Pourquoi les pays très endettés ne font-ils pas faillite comme une entreprise ou un particulier ?
1. Les États ne sont pas des entreprises ordinaires
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Un État crée sa propre monnaie (dans les cas comme les États-Unis, le Royaume-Uni, ou le Japon), ce qui lui donne un pouvoir unique : il peut techniquement imprimer de l’argent pour rembourser sa dette.
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Une entreprise ou un ménage ne peut pas faire ça. Ils doivent générer des revenus ou emprunter pour rembourser.
2. La confiance et la crédibilité jouent un rôle central
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Tant que les investisseurs ont confiance que l’État remboursera un jour sa dette (ou paiera les intérêts), ils continueront de lui prêter.
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C’est une mécanique fondée sur la confiance dans la stabilité économique et politique du pays.
3. Le refinancement permanent
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Les pays ne remboursent quasiment jamais l’intégralité de leur dette. Ils la refinancent continuellement, c’est-à-dire qu’ils empruntent pour payer les anciennes dettes.
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C’est soutenable tant que les taux d’intérêt restent bas et que la croissance économique permet de gérer le poids de la dette.
4. Les banques centrales à la rescousse
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Une banque centrale comme la Réserve fédérale (USA) ou la BCE (zone euro) peut intervenir pour racheter des obligations d’État sur les marchés, ce qui stabilise les taux et évite les crises de liquidité.
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Cela a été particulièrement visible pendant la crise de 2008 et pendant la pandémie.
5. Ce n’est pas tant le niveau de dette qui compte, mais sa soutenabilité
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Un pays peut avoir 200 % de dette par rapport à son PIB (comme le Japon), et rester solvable s’il emprunte à des taux très faibles et que sa dette est majoritairement détenue par ses citoyens.
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À l’inverse, un pays avec une dette plus faible mais en devise étrangère ou sans banque centrale peut se retrouver en défaut (ex. : Argentine, Grèce).
Mais un État peut quand même faire faillite
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Cela arrive lorsque :
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La dette est en monnaie étrangère (dollar, euro),
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Il y a une perte totale de confiance des marchés,
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Ou lorsque les conditions politiques empêchent le remboursement (ex. guerre, révolution).
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Exemple : Argentine (2001, 2018, 2020), Grèce (2010), Liban (2020).
Résumé
Les pays très endettés évitent la faillite parce qu’ils peuvent emprunter sans cesse, émettre leur propre monnaie, et inspirer confiance. La clé n’est pas tant la taille de la dette, mais la capacité à la gérer dans le temps.
Japon
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Dette publique : Environ 260 % du PIB (record mondial).
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Pourquoi ça tient ?
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Dette en yen, sa propre monnaie.
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90 % de la dette est détenue par les Japonais eux-mêmes (banques, fonds de pension).
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Taux d’intérêt quasi nuls ou négatifs.
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Inflation historiquement basse.
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Banque centrale très active dans le rachat de dette (politique de "quantitative easing").
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États-Unis
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Dette publique : Environ 125 % du PIB (et plus de 34 000 milliards de dollars).
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Pourquoi ça tient ?
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Dollar = monnaie de réserve mondiale.
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Demande constante pour la dette américaine (bons du Trésor).
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Banque centrale (la Fed) peut imprimer de l’argent si nécessaire.
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Confiance des marchés dans la stabilité et la capacité de remboursement des États-Unis.
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Les États-Unis n’ont jamais fait défaut volontairement.
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France
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Dette publique : Environ 110 % du PIB.
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Pourquoi ça tient ?
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Taux d’intérêt historiquement bas (jusqu’en 2022).
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Adossée à la Banque centrale européenne (BCE).
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Dette en euros, une monnaie forte et stable.
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Confiance des marchés dans les institutions françaises et européennes.
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Italie
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Dette publique : Environ 140 % du PIB.
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Pourquoi ça tient ?
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Appartenance à la zone euro, donc accès aux marchés financiers européens.
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Soutien fort de la BCE en cas de tensions.
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Dette détenue en majorité par des investisseurs nationaux/européens.
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Pays qui ont fait faillite (défaut de paiement)
Argentine
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Défauts majeurs : 2001, 2014, 2020
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Pourquoi ?
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Dette en dollars, donc pas de contrôle monétaire.
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Inflation massive, instabilité politique, fuite des capitaux.
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Perte de confiance des créanciers.
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Résultat : gel des comptes bancaires, crise sociale, chute du peso.
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Grèce (crise de la zone euro)
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Faillite technique : 2010-2015
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Pourquoi ?
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Dette massive en euros, mais sans contrôle sur la monnaie.
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Statistiques publiques truquées avant l’entrée dans l’euro.
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Explosion des taux d’intérêt.
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Sauvetage massif par l’UE et le FMI, au prix de mesures d’austérité très sévères.
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