Le cinéma UGC Ciné Cité Les Halles de Paris est LE cinéma le plus fréquenté au monde. Près de trois millions de spectateurs l'an dernier. En 2025, il fête ses 30 ans. L'occasion de dresser un état des lieux du cinéma en France, avec Samuel Loiseau, directeur général des opérations d'UGC.
- Samuel Loiseau, directeur général des opérations des cinémas UGC en France et en Belgique https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/zoom-zoom-zen/zoom-zoom-zen-du-jeudi-19-juin-2025-5681157?fbclid=IwY2xjawLJI2ZleHRuA2FlbQIxMQBicmlkETFkMUNvcFVGYk1wbWZVUFR3AR6ye1ntIlssVT0PLEasj7xeZDmJHjnL5bsPL3Q-rOarTyuTtl5fNMpvIfsALg_aem_-rJ3rEBpAXfhn7UQ4ftONw
Avec près de 3 millions d'entrées en 2024, le cinéma Ciné Cité Les Halles de Paris du groupe UGC est le cinéma le plus fréquenté du monde. Il compte pas moins de 27 salles pour un total de 70 000 séances à l'année. Il fête ses 30 ans cette année. Ce cinéma est aussi la référence pour le démarrage des films. Chaque mercredi, jour de sortie des films, à neuf heures, une fiche des premières entrées est publiée. Dépasser les 100 entrées est plutôt de bon augure.
Cependant, malgré ces 3 millions d'entrées, les chiffres ne reviennent pas au niveau d'avant la pandémie
Tous les cinémas français, en 2024, ont cumulé un peu plus de 181 millions d'entrées. Ce qui reste très loin des 213 millions de 2019. Aussi, de janvier à juin 2025, dans le box office, il n'y a que 13 films dépassant le million d'entrées, dont seulement trois films français : Un p'tit truc en plus d'Artus, Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte et L'Amour ouf de Gilles Lellouche. Où en sont les cinémas en France ?
Zoom sur l'état des cinémas français, avec Samuel Loiseau, directeur général des opérations des cinémas UGC en France et en Belgique.
Un succès qui s'explique par plusieurs facteurs
Le record de fréquentation de l'UGC Les Halles n'est pas le fruit du hasard. Samuel Loiseau identifie plusieurs éléments clés : « Il y a 27 salles, il n'y a pas beaucoup de cinéma dans le monde qui ont autant de salles et qui permettent d'accueillir autant de spectateurs. Ensuite, la diversité de programmation est énorme. D'ailleurs, il n'y a qu'en France où il y a autant de divers films. 40 % des entrées dans notre pays sont des films français, c'est 20 % sur les films allemands en Allemagne, 20 % sur les films espagnols en Espagne. Donc, il y a 500 films par an qui sortent au Halle, ça aide à remplir les salles. Le cinéma propose en effet 500 films par an, ça aide à remplir les salles, et ce, avec des horaires étendus de neuf heures à plus de minuit, 7 jours sur 7, dans un des hubs de transports les plus gros au monde ».
La localisation stratégique au cœur de Paris et la forte proportion d'abonnés UGC illimité (près de la moitié des spectateurs) contribuent également à ce succès. « Ils payent 20 euros par mois pour aller au cinéma autant qu'ils veulent », explique le directeur, qui précise que les abonnés constituent un indicateur précieux pour évaluer les performances des nouveaux films. « Seuls 11 % des spectateurs payent le plein tarif. Le principe des tickets au cinéma, c'est que plus vous allez au cinéma, moins ça vous coûte cher. »
Le fameux "neuf heures des Halles", baromètre de l'industrie
Une tradition née il y a 30 ans fait de ce cinéma un véritable laboratoire pour l'industrie cinématographique. Samuel Loiseau raconte : « En 1995, quand les Halles ont ouvert, les distributeurs de films, ils étaient sur les Champs-Élysées où le cœur du cinéma français battait pour la séance de 14 heures. Ils sont passés aux Halles, devenues plus sûres le soir, pour évaluer la performance de leurs films. Ensuite, il y a eu l'instauration de la séance du matin. ».
Cette séance matinale du mercredi est devenue un indicateur fiable pour 90 % des films, même si elle fonctionne moins bien pour les productions très grand public qui cartonnent en province. Le directeur nuance : « Le neuf heures des Halles ne fonctionne que sur les films d'art essai, les films français. Mais pour les films très grands publics qui marchent mieux en régions, pour les spectateurs occasionnels, les gens qui ne vont qu'une à deux fois par an au cinéma, l'indicateur est moins fiable. »
Un secteur en mutation qui garde confiance en l'avenir
Malgré une baisse de 10% de la fréquentation sur les cinq premiers mois de 2025, Samuel Loiseau reste optimiste. Il attribue cette situation temporaire aux conséquences de la grève hollywoodienne : « La grève à Hollywood a fait que le temps de construction des films a été décalé et ce qui devait arriver en début 2025 va être décalé fin 2025, début 2026 ».
La 4DX expérience impressionnante où le siège bouge, où l'on projette de l'eau... Le directeur d'UGC mise sur l'innovation éditoriale pour réinventer le métier : « Une dimension très importante, c'est notre capacité à éditorialiser les films, à sélectionner les films, et à dire pourquoi et comment on les a sélectionnés ». Face à la concurrence des plateformes, il défend le modèle français de chronologie des médias qui protège les salles, estimant que « les films qui marchent le mieux sur les plateformes, sont des films qui ont très bien marché au cinéma ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire