde à la misère ce qui ne fera que les inciter à recommencer encore, un peu plus tard.
D’un autre côté, si ces bail-outs, si ces renflouements n’ont pas lieu, si l’on refuse la mise en place des solutions “d’urgence” ou du nouveau système miraculeux proposé par les aigrefins habituels, alors les banques et les entreprises “trop grandes pour faire faillite” s’effondreront, mais il en ira de même pour les prix, et les concurrents plus petits auront enfin la possibilité de se développer.
Mieux encore : les entreprises qui n’ont pas eu recours au lobbying massif, aux aides d’État, à l’argent gratuit des autres, qui auront été bien gérées seront récompensées par des parts de marché plus importantes et des bénéfices plus élevés. Ceux d’entre vous qui ont économisé et attendu l’occasion de devenir propriétaires d’une maison ou d’une entreprise auront enfin cette possibilité. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, si si, les emplois reviendront, et cette fois sans que les prix ne dépassent les revenus.
Dans cette dernière hypothèse, les banques et les décideurs politiques ne seront pas incités à jouer à nouveau avec l’économie, les incompétents seront punis et les vertueux récompensés.
Si vous voulez à nouveau pouvoir vous procurer de la nourriture, du carburant et d’autres produits de première nécessité sans ouvrir un crédit sur 20 ans, alors surtout, n’exigez pas de renflouement lorsque la crise sera là. Ne soutenez que les politiciens qui refuseront clairement de renflouer un seul de leurs copains. Ils seront très rares au début, mais si tout le monde comprend l’enjeu, les candidats arriveront.
Laissez les autres subir les conséquences de ce qu’ils ont créé, pour une fois.
Et comme pour l’identité numérique, ne vous rangez pas à l’opinion qu’on vous présentera comme dominante. N’acceptez pas, n’obéissez pas, refusez les compromis, les compromissions et le conformisme douillet qui signerait votre asservissement final.
Ce sera dur, mais à la fin vous serez libres.
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