lundi 30 juin 2025

SORTIR OU PAS ?

La Hongrie pourrait théoriquement sortir de l’Union européenne (comme tout État membre en invoquant l’article 50 du Traité sur l’UE), mais en pratique, un tel scénario reste hautement improbable à court terme, bien que pas totalement exclu à moyen ou long terme, selon plusieurs facteurs. Voici une analyse des deux volets de votre question :

1. Sortie de l’Union européenne – Est-ce réaliste pour la Hongrie ?

Ce qui pourrait pousser la Hongrie à sortir :

  • Tensions politiques avec Bruxelles : Le gouvernement de Viktor Orbán s’oppose régulièrement à la Commission européenne sur des questions d’État de droit, d’immigration, de droits LGBTQ+, etc.

  • Rhétorique souverainiste : Le discours du Fidesz (parti d'Orbán) est souvent eurosceptique, critiquant le "fédéralisme" bruxellois.

  • Sanctions financières de l’UE : Certains fonds européens ont été gelés ou menacés à cause de violations de l’État de droit, ce qui alimente un discours de "victimisation".

Ce qui rend une sortie peu probable :

  • Dépendance économique massive à l’UE :

    • En 2023, plus de 75 % des exportations hongroises vont vers l’UE, en particulier l’Allemagne.

    • La Hongrie est un bénéficiaire net des fonds européens, notamment pour les infrastructures, les PME et l'agriculture.

  • Opinion publique encore majoritairement pro-européenne (même si elle s’érode lentement).

  • Aucun processus sérieux de “Huxit” engagé, contrairement au Brexit au Royaume-Uni (qui avait connu un référendum).


2. Rapprochement avec les BRICS – Est-ce plausible ?

Indices de rapprochement :

  • Relations renforcées avec la Chine et la Russie :

    • Projets d'infrastructures avec Pékin (ex : ligne ferroviaire Budapest-Belgrade financée par la Chine).

    • Dialogue actif avec Moscou même après l’invasion de l’Ukraine, ce qui isole Budapest au sein de l’UE.

  • Proximité idéologique avec des membres des BRICS (nationalisme, rejet du libéralisme occidental, souverainisme).

  • Participation à certains sommets BRICS+ en tant qu’observateur ou partenaire économique pourrait être envisagée.

Limites d’un alignement réel :

  • Les BRICS ne sont pas une union économique ou militaire structurée : pas d’alternative crédible à l’UE en termes de marché commun, d’investissements, de normes.

  • Risques de sanctions ou d’isolement au sein de l’UE si Budapest s’alignait trop étroitement avec des puissances comme la Russie.

  • Aucun mécanisme d’adhésion formel à ce jour aux BRICS, même si leur expansion est en cours.


Sortie de l’UE : Théoriquement possible, mais économiquement suicidaire à court terme. Orbán joue plutôt la stratégie de l’intérieur contre Bruxelles, en pesant sur les décisions européennes.

Rapprochement avec les BRICS : Stratégie d’équilibrisme géopolitique, utilisée comme levier de pression, mais pas comme réelle alternative de développement.

La Hongrie utilise sa position dans l’UE tout en tissant des liens avec les BRICS pour maximiser son autonomie, mais une rupture complète reste aujourd’hui improbable.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire